Le caractère individuel d’Homère, disparaissant ainsi dans la foule des peuples grecs, il se trouve justifié de tous les reproches que lui ont faits les critiques, et particulièrement de la bassesse des pensées, de la grossièreté des mœurs, de ses comparaisons sauvages, des idiotismes, des licences de versification, de la variété des dialectes qu’il emploie ; enfin d’avoir élevé les hommes à la grandeur des dieux, et fait descendre les dieux au caractère d’hommes.
On conçoit, d’ailleurs, des degrés dans l’éclat d’une gloire nominale ; à côté des soleils, il y a place au firmament pour la poussière d’or des étoiles de dernière grandeur. […] Cependant on ne conçoit pas Milton descendant pour cela au rang d’astre de seconde ou de troisième grandeur dans la poésie anglaise. […] Personne n’a mis en un plus éclatant relief que l’auteur des Héros le rôle principal des individus dans l’histoire, la souveraine grandeur du génie, la force et la puissance de la volonté libre. […] Toujours et partout sa grandeur doit paraître, au lieu que « nous avons connu des temps qui appelaient assez fort leur grand homme, mais, hélas, ne le trouvaient pas quand ils l’appelaient ! […] Savourons un peu, il en vaut la peine, le paradoxe de Carlyle sur l’essence de toute grandeur vraie.
Alors on vit la culture la plus active étendre ses bienfaits sur cette belle et fertile contrée : non seulement ses plaines riantes et ses fécondes vallées furent couvertes de fruits, mais même le sol stérile et ingrat des montagnes fut forcé de payer un tribut à l’industrie du cultivateur ; et, sans reconnaître d’autre autorité que celle de sa noblesse et de ses chefs naturels, l’Italie était heureuse à la fois par le nombre et la richesse de ses habitants, par la magnificence de ses princes, par la grandeur et l’éclat imposant de plusieurs de ses cités… Abondante en hommes distingués par leur mérite dans l’administration des affaires publiques, illustres dans les arts et dans les sciences ; elle jouissait au plus haut degré de l’estime et de l’admiration des nations étrangères. […] La dignité de cardinal n’offre pas moins de tranquillité que de grandeur, d’où il arrive que l’on se livre à une sorte de négligence ; on croit avoir tout fait quand on s’est élevé à ce poste éminent et que l’on n’a plus rien à faire pour s’y maintenir, opinion aussi funeste à la vertu qu’à la véritable grandeur, et dont vous devez avoir grand soin de vous garantir ; sur ce point, il vaut mieux pécher par trop de défiance que de tomber dans l’excès contraire.
Il acheva sa vie dans une noble attitude, en grand homme désabusé : la fière douceur d’un universel renoncement consolait un peu son lourd ennui ; il lui restait une réelle amie, Mme Récamier, qui réunissait autour de lui, pour lui, dans son appartement de l’Abbaye au Bois, les gens les plus distingués ; il recevait de ce monde choisi par les soins d’une adroite femme le culte discret, lointain, fervent, qui convient aux grandeurs désolées. […] Il se donna toutes les joies, toutes les grandeurs, sans avoir besoin de personne : et il se sentit au-dessus de l’humanité. […] Le sublime de la forêt américaine, la grâce nette des montagnes grecques, la grandeur du cirque romain, le tohu-bohu bariolé du campement oriental, les ciels bas et brumeux de la Germanie et les riants soleils d’Italie, les architectures exquises et les vierges solitudes, toutes les formes que la nature et l’homme ont offertes à ses yeux, il a tout su voir et tout su rendre.
C’était Balzac, grand nom alors, vain nom aujourd’hui, dont il faut expliquer les fortunes si contraires et toutefois si méritées, le même bon sens public ayant fait sa grandeur et sa chute. […] Elles forment, à l’avantage de Balzac, contraste avec la sécheresse des lettres écrites de Rome et d’Italie par Montaigne, resté froid parmi ces grandeurs passées, qui remplissent l’imagination de Balzac. […] Or, au seizième siècle, un mélange de rudesse gauloise et de grandeur imitée de Plutarque, la licence propre aux temps où la violence et le danger rendent la vie précaire, la corruption de l’Italie en décadence, formaient les mœurs de la cour, sur laquelle se modelait la nation.
« Nous ne donnons pas Mme de Chevreuse, — dit-il nonchalamment, — comme un modèle à suivre, mais nous espérons (ajoute-t-il) que tant de grandeur d’âme, de constance, d’intrépidité, d’héroïsme bien ou mal employé, trouvera grâce pour des fautes que nous n’avons pas voulu dissimuler. » Mais on se lave en vain les mains dans la cuvette de Pilate. « Vous ne donnez pas », mais vous faites prendre ! […] Seulement, cette constance qui excuse, cette grandeur, cette intrépidité, on les cherche dans le livre de M. […] Cousin, qui veut lui donner la sombre grandeur d’un crime et qui prend une peine infinie à nous démontrer qu’elle était l’âme d’une conspiration, ayant pour objet l’assassinat de Mazarin.
La grandeur de Marc-Aurèle n’est que la grandeur d’une bêtise qui fut immense, et qui fît de lui, tout le temps qu’il régna, la plus pourprée et la plus imperturbable dupe qui ait jamais existé. […] Rien, au fond, n’est moins peintre que lui… Rien de moins grand historien, à l’ampleur puissante et tranquille, que ce ramasseur de commérages au détriment de la grandeur intrinsèque des hommes et des choses, que cette espèce de portier d’institut dans l’Histoire, qui « cancane » sur les choses historiques comme les autres portiers sur les choses de leur quartier.