Mme de Sévigné ne se lassait pas de louer cette « beauté de sentiments », cette « violence de passions », cette « grandeur d’événements », qui la faisaient tressaillir ou presque pâmer d’aise. […] Il doit à ses modèles mi peu de cet air de grandeur qui règne dans tout son théâtre. […] L’influence du cartésianisme — dont on verra que nous ne méconnaissons pas la grandeur — a-t-elle bien été ce que l’on croit ? […] Ce que le grand Corneille a le plus ignoré, c’est ce que Racine a le mieux connu, ce « cœur humain », mélange de grandeur et de bassesse, variable et changeant, éternellement agité d’inquiétude, mystérieux et profond, énigme irritante, insoluble et désespérante pour lui-même. […] Enfin, c’est au jansénisme et à son influence que le xviie siècle et sa littérature doivent cet aspect de grandeur et de sévérités morales qui les caractérisent.
Mais, enfant, pouvais-je avoir cette grandeur d’âme qui fait mépriser le mépris d’autrui ? […] Cette simplicité arrivait à la grandeur. […] Il aurait eu plutôt des indulgences et des faiblesses pour les vices d’en haut ; car il était pédant par la grandeur et jamais par la bassesse.
Enfin ils envoyèrent des députés qui, se présentant devant Crésus, lui parlèrent ainsi : « Ô roi, un sanglier d’une grandeur démesurée désole nos campagnes, et, malgré tous nos efforts, nous n’avons pu parvenir à le détruire. […] Il sentait la nécessité d’arrêter les Perses avant qu’ils eussent atteint toute leur grandeur, et voulait, s’il était possible, détruire une puissance qui s’accroissait chaque jour. […] Il leur indiqua la grandeur et la situation de cette pierre, et leur fit sentir qu’en gardant le secret pour eux, ils pouvaient à leur gré disposer des richesses du roi.
Cependant l’esprit de discipline a le dessus ; la raison domine en toutes choses l’imagination, et c’est cet admirable gouvernement des facultés qui fait la beauté des écrits et la grandeur personnelle des écrivains du dix-septième siècle. […] Où Fénelon recommande le simple, le naturel, l’aimable, Bossuet veut la grandeur des pensées et la majesté du style171. […] Cet homme, tombé de la toute-puissance qu’il avait exercée avec modération, exilé dans un coin de l’île de Samos, où il vit du travail de ses mains ; puis, par un retour de fortune, ramené en triomphe à Salente, où il retrouve la faveur du prince et la puissance, et ne s’en sert pas contre ses ennemis enfin se retirant dans une solitude, non pour s’y dérober à ses devoirs envers sa patrie qu’il continue à servir par ses conseils à Idoménée, mais pour échapper par l’obscurité à l’injustice et à l’envie ; cette création, que rendent vraisemblable certains exemples de la sagesse antique, reçoit de l’esprit chrétien, habilement caché sous une mise en scène grecque, une grandeur inconnue des héros comme des sages du paganisme.
Non, le romancier a toujours pris pour sujet, sinon le cerveau, du moins le cœur, c’est-à-dire l’ensemble des émotions et des sentiments humains ; le romancier, qu’il le veuille ou non, sera toujours un psychologue ; seulement, il peut faire de la psychologie complète ou incomplète, il peut rapetisser le cœur humain ou le voir de grandeur naturelle. […] » Buffon demande aussi aux animaux et aux plantes : — Avez-vous de la grandeur, de la proportion, de l’élégance ; avez-vous, en un mot, le decor des Latins ? […] Leur importance, leur grandeur pour la pensée, leur place dans la perspective générale dépend ainsi de la quantité et de la qualité des idées ou sentiments qu’ils éveillent.
Or la position est donnée par un système de grandeurs fixes, et le mouvement s’exprime par une loi, c’est-à-dire par une relation constante entre des grandeurs variables ; mais la forme est une image, et quelque ténue, quelque transparente qu’on la suppose, elle constitue encore, en tant que notre imagination en a la perception visuelle pour ainsi dire, une qualité concrète et par suite irréductible de la matière. […] Mais déjà la physique cartésienne pourrait s’interpréter dans un sens analogue ; car, si la matière se réduit, comme le veut Descartes, à une étendue homogène, les mouvements des parties de cette étendue peuvent se concevoir par la loi abstraite qui y préside ou par une équation algébrique entre des grandeurs variables, mais non pas se représenter sous forme concrète d’images.
Son objet est d’incarner l’idée. » Le Christ, pour pénétrer ses disciples de sublimes vérités, usa de paraboles par où sa doctrine sainte s’éclaire et se penche vers les humbles sans abdiquer sa grandeur. […] Pour combattre par une naïveté l’ironie facile, je me hâte d’ajouter que la grandeur du cadre n’a rien à voir avec la grandeur de l’œuvre.