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515. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Avant de nous occuper de l’œuvre entière de Léon Gozlan, de ce conteur raffiné auquel nulle critique, à ma connaissance, n’a assigné encore sa vraie place dans la littérature de ce siècle, avant cet examen exclusivement littéraire, pourquoi ne risquerions-nous pas quelques mots sur le genre d’homme qui doublait l’auteur en lui, et qui était pour le moins l’égal de l’auteur ? […] Il se fait compter par le genre de talent qui y brille, et qui, plus qu’un autre, impliquerait, pour produire, la nécessité du temps. […] Il est évident que ce genre d’esprits, qui entendent, d’ailleurs, presque toujours les choses sociales : la notion qu’on se fait de Dieu impliquant tout le reste, l’emportent, et de beaucoup, sur les esprits qui ne se préoccupent que des problèmes terrestres de la vie, et ne songent qu’à tirer — extraction sublime, néanmoins !  […] Composition, architecture, genres qu’on croit éternels et qui tout à coup s’en vont en mille miettes, toutes les formes littéraires finissent par mourir.

516. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Quelques-uns sont célèbres, et suffiront à donner une idée de ce genre d’exercice. […] Ce genre est faux. […] Zola est encore le roi du genre. […] On voit le genre. […] C’est un genre facile dont l’effet est sûr.

517. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Camille Lemonnier a touché à tous les genres ou presque, histoire, géographie, critique d’art, etc. […] Son tempérament ne le disposait à aucun genre bien particulier. […] Maizeroy relève aussi du genre. […] Sœur Doctrouvé est la merveille du genre. […] Les romanciers du genre de M. 

518. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

En second lieu, il s’est expliqué si souvent lui-même en faveur de la bonne & vraie Comédie, contre celle à laquelle il a sacrifié, qu’un jugement si désintéressé n’est propre qu’à lui procurer une double gloire, l’une d’avoir fait les deux meilleures Pieces d’un genre qu’il condamne lui-même, l’autre de savoir rendre hommage aux regles & au goût. […] Quoique ces deux Pieces soient bien éloignées de ressembler à nos Drames langoureux & romanesques, les sentimens particuliers que ce Poëte a fait connoître en plusieurs occasions, doivent le rendre sensible au reproche d’avoir contribué, par ses talens, à accréditer un genre que ses lumieres réprouvent.

519. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Tite-Live en a fait naïvement l’aveu : « S’il doit être permis à un peuple, dit-il, de rendre son origine plus auguste en la rapportant aux dieux, telle est la gloire militaire du peuple romain, que lorsqu’il lui plaît de se donner le dieu Mars pour père, le genre humain le souffre comme il a souffert sa domination22. » J’admire cette fierté patriotique ; mais le genre humain affranchi de Rome ne s’accommode plus de ce que souffrait le genre humain sujet de Rome, et pour chaque nation, comme pour chaque ville, la seule origine glorieuse est la vraie. […] Cependant, le mot de roman appliqué à ce livre ne lui ferait pas tort, si l’on entendait caractériser par là plus vivement le tour dramatique que Voltaire lui a donné, et le genre de plaisir qu’on y prend. […] Il y a d’autres historiens pour nous donner les suprêmes beautés du genre, les motifs secrets des actions, le fond des affaires et des cœurs, et cette science de la vie humaine dont nous sommes plus curieux à mesure que la nôtre s’écoule ; mais aucun n’a possédé plus que Voltaire le don de peindre et d’être expressif en restant simple. […] Gil Blas est Français par ce genre d’esprit finement moqueur dont nous jugeons tout ce qui n’est que fausse apparence et mérite d’enseigne. […] La devise du dix-huitième est : Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux ; maxime qui mènera loin, qui fera craindre à l’auteur de l’Esprit des lois d’être trop sérieux, à Buffon d’être trop savant ; qui persuadera à bon nombre de gens que tout ce qui les amuse est bon, et que le genre de Pascal et de Bossuet n’est pas bon, puisqu’ils s’y ennuient.

520. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Quant aux modernes, il est très vrai que tous n’ont pas su éviter les deux écueils du genre : obscurité, banalité. […] Blass, Reinach, Lindsay, dans leurs opuscules signalés en note, mentionnent plusieurs tours de force du même genre, d’une parfaite élégance. […] Que de comptes rendus de séances de tout genre publiés par des reporters qui n’y ont pas assisté ! […] On doit donc se demander : à cette époque et dans ce groupe d’hommes avait-on l’habitude de mettre par écrit des faits de ce genre ? […] L’histoire de la littérature nous a habitués à des recherches de ce genre.

521. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

J’ai trouvé dans les notes manuscrites de la bibliothèque de Troyes une inculpation du même genre, mais provenant d’une source toute janséniste1. […] Il semble être né exprès pour justifier le mot de Cicéron : « Summa autem laus eloquentiae est, amplificare rem ornando… Le comble et la perfection de l’éloquence, c’est d’amplifier le sujet en l’ornant et le décorant. » Il est maître unique dans ce genre d’amplification que Quintilien a défini « un certain amas de pensées et d’expressions qui conspirent à faire sentir la même chose : car, encore que ni ces pensées ni ces expressions ne s’élèvent point par degrés, cependant l’objet se trouve grossi et comme haussé par l’assemblage même ». […] Il n’est pas donné à tous les esprits de sentir et de goûter également ce genre de beautés et de mérites de Massillon : il en est, je le sais, qui le trouvent monotone, sans assez de relief et de ces traits qui s’enfoncent, sans assez de ces images ou de ces pensées qui font éclat. […] L’action, il faut bien se le dire, ne saurait être dans un sermon ce qu’elle est dans les autres genres de discours ; le mouvement ne saurait, sans inconvenance ou sans bizarrerie, y franchir certaines limites qu’il est admirable de savoir toujours atteindre sans jamais les dépasser. […] Massillon, dans notre littérature, est l’auteur le plus parfait en ce genre de période harmonieuse.

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