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305. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Littré père garda, sous l’Empire et la royauté constitutionnelle, le culte de la Révolution. […] En cet ordre d’idées, il faut se garder d’un parti pris ; il est bon de varier ses points de vue et d’écouter les bruits qui viennent de tous les côtés de l’horizon. […] Mais laissons là ces amères pensées ; car il est quelque chose que nous gardons de lui : ce sont les leçons qu’il nous a données, cet ardent amour du droit et de la vérité, qui ont été l’âme de sa vie.

306. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il convient de ne pas négliger non plus ces petites Frances du dehors, où l’on parle français, mais où l’on pense suisse ou belge, et dont les produits gardent par là même un goût prononcé de terroir ; elles ont leur originalité, par conséquent leur action propre, et, en sus, elles sont comme des jardins d’acclimatation où les idées des peuples voisins font halte et se francisent à demi avant de s’introduire en France ; elles sont nos initiatrices ordinaires aux littératures étrangères. […] Après 1870, la France a considéré l’Allemagne tantôt comme une rivale à laquelle on pouvait utilement emprunter des armes ou des méthodes, tantôt comme une ennemie dont il était nécessaire de se garder et agréable de contrecarrer les goûts. […] Dans le nôtre surtout, une foule d’auteurs gardent la trace de ce commerce avec les maîtres qu’ils se sont donnés.

307. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Pour s’en garder une bonne fois, il avait placé parmi les portraits de ses ancêtres deux vieilles figures d’homme et de femme ; au bas de l’une était écrit : Adam de Stanhope ; et au bas de l’autre : Ève de Stanhope. […] Je me garderai bien de le prendre au mot sur cette anecdote. […] Chesterfield craignait le ridicule, c’était un faible, et il garda le silence plus qu’il n’aurait voulu en certaines occasions, de peur de prêter à la parodie de son collègue et contradicteur.

308. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle n’a pas adopté ni rejeté en entier ce plan, mais elle a tout à fait gardé l’esprit de la maxime. […] Bien des gens eussent été capables de donner une vache ou même deux ; mais de garder la laitière ingrate ou négligente, malgré sa mauvaise crème, c’est ce qu’on n’eût pas fait. […] Tout en soutenant de ses libéralités l’Encyclopédie, elle avait toujours gardé un fond ou un coin de religion.

309. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Bazin a paru digne de garder son rang après M.  […] Il paraît avoir aimé cette profession, où il conquit l’estime et se fit considérer ; il en garda quelques amis de jeunesse, parmi lesquels on me cite MM.  […] Si elle avait encore gardé un peu de la façon académique et presque rhétoricienne dans les débuts de son Histoire 35, elle n’offre plus, sous cette forme de critique, qu’une correction, élégante, où le piquant de l’esprit domine.

310. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Notre prose s’y montre déjà avec des qualités simples, droites et naturelles qui lui resteront acquises, et avec des tons de grandeur épique qu’elle ne gardera pas toujours. […] En lisant les mémoires historiques qu’on avait depuis François Ier, il conçut presque dès l’adolescence, l’idée de consigner par écrit à son tour et de faire revivre après lui tout ce qu’il verrait, avec la résolution bien ferme d’en garder, sa vie durant, le secret à lui tout seul, et de laisser dormir son manuscrit sous les plus sûres serrures ; prudence rare dans un jeune homme, et qui est déjà un grand signe de vocation. […] Mais, ici, l’Hippocrate ne sait pas garder son sang-froid ; il laisse échapper la joie qu’il y prend et à quel point sa curiosité se délecte ; il s’écrie, en présence de cette multitude de sujets de son observation : La promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes à la faveur de ce premier trouble de surprise et de dérangement subit, la combinaison de tout ce qu’on y remarque, l’étonnement de ne pas trouver ce qu’on avait cru de quelques-uns, faute de cœur ou d’assez d’esprit en eux, et plus en d’autres qu’on n’avait pensé, tout cet amas d’objets vifs et de choses si importantes forme un plaisir à qui le sait prendre, qui, tout peu solide qu’il devient, est un des plus grands dont on puisse jouir dans une cour.

311. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

La jeune personne gardait toujours une pension de 600 livres de la reine, et en 1639 elle mérita, pour sa beauté et sa bonne réputation, d’être mariée à M.  […] Par cette droiture de procédé, elle se fait tort auprès du ministre ; mais la reine a dans le cœur assez d’élévation pour lui pardonner ces témoignages de probité et, la première froideur passée, pour ne pas lui en garder de rancune. […] Mme de Sénecé, que le cardinal avait jusque-là maltraitée et qui faisait la haute, est choisie par lui pour garder ses nièces lorsqu’elles arrivent d’Italie, et la voilà tournée en un jour : Tel paraît vaillant contre le favori qui, au moindre adoucissement de sa part, devient poltron ; et d’ordinaire cette hauteur se termine à une véritable bassesse que la rage d’en avoir été méprisé lui a fait colorer de générosité, de vertu et d’amour du bien public.

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