Non seulement il s’est gardé de flatter la bête qui est toujours prête à s’éveiller dans tout homme et aussi dans toute femme, mais encore il a fait de sa chanson une chose vraiment morale.
Et de l’emploi de ce moule sévère, indispensable au début, il a gardé l’habitude d’enserrer la pensée dans une forme étroite et exacte, de ne point se laisser aller, comme y invite le vers libre, à ajouter au thème principal des ornements inutiles.
On estime principalement ses Madrigaux, qui tous approchent de l’Epigramme par la subtilité de la pensée, ce que nous nous gardons bien de donner pour un éloge.
Je ne puis vivre en l’état où je suis, et je n’ai plus à garder ni mesure, ni bienséance. — Je savois que son mari avoit deux enfants encore jeunes, d’une première femme, et je m’allai mettre dans l’esprit de feindre que j’étois de ces précepteurs libertins qui courent, le monde. […] Quand je me fus mis le plus décemment que je pus, mon homme, prenant mon cheval, se retira du côté de la ville, et je demeurai seul avec un petit sac de hardes que je portai sous mon bras jusqu’à une ferme proche de la maison, et je priai la fermière de me le garder. […] monsieur, m’écriai-je, il s’en faut bien garder ; ces termes sont si scandaleux, qu’ils feroient condamner la chose du monde la plus honnête et la plus sainte. — Aussi n’usé-je de ces mots, me dit-il, que pour m’accommoder au langage de certaines gens qui donnent souvent le nom de vice à la vertu, et celui de vertu au vice. […] Nous devons quelque chose aux coutumes des lieux où nous vivons, pour ne pas choquer la révérence publique, quoique ces coutumes soient mauvaises ; mais nous ne leur devons que de l’apparence : il faut les en payer et se bien garder de les approuver dans son cœur54, de peur d’offenser la raison universelle qui les condamne. […] Il n’en est pas ainsi de cette qualité si rare ; on se doit bien garder de dire qu’on est honnête homme, quand on le seroit du consentement des plus difficiles… On ne trouve que fort peu de ces excellents maîtres d’honnêteté, et l’on n’en voit point qui se vantent de l’être. » (Discours de la vraie Honnêteté, Œuvres posthumes.)
Le cardinal Cornaro le recueillit, le fit guérir et le garda dans une chambre secrète du palais. […] Il n’y avait aucun soldat pour le garder. […] Pier Luigi lui demanda pardon des persécutions qu’il lui avait fait subir à Rome sous le pape son père, et lui proposa de le garder à Ferrare pour travailler à l’embellissement de cette ville. […] Il l’approuva beaucoup, et me dit qu’il s’en occuperait ; et, après un peu de réflexion : Au reste, ajouta-t-il, nous nous sommes accordés, le duc d’Urbin et moi, et c’est à lui à s’en charger ; mais gardez-en le secret ; je vous remercie de votre zèle. […] À ces paroles pleines de courroux, il me dit avec plus de colère encore : Gardez-vous bien de partir !
Pendant l’été, il empruntait un asile champêtre à quelqu’un de ses amis, fiers de garder sous leur toit un représentant du désintéressement antique. […] Il ne paraît pas les avoir supposées ; du moins la convenance y est parfaitement gardée. […] Suivant Charès, ce philosophe fut gardé sept mois aux fers, parce qu’Alexandre avait dessein de le faire juger devant un tribunal en présence d’Aristote, c’est-à-dire lorsque ce prince aurait été de retour dans la Grèce. […] On aura nécessairement constitué dans l’État deux États ennemis l’un de l’autre : car, des laboureurs et des artisans, on aura fait des citoyens ; et, des guerriers, on aura fait des surveillants chargés de les garder perpétuellement. […] Il est cependant très évident que sa qualité natale de sujet d’un roi comme Philippe, et de précepteur d’un héros-roi comme Alexandre, font garder à Aristote des ménagements discrets pour la royauté.
Il a cherché, cependant, à ce que cette transposition gardât le sens total du drame Wagnérien : son premier souci a été l’exactitude des signification générales, — sans être littérale, sa version est, en somme, fidèle ; c’est pour être plus exact qu’il s’est abtenu de versifier son texte ; enfin, dans le style, tout en se tenant à la grammaire et au dictionnaire usuels, il a voulu la plus grande simplicité. […] Tandis que la plupart des esprits gardaient un nombre égal d’égales notions, quelques-uns, privilégiés par des circonstances séculaires, subissaient plus vivement et plus rapidement la loi de l’hétérogénéité croissante. […] Leur esprit gardait un calme noble et sage : ils ignoraient l’amour sentimental (la famille même) les fièvres mortelles des chagrins, et la maladie et la misère qui causent l’émotion. […] Par l’admirable génie de Platon ils l’obtinrent, et nous avons gardé l’éblouissement de cet art divin. […] Pour qu’un littérateur puisse faire des mots nouveaux, et les faire compréhensibles, il faut que la grammaire et la langue soient rigoureusement fixées, et que les mots existants gardent un sens précis.