D’autres disciples allèrent plus loin dans la connaissance de leur maître et ils surent que pour arriver à la vie bienheureuse ― qui comme dans Sénèque comporte beaucoup d’or et beaucoup de pourpre ― il faut plaire, et que pour plaire il faut avoir l’air de faire coïncider sa pensée avec l’émotion générale. […] On pouvait, après ce premier livre, attendre une suite d’études dans le même ton de sincérité et de détachement ; l’ironie sans doute se serait accentuée et, portant sur des faits plus généraux, aurait donné aux analyses une force plus convaincante. […] Schwob a dit là-dessus des choses que je veux déclarer définitives, ceci par exemple : « L’art est à l’opposé des idées générales, ne décrit que l’individuel, ne désire que l’unique. […] Général vainqueur, il tue l’Empereur et s’empare du trône. […] Car, tandis que, dans la série des notions générales, positivisme prenait le sens, tout moderne, de réalisme philosophique, pour les adeptes, le mot gardait un sens religieux, sentimental et presque amoureux.
Contre cette tendance, qui n’est pas particulière à tel ou tel pays, et qui semble fâcheusement résulter des conditions générales de la vie moderne, M. […] Le meilleur représentant du genre, qui est sans doute Pierre Dupont, n’échappe pas à ce reproche général. […] Dans cet amour général, dans cette inspiration commune, n’y a-t-il pas des nuances diverses ? […] Mais une formule comme celle qui suit a une valeur générale : « Le but de l’art est presque divin ; ressusciter, s’il fait de l’histoire ; créer, s’il fait de la poésie. […] Traité des Passions, article 211, « Un remède général contre les passions ».
Chimène touche bien plus comme amante que comme fille ; sa tendresse pour Rodrigue est d’un goût bien plus général que son zèle pour son père : l’une est le résultat de la passion, l’autre l’effet du devoir ; ce devoir paraît triste, importun, rigoureux, dès qu’il s’oppose aux mouvements du cœur. […] Un général vainqueur qui commettrait involontairement un crime capital, et se verrait traduit du champ de la victoire à un tribunal criminel, n’exciterait-il pas notre pitié ? […] Il court à sa perte, lorsqu’il croit aller à la fortune : il est bon de nous offrir des exemples de ces funestes calculs, dans le temps surtout où l’ambition, plus exaltée par les circonstances, se livre davantage à d’affreuses spéculations, et se flatte de fonder sa puissance sur le malheur public et le bouleversement général. […] Après les fautes de grammaire, qui sont le premier objet de l’attention du critique, le reproche le plus grave et le plus général qu’il fasse à Corneille est de manquer d’intérêt : il aurait dû définir ce qu’il entend par intérêt. […] Quand Nicomède ne se trouverait pas du goût général, on ne pourrait encore en rien conclure ni contre Corneille ni pour son commentateur.
C’est la tendance de toutes les sciences de se résumer en quelques propositions générales dont le reste puisse se déduire. […] D’une manière générale, d’ailleurs, ils reconnaissent quelle force défensive est la vie. […] Mais pour combien n’entre pas dans ce charme la personne du général comte, du grand seigneur qui, avant de tenir la plume, a tenu l’épée ! […] Et il ne se contente pas de les décrire en traits généraux, rien n’étant plus éloigné de son talent que l’ample rhétorique. […] Avec la « vie générale » ?
Si nous réussissions à souhait et selon tout notre idéal, un bon nombre de ces articles médiocrement sévères et de ces portraits ne seraient guère autre chose qu’une manière de coup d’œil sur des coins de jardins d’Alcibiade, retrouvés, retracés par-ci par-là, du dehors, et qui ne devraient pas entrer dans la carte de l’Attique : cette carte, c’est, par exemple, l’histoire générale de la littérature, telle que la professait ces années précédentes et que l’écrira bientôt, nous l’espérons, notre ami Ampère, ou quelqu’un de pareil. […] » Elle se moque juste comme Boileau en son temps faisait du Wahal ou du Leck, et des généraux du pays avec leurs noms tudesques : Wurts… Ah ! […] Une bonté générale ne serait pas capable peut-être de nous faire avoir assez de soin de ceux qui nous environnent, et Dieu a voulu que nous les aimassions, afin que nous pussions trouver un plaisir réel à leur faire du bien, même lorsqu’ils ne sont pas assez malheureux pour exciter notre compassion. […] On devrait l’établir Inspectrice générale des écoles de la République française. » — L’Adèle de Sénange y est fort louée.
Voilà leur défaut : ils sont réalistes, même avec la perruque classique ; ils ne déguisent pas le laid et l’ignoble ; ils les marquent avec leurs contours exacts et leurs arêtes tranchantes ; ils ne les enveloppent pas du beau manteau des idées générales ; ils ne les couvrent pas sous les jolis sous-entendus de société. […] Cet art, qui est le propre de l’âge classique, est celui d’exprimer les idées générales moyennes. […] Il y montre que Dieu a fait tout pour le mieux, que l’homme est borné et ne doit pas juger Dieu, que nos passions et nos imperfections servent au bien général et aux desseins de la Providence, que le bonheur est dans la vertu et dans la soumission aux volontés divines. […] Il est amateur du réel ; il a l’imagination précise, il n’aperçoit pas les objets en gros par des vues générales, mais un à un, chacun avec tous ses contours et tous ses alentours, quel qu’il soit, beau ou laid, sale ou propre.
Oui, plus ne nous importe que Wagner, comme Beethoven, comme Goethe, comme Mozart, comme Weber, ait prêché la guerre contre nous, l’ennemi ; mais encore nous importe cette chose, non admise par Weber, ni par Mozart, ni par Goethe, ni par Beethoven, ni par les généraux allemands vainqueurs et respectueux de nos soldais, admise par Wagner, l’insulte au vaincu. […] Quant à l’œuvre même, qui tient quarante pages in-8°, nous ne faisons que l’analyser et en indiquer le plan et l’esprit général. […] Jubilation générale. […] Le moraliste ne peut pas chercher une indication plus précise du devoir commun : à peine, ensuite, ranger, dans une formule générale, les désirs les plus fréquents autour de lui.