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141. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Je n’y fus pas plus tôt arrivé que je me vis assiégé d’une foule de coupables amours, qui se présentaient à moi de toutes parts… Un état tranquille me semblait insupportable, et je ne cherchais que les chemins pleins de pièges et de précipices. […] Les autres traités de Tertullien, en particulier ceux de la Patience, des Spectacles, des Martyrs, des Ornements des femmes, et de la Résurrection de la chair, sont semés d’une foule de beaux traits.

142. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

On va voir en foule un spectacle des plus affreux que les hommes puissent regarder, je veux dire le supplice d’un autre homme qui subit la rigueur des loix sur un échaffaut, et qu’on conduit à la mort par des tourmens effroïables : on devroit prévoir néanmoins, supposé qu’on ne le sçut pas déja par son experience, que les circonstances du supplice, que les gemissemens de son semblable feront sur lui, malgré lui-même, une impression durable qui le tourmentera long-tems avant que d’être pleinement effacée ; mais l’attrait de l’émotion est plus fort pour bien des gens que les reflexions et que les conseils de l’experience. Le monde dans tous les païs va voir en foule les spectacles horribles dont je viens de parler.

143. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Belle, humble, inclinée vers le pavé du temple, loin derrière la foule de ses compagnes, elle prie à voix basse. […] La foule se presse, on ne l’entend pas. […] Des dieux auxquels on a cessé de croire, des héros dont les exploits et les amours sont des fables, des mœurs dont les descriptions nous semblent des inventions étranges du poète au lieu du portrait ressemblant de la civilisation que nous avons sous les yeux, tout cela intéresse peu le vulgaire des lecteurs ; le savant seul s’y plaît, mais la foule se détourne et court aux légendes et aux complaintes des chanteurs de rues ; de là un triste abaissement du niveau de l’imagination du peuple. […] L’heure du soir allonge l’ombre des maisons sur la rue ; la foule rentre escortant la colonne fugitive. […] Quand j’accompagnais à Strasbourg le jeune baron, nous étions habitués à sortir en voiture, et tous les jours le char conduit par moi passait sous la porte sonore, et courait au loin dans la plaine, sous les tilleuls, à travers les chemins poudreux et la foule animée des promeneurs.

144. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

À la suite des maîtres une foule d’écrivains, nés avec des talents divers, se jetèrent dans l’histoire de la littérature, séduits par l’espoir d’un succès facile et par la possibilité d’un éditeur. […] La foule triomphe de retrouver ses opinions sous une plume ingénieuse. […] Il y a presque toujours deux choses dans un système, une idée vraie qui le fait naître, une exagération qui le fait remarquer et amasse la foule autour de lui. […] Pas un ouvrage ne doit paraître dans la région spéciale qu’il surveille, sans que, comme une vigie fidèle, le reviewer ne le remarque et, au besoin, ne le signale : or, on sait quelle foule de livres se pressent aujourd’hui aux portes de la publicité. […] Faisons du bruit au milieu du bruit et la foule deviendra attentive.

145. (1881) Le naturalisme au théatre

La foule est gagnée et la scène se trouve libre à toutes les tentatives. […] Il parle, les foules le reconnaissent et s’inclinent. […] Rien n’est moins littéraire qu’une foule, voilà ce qu’il faut établir en principe. Une foule est une collectivité malléable dont une main puissante fait ce qu’elle veut. […] Qu’un écrivain écoute la foule, elle lui criera sans cesse : « Plus bas !

146. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Et n’est-ce pas, ici, plutôt un cri perdu, une inutile acclamation, qui disparaissent dans la pieuse et immense rumeur des foules ? […] Le théâtre, le roman le poème, qui s’étaient faits coterie, redeviennent foule. […] quelle nostalgie… Des foules enthousiastes se précipitent vers des gouffres de lumière, empressées à se fortifier aux généreuses moelles de M.  […] Et tous ces bonheurs qui m’arrivaient en foules pressées et joyeuses, je les ignorais. […] C’est vague, c’est souverain sur l’esprit des foules et cela contente tout le monde.

147. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Cette foule d’écrivains calomniateurs émoussent jusqu’au ressentiment qu’ils inspirent ; ils ôtent successivement à tous les mots dont ils se servent, leur puissance naturelle. […] Jetez les yeux sur une foule nombreuse ; combien de fois ne vous arrive-t-il pas de rencontrer des traits dont l’expression amie, dont la douceur, dont la bonté vous présagent une âme encore ignorée, qui entendrait la vôtre, et céderait à vos sentiments ! […] cette foule vous représente la véritable nation.

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