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530. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Ernest Feydeau se plie à toutes les formes et reçoit, en les dégradant un peu, toutes les teintes. […] Feydeau, parce qu’il y a d’autres reproches plus vrais à faire à son livre, — au fond comme à la forme de son livre, — et que nous les lui ferons. […] Voici pour sa forme maintenant. […] Tel est cependant, pour le fond et la forme, tout le livre de M.  […] Fanny sera le niveau de cet esprit qui répète actuellement Fanny par la forme, et qui, par l’idée, n’y ajoute pas.

531. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Ce ne furent pas des discussions d’école sur la forme, le style, ou des questions techniques. […] Émile Zola a donné au roman sa forme définitive, il lui a imposé des règles précises et harmonieuses. […] Il a donné au roman sa forme définitive, impersonnelle et harmonieuse. […] C’est le perpétuel effort du chaos pour limiter les formes et les différencier à l’infini. […] Cela est provenu surtout de la forme.

532. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Selon lui, la préférence accordée à la forme sur l’esprit constitue la superstition, tandis que la préférence inverse constitue le mysticisme. […] Un système religieux ne peut-il pas être très-absurde avec des formes extérieures très-simples ? […] Il poursuit ingénieusement l’identité de l’idylle sous la diversité des formes ; il se plaît même à la ressaisir, agrandie et ennoblie, jusque dans le cadre des épopées. […] Et pour le style, soit en prose, soit en vers, pour la forme de l’expression, que de soins, que de scrupules ! […] A cet endroit des formes périodiques, Grouvelle prête, je le crois, à M.

533. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Rossignol en vient à l’appréciation littéraire, et le coup d’œil qu’il jette sur la composition d’une seule églogue le mène aux considérations les plus intéressantes sur ce genre même de poésie, sur ce qu’étaient sa forme distincte et son rhythme particulier chez les Grecs, sur ce qu’il devint, chez les Romains, déjà moins délicats d’oreille, et qui se contentèrent d’un à peu près d’harmonie. […] La forme dans laquelle il a reproduit et comme enchâssé à plaisir ces images, ces comparaisons pastorales, est sans doute ravissante de douceur et d’harmonie, et c’est là ce qui a fait la fortune des Bucoliques. […] Rossignol, ne séparez pas cette forme du fond ; ou, si vous l’oubliez un instant, si vous parvenez à écarter cette molle et suave mélodie pour ne vous attacher qu’à la pensée, vous serez frappé du défaut d’unité dans le lieu et dans le sujet, du vague de la scène, et du caractère bien plus littéraire que réel de ces bergeries. C’est une des causes, entre tant d’autres, qui rend la traduction des Bucoliques impossible et presque nécessairement insipide ; car ce charme de la forme s’évanouissant, il ne reste rien de nettement dessiné et qui marque du moins les lignes du tableau.

534. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Cependant, par une défaillance peut-être de la volonté, cela ne va pas toujours jusqu’à l’ininterrompue continuité des formes, jusqu’à leur cohésion décisive en l’unité du livre ou même de chaque poème, — j’y ai fait allusion en même temps qu’à sa tendance vers l’allégorie ; et, marquée d’un défaut qu’on dirait contraire, cette expression rigoureuse et sûre peut amener de la monotonie. […] Stéphane Mallarmé, M. de Régnier n’a voulu borner à la forme ses désirs ; il est, pour penser ainsi, trop poète. […] Pour lui, le sens des belles formes n’a pas dû être, comme chez d’autres, développé par l’étude, la comparaison, la « mesure » de toutes choses qui se fait en nous vers l’adolescence ; il a compris sans doute l’eurythmie aux premiers mots qu’il ouï prononcer, au paysage dont s’éblouit son regard d’enfant. […] Pour tout ce qui est forme, M. de Régnier ne doit se défier que de sa facilité même, si elle est bien telle que je l’ai supposée ici — et rendre parfait ce qui l’est presque.

535. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Il a essayé de cacher le secret de son âme, le rayonnement de son opinion intime, sous une forme impartiale et dégagée, et à l’instant même le livre qu’il a écrit a perdu tout caractère, et l’ancien talent de Ranke, on se demande… où il a passé ? […] On voit à travers l’impartialité de sa forme, — cette cotte de mailles à chaque maille faussée ! […] Sur ces points vitaux, le fond emporterait nécessairement la forme, et nous savons trop où il l’emporterait. […] Nous laisserons donc là notre appréciation historique, et, acceptant tout entier Léopold Ranke pour ce qu’il est sous une forme vainement désintéressée, nous dirons que, littéralement et au point de vue du talent, nous préférons de beaucoup vingt pages d’Agrippa d’Aubigné sur les événements de son époque, à toute cette histoire inanimée de Ranke.

536. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

. — Incapables de se créer par l’intelligence des formes abstraites, ils en imaginèrent de corporelles, et les supposèrent animées d’après leur propre nature. […] Sous les gouvernements aristocratiques, la cause (c’est-à-dire la forme extérieure) des obligations consistait dans une formule où l’on cherchait une garantie dans la précision des paroles et la propriété des termes113. […] Enfin la raison humaine ayant pris tout son développement, le certain alla se confondre avec le vrai des idées relatives à la justice, lesquelles furent déterminées par la raison d’après les circonstances les plus particulières des faits ; formule éternelle qui n’est sujette à aucune forme particulière, mais qui éclaire toutes les formes diverses des faits, comme la lumière qui n’a point de figure, nous montre celle des corps opaques dans les moindres parties de leur superficie.

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