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1659. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Combien de fois, en voyant les nuages s’élever du fond des vallées et monter en rampant sur le flanc des rochers jusqu’à la cime où nous étions, n’avons-nous pas recherché dans leurs oscillations les présages heureux ou malheureux d’un ciel couvert ou serein ! […] Voilà les caractères et les défauts que je pourrais appuyer et démontrer par maint exemple : mais, à côté de cela, on sent l’homme compétent et supérieur quand il parle du fond des sujets ; on s’efforce de le comprendre et de le suivre, et on y parvient avec quelque application.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

On peut appliquer à M. de Meilhan ce que lui-même a dit quelque part de La Rochefoucauld et de ce besoin de tout expliquer par l’amour-propre : M. de La Rochefoucauld est peut-être un peu suspect ; il est comme ces médecins qui, dans toutes les maladies, voient celle qu’ils ont le plus particulièrement étudiée ; mais enfin il a des traits de lumière qui pénètrent jusqu’au fond du cœur, et je lui dois en partie de me connaître. […] M. de Meilhan paraît compter, pour varier la monotonie, sur quelques petites guerres encore, sur trois ou quatre banqueroutes ; mais ces accidents qu’il prévoit ne lui paraissent pas de nature à régénérer suffisamment le fond social ni à en dérider la surface : Quelle ressource, se demande-t-il, aura donc alors l’esprit humain agité par son énergie, pour se manifester ?

1661. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le président Jeannin, amateur de la paix et sachant qu’au fond c’était aussi la politique de Henri IV, sut dissimuler dans l’origine et ne pas donner son dernier mot : Il était, a dit Grotius, si puissant en paroles et tellement maître des mouvements de son visage, que, quand il cachait le plus ses sentiments, il semblait toujours qu’il parlât à cœur ouvert (Vultus autem sermonisque adeo potens, ut cum maxime abderet sensus apertissimus videretur). […] En se rapprochant donc tant qu’il le peut de Barneveld, qui est au fond l’oracle des Pays-Bas et « celui qui conduit la barque comme il lui plaît », Jeannin ne se livre pas à lui : mais il a soin « de s’avancer plus ou moins du côté de la paix ou de la guerre suivant les occurrences ».

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Sur ce fond tout uni et qui s’est dessiné en nous sans qu’on y pense, se viendront ensuite placer les scènes piquantes des divers témoins, les anecdotes et les aventures ; mais le tous-les-jours, ce qui fait qu’on se souvient d’une époque non par saillie et fantaisie, mais par cette imagination positive qu’on appelle la mémoire, c’est à lui plus qu’à tout autre qu’on l’aura dû. […] Lui et son frère l’abbé, qui fut également de l’Académie française et très bon grammairien, ils étaient au fond et par le cœur des gens de lettres plus qu’il ne semblerait2.

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Enfin, il manquait surtout un Virgile, c’est-à-dire ce génie à la fois imitateur, inventif et composite, qui, venu à l’heure de la maturité d’une langue et de la domination universelle d’un peuple, fond et combine toutes choses, souvenirs, traditions et espérances, avec un art intérieur accompli, dans un sentiment présent et élevé. […] Mais ce qui frappe, c’est qu’il met Virgile et Claudien bout à bout ; il les coud, il les accole et ne les fond pas ; ce n’est pas un tissu qu’il fait, c’est un placage.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

J’ai de tout essayé, jusqu’à tirer ma quenouille du fond de son étui où je l’avais depuis mon départ du Cayla. Mais la quenouille de la châtelaine n’y peut rien ; l’ennui persiste : « Qu’il demeure donc cet inexorable ennui, ce fond de la vie humaine.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

À travers tout ce brillant de jeune homme et cette ardeur de s’avancer qui pouvait sembler un peu aveugle et téméraire, il y eut donc de la suite, de l’étude, de l’observation, ce qui se trouve toujours au fond de ces grands bonheurs, que, de loin, on se plaît à attribuer au seul hasard. […] Mais il y a aussi le fond du sentiment et le feu sacré.

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