Il a pu croire aux idées plus qu’à la matière et ramener le doute par sa foi trop vive à l’abstraction. […] Il faut que tu apprennes à connaître toutes choses et le fond réel de la vérité persuasive, et les opinions des mortels qui reposent non sur une foi véridique, mais sur l’erreur ; et tu connaîtras ainsi, comment il faut marcher prudemment à travers le tout, en faisant l’épreuve de toute chose. » En tête de cette philosophie poétique dont la Grèce allait recueillir les leçons, il reste à placer le personnage demi-fabuleux de Pythagore. […] Ainsi peut s’expliquer le langage inspiré, l’enthousiasme d’Empédocle parlant de lui-même et invoquant la foi docile de ses concitoyens.
Au fond, j’avais une foi médiocre dans l’infaillibilité d’Aristote, et je me souciais assez peu des règles accréditées et consacrées par son école. […] Voilà ma profession de foi. […] Elle fonde donc sa foi à la beauté des œuvres, à l’art des ouvriers, sur un témoignage intérieur, sur l’amour. […] Mais rien n’égale la naïveté de la foi de notre grand Corneille. […] Dorante répète ici, sur la foi de Virgile, un vieux conte.
Toute doctrine qui vient au monde, qui descend du ciel ou qui croit fermement en descendre, a une ambition sainte, absolue comme la Divinité incarnée qu’elle personnifie ou qu’elle croit personnifier dans sa foi. La foi révélée n’est pas comme la foi raisonnée ; elle n’a ni plus ni moins, ni hésitation, ni tolérance, ni doute ; elle est conquérante comme l’ambition du ciel, elle est absolue comme la volonté de Dieu sur les choses et sur les âmes ; tous les moyens lui sont bons comme à Dieu, parce qu’elle se sent ou se croit divine, et que la Divinité, étant le bien suprême, ne peut faire le mal même en employant des moyens violents ; elle veut et elle croit avoir droit de vouloir soumettre tout ce qu’elle ne peut convaincre. C’est le compelle intrare mal entendu de l’Évangile ; c’est le glaive fauchant comme une ivraie du monde tout ce qui adore Dieu autrement qu’elle ; c’est la foudre du pape-pontife lancée sur toute âme qui s’insurge contre l’autorité de sa foi. IV Dans cette disposition naturelle des premiers fidèles d’une religion révélée et militante pour conquérir l’Orient ou l’Occident, puis la terre entière, il est tout simple que les néophytes de cette religion, persécutés eux-mêmes, se soient dit : Le pouvoir est une force non-seulement sur les corps, mais sur les âmes ; rangeons les âmes sous la loi de notre culte par la force qui vient de Dieu ; donnons l’empire de la terre à ce chef de notre foi, qui dispose de l’empire du ciel. […] Puis viendra quelque grand conquérant de la foi et de l’empire, tels que Grégoire ou Sixte, qui prendront résolument le sceptre temporel, et qui affecteront le droit d’élection ou de déposition des rois.
Le royalisme de Madame Hugo, si tant est qu’elle eut une opinion politique, devait être bien platonique : autrement il faudrait admettre que cette femme si courageuse, si fidèle en ses amitiés (pendant 18 mois, au risque de mille dangers, elle cacha aux Feuillantines, le général Lahorie, traqué par la police impériale), aurait ainsi renié sa foi et pactisé avec les plus cruels ennemis de son parti. […] Cette phrase qui paraîtra un plagiat du mot historique de Béranger, est une profession de foi : elle voulait dire, qu’il allait accepter les grâces et faveurs de la monarchie, tout en restant républicain dans son for intérieur. […] Et cependant une foi ardente s’éveille subitement dans son âme, le jour même que le trône et l’autel, l’un supportant l’autre, sont replacés sur leurs pieds. […] Les légitimistes ne reconnaissent-ils pas là le signe certain d’une foi sincèrement opportuniste ? […] Ils n’avaient qu’à rester les maîtres du pouvoir, pour que Hugo conservât jusqu’à sa quatre-vingt-troisième année, la foi au Dieu des prêtres : mais il dût se rendre à l’évidence et suspendre son culte pour ce Dieu qui cessait de révéler sa présence réelle par la distribution de pensions.
Audin, — lequel a servi l’Église sans appartenir à l’Église, — autrement que par le baptême et par la ferveur de la foi. […] Ses parents, et notamment son parrain, un vieil abbé, chenu de foi et de vertus, le destinaient au sacerdoce, et, dans leurs espérances, lui marquaient sa place parmi les recrues de cette Église, veuve de ses prêtres, qui les pleurait comme la mère des Machabées pleurait ses enfants, en regrettant de n’en plus avoir à donner, pour augmenter la grandeur de son holocauste. […] Or, comme Audin est un catholique dont la foi, le talent, l’érudition, les services et l’autorité ne sont mis en doute par personne, il est bon de dire comme il s’est trompé. […] Soldat de l’Église militante, il a trop de foi religieuse dans l’âme, et dans l’esprit trop de facultés positives, pour concevoir l’histoire à la manière des sceptiques et des philosophes. […] Pèlerin du Moyen Âge attardé dans nos mauvais jours, il voulait aller à Jérusalem, non pas pour écrire à son retour ses impressions personnelles (il n’aurait pas pour si peu tracassé la poussière des chemins), mais pour en rapporter une œuvre savante, utile à sa foi, utile surtout à l’incrédulité des autres.
Les dévots frémirent & crurent la foi presqu’anéantie d’un seul coup. […] Aussitôt qu’il l’eut en son pouvoir, il le fit arrêter, contre la foi de ses promesses. […] Les bonnes gens les signèrent tous avec la foi du charbonnier. […] Les ouvrages seuls d’Alvarès & de Lémos font foi de ce fait. […] Ils vouloient qu’on crût le droit d’une foi divine, & le fait d’une foi humaine : leurs antagonistes exigeoient la foi divine pour le fait.
Sans doute la foi juive est une foi jalouse. […] Il a la foi, et c’est un simple. […] Non qu’il manquât de foi. La foi était, au contraire, le premier besoin de son âme. […] Seules importent la foi et l’action.