Leurs fils s’enorgueillissent d’une gaieté fraîche et nouvelle ; et leurs jeunes filles, se jouant avec allégresse en chœurs couronnés de guirlandes, dansent parmi les fleurs de la prairie : les fils et les filles de ceux que tu veux honorer, sainte déesse, inépuisable génie ! […] Soudain elle a laissé libres les fruits naissants des guérets fertiles : la vaste terre a regorgé de feuilles et de fleurs. […] Sur le sommet des mâts un nuage s’est arrêté tout droit, signe de la tempête ; puis vient la terreur qui suit un danger subit. » Quelquefois encore, ces restes brisés de la couronne du poëte grec ne sont que des traits rapides et simples, une parole délicate et passionnée, un coup de pinceau qui ne s’oublie pas52 : La jeune fille triomphait, tenant à la main une branche de myrte et une fleur de rosier ; et ses cheveux épars lui couvraient le visage et le col » ; ou bien encore, avec moins de simplicité, cette autre peinture qui rappelle celle de Sapho : « Semblable passion d’amour, pénétrant au cœur, répandit un nuage épais sur les yeux et déroba l’âme attendrie. » Horace, dans sa vive étude des Grecs, avait sans doute gardé bien d’autres souvenirs d’Archiloque ; et quelques-unes de ses odes, son dithyrambe à Bacchus et d’autres, ne doivent être qu’une étude d’art et de goût substituée au tumulte des anciennes orgies, où le poëte de Paros se mêlait, en chantant : « Le cerveau foudroyé par le vin, je sais combien il est beau d’entonner le dithyrambe, mélodie du roi Bacchus. » Archiloque, s’il faisait des hymnes, devait être, ce semble, le poëte lyrique des Furies et non des Dieux.
Le miel est propice ou vénéneux, selon les fleurs dont les abeilles se nourrissent. Celui qui est fait avec les fleurs du rhododendron détermine la folie. […] L’hélianthe, le safran sont de fort belles fleurs. […] Pourquoi les cœurs ne fleuriraient-ils pas en même temps que les fleurs ? […] Les fleurs sont fugitives, les parfums chers ou médiocres.
Incomparable amie, femme dont la tendresse est douce et forte, on peut répéter en son honneur ce mot de l’Écriture : « Elle est comme une fleur de joie épanouie dans la maison » ; fleur si délicate qu’on ne sait, en vérité, si la nature féminine en a jamais produit de pareilles, fleur si précieuse, qu’on hésite à croire qu’un seul homme, en notre société mêlée, puisse être tout à fait digne d’en goûter le parfum. […] Pierre Veber), chapeautées de fleurs méditatives, elles tiennent à la main de sveltes lotus, sans affectation. […] Les canons des carabines luisaient d’un éclat sombre sous les chèvrefeuilles en fleur. […] D’autres fleurs, rouges, roses et blanches, luisaient dans le sombre feuillage lustré. […] Sur le fumier du baron Saffre il pousse de jolies fleurs.
Si j’en ai eu quelquefois, comme tout le monde, à la fleur de ma vie, l’âge, les événements, les réflexions, les humiliations de cœur et d’esprit dont ma vie est pleine, ont assez pris le soin de l’abattre. […] Du tendre rossignol qui sur les fleurs voltige Es-tu le nocturne larcin ? […] Ils foulèrent aux pieds la fleur venant de naître, Et la danseuse avec dédain, Se courbant, te jeta pâle par la fenêtre, Comme un vil débris du jardin. […] Les jantes des roues massives de ces chariots étaient enroulées de fleurs et de feuillages ; les jougs des bœufs qui y étaient attelés avaient été décorés de branches de cyprès et d’oliviers qui, en se balançant au mouvement des attelages, chassaient les mouches et rafraîchissaient de leur ombre le front des bœufs. […] L’air était assourdi du son des musettes toscanes, et la rue était embaumée par les masses de fleurs qui débordaient en gerbes ou qui traînaient sur les dalles derrière les chariots.
Ce qu’il écrivait, c’était la lie de son éloquence ; ce qu’il disait, c’était la fleur de son génie. […] « Car, enfin, qu’est-ce qu’un bonnet sans fleurs ? […] Pour être la bienvenue dans ces riches maisons, elle dépensait tout son pauvre argent à s’acheter des robes de gaze, des rubans, des fleurs ! […] Annette alors regretta le cloître et la tombe des filles ensevelies sous l’amandier en fleur. […] Jardin et soleil, fleurs et maison pour deux cents francs, difficile problème !
. — Il est évident que l’hiver, par exemple, aujourd’hui que les hommes savent se bâtir des maisons munies d’épaisses murailles, de doubles fenêtres, de tapis mœlleux, de tableaux ou d’étoffes qui égaient les regards, de lampes et de grands feux qui suppléent le soleil absent, de fleurs et de verdures qui donnent l’illusion du printemps, n’a plus d’effets aussi redoutables sur l’organisme humain qu’au temps où nos ancêtres, à demi nus, vivaient dans des cavernes froides, humides et obscures. […] Comment, par exemple, n’être pas frappé de ce fait, qu’au temps de saint Louis et dans la première moitié du règne de Louis XIV, c’est-à-dire aux époques où la langue et la littérature françaises ont eu leur plus grande force d’expansion sur le monde, l’activité intellectuelle de la France s’est concentrée autour de sa capitale, comme si le génie national poussait ses fleurs les plus originales, les plus vivaces et partant les plus capables de séduire les étrangers, en ce coin de terre qui est, en quelque sorte, la France de la France ? […] Une île volcanique, émergeant de l’immensité bleue, avec son panache de fumée, une ceinture d’écume, un manteau de verdure et une couronne de fleurs. » — J’allais oublier Bernardin de Saint-Pierre qui place dans l’île de France sa printanière idylle de Paul et Virginie. […] Quelle que soit la partie du monde qui a ainsi l’honneur d’être le plus avant dans la faveur publique, cela se trahit dans la littérature par une multitude de traits ; ce sont des mots nouveaux désignant des choses exotiques, fleurs, arbres, animaux ; ce sont des comparaisons, des images, des sujets empruntés qui viennent enrichir le fonds national.
Esprit ardent que l’âge n’éteint pas, mais exalte, Michelet s’est dernièrement distrait de l’histoire pour se jeter aux sciences naturelles et physiques, et le voilà respirant, suçant, pompant ces fleurs sérieuses avec une furie d’abeille déjà enivrée. […] Pastoral, de la teinte La Réveillère-Lépeaux, il ne croit qu’à la religion botanique, et il a le culte des fleurs. […] Et il ne la résout pas plus dans son livre : la Mer, que dans ses écrits précédents où, d’historien de la monarchie, il est devenu tout à coup cette fleur vespérale et tardive de naturaliste frais éclos. […] Reconnu presque comme un artiste de génie, dans un pays où le talent, à tort ou à raison, rend imposants ceux qui prêtent le plus au sourire, Michelet a, surtout en ces derniers temps, fidèlement porté à sa boutonnière une fleur de gaieté qu’y plaçaient les autres et qui fleurissait d’un peu de ridicule son talent.