Arrosons donc aussi celles qui ont déjà donné leurs fleurs ; nos soins désintéressés ainsi pour elles n’en auront que plus de mérite aux yeux des dieux. […] Sacountala, vois comme cette jolie malica a choisi pour son époux ce bel arbre, qu’elle entoure de ses rameaux en fleurs. […] C’est là, sous ce berceau formé des rameaux entrelacés de vitasas en fleurs, que repose Sacountala ! […] La voilà négligemment assise avec ses compagnes sur une couche de fleurs ! […] » Un peu de poussière des fleurs du lotus, chassée par le vent, entre dans les yeux de Sacountala.
Deux scènes, dans ce scénario, portent la marque du poète des Fleurs du mal. […] En tous cas, l’auteur de Volupté, qui n’était pas précisément un naïf, n’a pas douté un instant de la sincérité du poète des Fleurs du mal. […] Cette Jeanne Duval, c’est la maîtresse noire, le « vase de tristesse », la « grande taciturne », la « sorcière », la « nymphe ténébreuse et chaude » des Fleurs du mal. […] Quand j’ai lu pour la première fois les Fleurs du mal, je n’étais déjà plus un adolescent, et cependant j’en ai senti très vivement le charme particulier. […] Mais les Fleurs du mal en offrent l’expression la plus voulue, la plus ramassée et, somme toute, la plus remarquable jusqu’à présent.
C’en est un autre de Madame de Pompadour plus droit et plus froid ; un visage précieux ; une bouche pincée ; de petites mains d’un enfant de treize ans ; un grand panier en éventail ; une robe de satin à fleurs bien imité, mais d’un mauvais choix. Je n’aime point en peinture les étoffes à fleurs. […] Il faut que les fleurs papillotent avec le fond qui, s’il est blanc surtout, forme comme une multitude de petites lumières éparses. Quelque habile que fût un artiste, il ne ferait jamais un beau tableau d’un parterre, ni un beau vêtement d’une robe à fleurs.
La tige, plantée dans le sable humide, différentes fleurs bizarrement assorties composaient ces gerbes aux vives couleurs… J’ai cru voir là une image assez fidèle de la poésie de M. […] Dans son œuvre, en effet, plus d’une fleur svelte et capricieuse comme le chèvrefeuille s’entrelace à d’autres d’un coloris brillant comme l’œillet ou d’une senteur âcre comme le nénuphar ; mais sur tout le reste domine incessamment la pivoine, cette fleur monstrueuse et formidable, pour parler la langue familière à l’école dont M. […] Sa poésie était semblable à cette fleur, Mais, tulipe embaumée où se cachait un pleur, Elle avait le parfum exquis de la lavande. […] Eux, ils répétaient : Ces fleurs sont trop belles, Tout cela doit être artificiel. […] Mais tous, vierges et fleurs, pâtres, étoile, oiseau.
On serait bien embarrassé de choisir entre sa Marchande à la toilette, sa Bouquetière, sa Femme qui sort du bain, la Prêtresse qui brûle de l’encens sur un trépied, la Femme qui arrose ses fleurs, la Proserpine qui en orne le buste de sa mère et l’Offrande au temple de Venus. […] Entre l’esclave et la femme assise l’artiste a placé une table sur laquelle on voit des fleurs dans un vase, quelques autres éparses sur le tapis, avec un collier de perles. […] Rien n’est comparable aux fleurs pour la vérité de la couleur et des formes, et pour la légèreté de la touche. […] Celui que j’aime entre toutes, est la Jeune Innocente qui arrose son pot de fleurs. […] Malgré le bas-relief dont on a décoré le pot de fleurs, on dit qu’il ressemble un peu trop pour la forme à ceux du Quai de la ferraille.
1839 (Pauvres Fleurs, poésies.) […] Chaque plainte qui lui venait, chaque sourire passager, chaque tendresse de mère, chaque essai de mélodie heureuse et bientôt interrompue, chaque amer regard vers un passé que les flammes mal éteintes éclairent encore, tout cela jeté successivement, à la hâte, dans un pêle-mêle troublé, tout cela cueilli, amassé, noué à peine, compose ce qu’elle nomme Pauvres Fleurs : c’est là la corbeille de glaneuse, bien riche, bien froissée, bien remuée, plus que pleine de couleurs et de parfums, que l’humble poëte, comme par lassitude, vient encore moins d’offrir que de laisser tomber à nos pieds. Relevons-en vite tant de fleurs charmantes ou gravement sombres. […] » Reprends donc de ta destinée L’encens, la musique, les fleurs ; Et reviens, d’année en année, Au jour où tout éclate en pleurs ! […] quand l’Italie et son soleil n’auraient valu à la chère famille errante que cette fleur sombre au parfum profond, tant de douleur ne serait pas perdue !
Sur un front de quinze ans la chevelure est belle, Elle est de l’arbre en fleur la grâce naturelle, Le luxe du printemps et son premier amour : Le sourire la suit et voltige alentour ; La mère en est heureuse, et dans sa chaste joie Seule en sait les trésors et seule les déploie ; Les cœurs des jeunes gens, en passant remués, Sont pris aux frais bandeaux décemment renoués ; Y poser une fleur est la gloire suprême : Qui la pose une fois la détache lui-même. Même aux jeunes garçons, sous l’airain des combats, La boucle à flots tombants, certes, ne messied pas : Qu’Euphorbe si charmant, la tête renversée, Boive aux murs d’Ilion la sanglante rosée, C’est un jeune olivier au feuillage léger, Qui, tendrement nourri dans l’enclos d’un verger, N’a connu que vents frais et source qui s’épanche, Et, tout blanc, s’est couvert de fleurs à chaque branche ; Mais d’un coup furieux l’ouragan l’a détruit ; Il jonche au loin la terre, et la pitié le suit. […] « J’étais, me dit un jour un ami voyageur, D’un souvenir lointain ressaisissant la fleur, J’étais en Portugal, et la guerre, civile, Tout d’un coup s’embrasant, nous cerna dans la ville : C’est le lot trop fréquent de ces climats si beaux ; On y rachète Éden par les humains fléaux. […] A force toutefois de savoir le chemin, Elle s’apprivoisa : — comme un oiseau volage Que le premier automne a privé du feuillage, Et qui, timidement laissant les vastes bois, Se hasarde au rebord des fenêtres des toits ; Si quelque jeune fille, âme compatissante, Lui jette de son pain la miette finissante, Il vient chaque matin, d’abord humble et tremblant, Fuyant dès qu’on fait signe, et bientôt revolant ; Puis l’hiver l’enhardit, et l’heure accoutumée : Il va jusqu’à frapper à la vitre fermée ; Ce que le cœur lui garde, il le sait, il y croit ; Son aile s’enfle d’aise, il est là sur son toit ; Et si, quand février d’un rayon se colore, La fenêtre entr’ouverte et sans lilas encore Essaye un pot de fleurs au soleil exposé.