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377. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Les grands Romans furent en vogue vers le milieu du dernier siécle ; mais ils commencerent à tomber vers la fin. […] L’auteur peint l’amour avec des couleurs si fines & si touchantes, qu’il est à craindre que la lecture de ses écrits ne réveille ou n’entretienne cette passion dans les jeunes cœurs. […] Les entretiens que Cervantes, l’auteur de ce Roman, suppose entre Sancho & Don Quichote, sont toujours vifs, fins, naïfs, & respirent toutes les graces du meilleur comique. […] L’auteur les intitula Moraux, non qu’ils enseignent la morale, mais parce qu’ils peignent nos mœurs, dont l’auteur a saisi les nuances les plus fines.

378. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Par exemple, la fin du xviiie  siècle, qui mourait pourri sous ses élégances, était très visible dans cet effroyable chef-d’œuvre de Laclos : Les Liaisons dangereuses, mais elle ne l’était qu’à travers l’individualité de Valmont, de la présidente de Tourvel et de madame de Merteuil. […] Si blonde veut dire moralement faible, peu foncée, d’une nuance douce, elle est bien nommée : la rutilante Messaline de Juvénal rirait d’elle et de sa blonderie, et ne l’entraînerait pas où elle va… Jusqu’ici, dans cette histoire que je prends comme un tout et dont je ne veux pas prévoir le dénouement, il n’y a que la Messaline des commencements, — et Messaline, la vraie Messaline, commence par la fin. Il n’y a pas d’autres commencements pour elle que la fin ! […] La Messaline blonde qui l’a éconduit n’est une Messaline que pour le monde, le monde qui voit les commencements et ne voit pas la fin dans les passions ou les fantaisies de cette femme.

379. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Dans le feuilleton des Débats du 21 août, vous pouvez voir qu’il y a eu une brochure de l’archevêque de Paris24, qu’il y a fait allusion sur la fin et répondu au livre de Quinet et Michelet (Des Jésuites). […] On se rappelle à Paris la malencontreuse journée où il essaya de répondre à Lamartine au moment de la grande défection de celui-ci : c’était, nous assuraient les témoins, un singulier et triste spectacle que, dans une situation où pourtant il y avait, rien qu’avec du bon sens, tant et de si bonnes choses à dire, de voir un orateur aussi habile, une langue aussi dorée et aussi fine que l’est Villemain, balbutier, chercher ses mots et ses raisons ; on aurait cru qu’il n’osait frapper par un reste de respect pour le génie littéraire ; que l’ombre de ce génie, un je ne sais quoi, le fantôme d’Elvire debout aux côtés du poëte et invisible pour d’autres que pour l’adversaire, fascinait son œil et enchaînait son bras. […] Manuel mourant, feront celles de tout esprit délicat et fin dans les meilleures journées de loisir.

380. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Quand on lit ses lettres, on est saisi de cette sérénité imperturbable, de cette indifférence aux polémiques et aux passions du temps, de cette régularité laborieuse, de cet esprit d’ordre, qui permirent à Buffon de mener à bonne fin le grand ouvrage qu’il avait conçu. […] Et c’est ainsi tous les jours, jusqu’à la fin. […] Cette indifférence est un tort peut-être, et toutes les sciences expérimentales ont pour fin les définitions et les classifications : mais au temps de Buffon on n’en était encore qu’au commencement, et il fallait bien se tenir en garde contre les êtres de raison et les systèmes a priori ; c’étaient les obstacles qui depuis longtemps retardaient le progrès de la vérité.

381. (1890) L’avenir de la science « VII »

Des esprits vifs et élevés auraient-ils mené à fin ces immenses travaux sortis des ateliers scientifiques de la congrégation de Saint-Maur ? […] Il me semble que la science ne retrouvera sa dignité qu’en se posant définitivement au grand et large point de vue de sa fin véritable. […] La fin seule est digne du regard ; tout le reste est vanité.

382. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Quelques-uns portaient de fines moustaches et quelques autres des barbes entières. […] Poterlet même, un coloriste mort tout jeune et dont il ne reste que quelques fines et chaudes esquisses, ne lui fut pas inutile. […] Sur tout cela il faisait flotter des ciels légers, pommelés de fins nuages blancs, dorés de lumière. […] » et il continuait ainsi, à notre grand plaisir, jusqu’à ce que les bougies arrivées à leur fin fissent éclater les bobèches. […] Le comédien semble, comme M. de Bois-Doré, avoir voulu montrer combien encore il pouvait être aimable, charmant, fin et tendre.

383. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Tandis que le traité qui mit fin à cette guerre se négociait, un bien pauvre traité (mais Malherbe estimait la paix une chose si précieuse, « qu’elle est toujours à bon marché, disait-il, quoi qu’elle coûte »), dix ou douze jours avant la conclusion, sur la fin d’avril (1614), il remit au roi et à la reine cette pièce de vers. […] Les puissantes faveurs dont Parnasse m’honore Non loin de mon berceau commencèrent leur cours ; Je les possédai jeune, et les possède encore,     A la fin de mes jours. […] Ne trouverons-nous pas que de leur temps, ou les factieux n’ont jamais été choqués, ou s’ils l’ont été, ç’a été si lâchement, qu’à la fin du compte la désobéissance s’est trouvée montée au plus haut point de l’insolence, et l’autorité du roi descendue au plus bas du mépris ? […] Le trop de philosophie peut aussi engendrer, à la fin, trop d’indifférence. […] Richelieu, tout à la fin de sa vie, octroiera à une Compagnie française, à la Société de l’Orient, un privilège pour prendre possession, au nom du roi très-chrétien, de Madagascar, et y ériger colonies et commerce.

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