Les petites filles seraient plus sensibles encore que les petits garçons, et voilà les doutes qui me reprennent, car, au contraire des garçons, les filles ont une tendance à grossir leurs sensations et à faire montre d’une sensibilité exagérée. […] C’était charmant, pour les petites filles, quoique un peu monotone ; c’était, au contraire, bien gênant pour les petits garçons. […] En concevant une vieille fille encore avenante, fort dévote et pourtant de mœurs très équivoques, je n’ai pu la voir qu’en violet. […] Est-ce pour cela que sa petite vie de vieille fille trouva sur le tard de si heureuses, quoique si perverses journées ? […] La petite fille n’attend pas de sa poupée une déclaration de tendresse.
Aux environs d’Angoulême, en ce temps-là, vivait une dame Sarah de Peyrusse, fille du comte d’Escars et femme du comte de Baignac. […] Pense-t-on qu’il soit bien utile, par exemple, de livrer des batailles pour savoir si la femme de Molière, Armande Béjart, est la fille ou la sœur de Madeleine ? […] car enfin, quelle est notre fureur de vouloir démontrer que Molière épousa la fille de sa vieille maîtresse ? […] On se révolte, et l’on a raison, à la seule pensée que Molière ait épousé une Armande qui risquait d’être sa propre fille ; mais, hélas ! […] Que, si Molière n’a pas épousé sa propre fille, il a du moins épousé la fille et, dans l’hypothèse la plus favorable, une sœur de Madeleine Béjart.
Il lui avait lu les chants commencés d’Antigone, et quelques impressions nouvelles, dues à un sourire compatissant, se retrouvèrent bientôt dans le portrait intime de la fille d’Œdipe : ainsi les paroles de la consécration d’Antigone par son père mourant sont une inspiration de ces premières rencontres : « Ame sublime d’Antigone, que t’importe le bonheur ou le malheur ? […] Quand le poëme parut l’année suivante, dans les pompes de la Restauration, un sentiment général y voulut reconnaître une princesse orpheline, la fille des rois. […] Il comprit ce que c’est que la vie d’une nation, l’âme de cet être collectif qui garde son unité à travers ses âges et sous ses continuels développements, la mission départie à chaque peuple en particulier sur la scène du monde ; que les institutions vraies sont filles du temps, qu’elles plongent dans les mœurs et les souvenirs comme un arbre en pleine terre ; que les constitutions rédigées d’après des théories plus ou moins savantes ne sont qu’une juxtaposition provisoire qui peut aider le corps social à refaire sa vie, mais qui n’a pas vie en soi ; qu’ainsi la Charte n’était, à proprement parler, qu’une formule pour dégager l’inconnue, une méthode pour résoudre le grand problème des institutions nouvelles, un appareil fixe sous lequel les os brisés et les chairs divisées auraient le temps de se rejoindre et de se raffermir.
Si du séjour de l’Éternité, où notre chère fille m’a précédé, il m’était donné de m’occuper des choses d’ici-bas, tu seras, ainsi que mes chers enfants, l’objet de mes soins et de ma complaisance. […] Remarquez, voilà le mot dit à la mère, treize jours après le premier aveu à la fille : marche régulière des amours antiques et vertueuses ! […] Il se remaria au mois de juillet même de cette année : ce second mariage lui donna une fille.
Que l’on prenne la scène des comices dans Madame Bovary, les files de filles de ferme se promenant dans les prés, la main dans la main, et laissant derrière elles une senteur de laitage, la myrrhe qu’exhalent les sièges sortis de l’église, les physionomies grotesques ou abêties de la foule, l’attitude nouvelle de Homais, les passes conversationnelles où Rodolphe conquiert la chancelante épouse, tout est saisi en de brefs aspects particuliers, sans le narré du train ordinaire qui dut accompagner ces faits d’exception. […] Qu’elles se débattent, l’une entre une tourbe de niais et avide de trouver une âme assonante à la sienne, elle prostitue son corps et ses cris à de bas goujas et meurt abandonnée de tous par le fier refus de l’indulgence de celui qui la fit lafemme d’un imbécile ; que l’autre, plus intimement malheureuse, froissée sans cesse par le choquant contact d’un rustre, renonçant en un pudique et sage pressentiment, à l’amour probablement chétif d’un jeune homme « de toutes les faiblesses », insultée par les filles, haïe de son enfant, et finissant en une hautaine indulgence par faire à son mari l’aumône de soins délicats, — toutes deux mesurent l’amertume de la vie, hostile aux nobles, et paient la peine de n’être pas telles que ceux qui les coudoient. […] Félicité, la simple bonne de Mme Aubain, porte au catéchisme où elle accompagne la fille de sa maîtresse, une sensibilité délicate et tactile, jusqu’à de pareilles élévations : « Elle avait peine à imaginer sa personne ; il n’était pas seulement oiseau mais encore un feu et d’autres fois un souffle, c’est peut-être sa lumière qui voltige la nuit, au bord des marécages, son haleine qui pousse les nuées, sa voix qui rend les cloches harmonieuses ; et elle demeurait dans une adoration, jouissant de la fraîcheur des murs et de la tranquillité de l’église. » En s’accoutumant à rendre le dialogue en style indirect, Flaubert se débarrasse encore, de la nécessité des modernistes, forcés de hacher leur phrase à la mesure de paroles lâchées.
Ils aimaient les femmes, et quand ils étaient ivres ils allaient voir des filles. Un soir donc qu’ils étaient chez des filles et dans le déshabillé d’un lieu de plaisir, le petit président, qui n’est guère plus grand qu’un liliputien, dévoila à leurs yeux un mérite si étonnant, si prodigieux, si inattendu que toutes en jettèrent un cri d’admiration ; mais quand on a beaucoup admiré on réfléchit. […] Mon ami, si l’on vous présente un canevas de comédie ou de tragédie, faites quelques tours autour de l’homme et dites-lui, comme la fille de joie au président De Brosses : cela est beau, sans contredit, mais où est le cu ?
. — Il faisait plus, il prenait les initiales d’une femme de ses amis, en imprimant un opuscule : Conseils d’une mère à ses filles (1796) ; il s’autorisait du déguisement et tenait assez bien la gageure dans ses préceptes maternels d’une raison modeste et solide. […] Je suis comme une fille qui accouche.