Quant au rayonnement de la face ; quant à cette terreur d’intelligence qu’elle inspire au regard ; quant à ce reflet de divinité que le visage semble avoir contracté dans le commerce divin avec le feu du buisson, tout cela est tellement surhumain qu’on est tenté de s’écrier, comme le commentateur italien de cette statue, avec les Hébreux éblouis : « Mettez un voile sur votre face, car nous ne pouvons en supporter l’éclat ! […] « L’œuvre divine en elle manifeste tellement l’ouvrier, qu’elle me ravit à lui par des impressions aussi divines, et que j’y puise intarissablement mes idées, mes inspirations, mes œuvres, mes paroles, dans le feu dont je brûle pour l’angélique modèle ! […] Il est temps que mon âme, arrivée au bord de l’autre rivage, saigne des blessures d’un autre amour et se consume d’un feu plus éternel. » Le vieillard, toujours entier de génie à quatre-vingt-dix ans, restait comme un débris vénéré des règnes des quatre Médicis à Florence et de sept règnes de pontifes à Rome, comme pour surveiller la construction de l’édifice de Saint-Pierre, qu’il était seul capable parmi les hommes d’avoir conçu et de voir finir.
Il était dans cet âge où l’homme joint au feu de la jeunesse, qui n’est pas encore amorti, toute la force de la maturité, les avantages de la réflexion, et les richesses de l’expérience. […] Racine me paraît le véritable Prométhée qui a ravi le feu des cieux. […] Joignez-vous aux disciples du bon siècle pour arrêter le torrent : encouragez l’étude des anciens, qui seule peut conserver parmi vous le feu sacré prêt à s’éteindre.
Ce travail est ce qu’on pouvait attendre d’un esprit droit, ferme, solide, qui ne se paie point de prestiges brillants, de feux d’artifice, mais qui n’est point fermé non plus aux inspirations élevées et éloquentes, fussent-elles nouvelles et imprévues. […] Daru pour qui il avait la plus grande estime, différait de lui par plus d’un point essentiel : il était plus réellement poète, et il se montrait tel dans ses vers trop rares, surtout dans sa conversation pleine de feu et dans toute sa personne : il avait de l’imagination en causant, et de la paresse dans le cabinet.
L’orateur ne montrait pas seulement la maison d’Autriche abaissée et réduite aux abois, mais encore les éléments soumis et assujettis par ce génie supérieur des quatre éléments, toutefois, un seul était pris au propre, l’eau de la mer retenue par la digue de La Rochelle ; les autres éléments ne figuraient qu’à l’état métaphorique : c’était le feu de la rébellion éteint avec celui de l’hérésie ; c’était l’air devenu plus serein, et la terre étonnée de tant de prodiges. […] Son âme, qui est toute de feu et toute céleste, se ressent du lieu d’où elle sort.
Il crut devoir en parler à M. de Chauvelin, qui lui répliqua avec assez de feu : « qu’il ne le souhaitait pas, que cela était au-dessous de lui, qu’il trouverait à s’instruire dans son cabinet de toutes choses, et que c’étaient des fanatiques et de mauvais royalistes que tous ceux qu’il lui nommait… » Il ressort de ces indications précises que M. de Chauvelin, qui voulait toute sorte de bien à d’Argenson et faire de lui un homme de gouvernement, s’efforçait de le mondaniser le plus possible, et aussi de le prémunir contre son penchant à traduire la politique en discussion et en raisonnement : il voulait l’empêcher de tourner à l’abbé de Saint-Pierre. […] Il va sans doute un peu loin lorsqu’il dit : « De tout ce qui a été en place de nos jours, je puis dire que personne n’a plus ressemblé par le grand au cardinal de Richelieu que feu mon père. » La première condition, en effet, pour être un Richelieu, c’est de sentir qu’on l’est, et de ne pas se confiner au détail comme le fit l’ancien lieutenant de police d’Argenson.
Elle était de la race des sœurs de génie, qui ont en partage le même feu sacré dont le frère célèbre tirera des flammes, et qui l’entretiennent plus pur. […] Or, elle n’avait obtenu du feu roi cette jeune personne qu’à la condition expresse et sur sa parole d’honneur qu’elle ne la marierait pas hors de Prusse.
M. de Levis, dans le portrait qu’il a tracé de Besenval, commence en ces termes : Le baron de Besenval était un officier suisse qui avait servi avec distinction pendant la guerre de Sept Ans ; il joignait à l’intrépidité qui de tout temps a caractérisé sa nation ce feu de valeur qui paraît appartenir à la nôtre ; il avait une belle taille, une figure agréable, de l’esprit, de l’audace : que faut-il de plus pour réussir ? […] Besenval excédait donc un peu le ton de Versailles par son feu et par une certaine liberté de paroles qu’il ne demandait pas mieux qu’on mît sur le compte d’un reste de franchise helvétique.