Mais voici, hésitante et envahisseuse comme le flot qui monte, puérilité persistante en qui rien n’éveillera des sens ou un cœur de femme, mais dont la tête faible se grisera tantôt de perversités, tantôt de vérités, tantôt de folies, — Suzanne. […] Il faut s’évader, il le comprend, « des moules sociaux où la civilisation nous enferme », car ils « n’ont pas avec nos formes réelles une plus exacte relation que les figures conventionnelles des constellations avec la véritable carte stellaire ». — Triomphe moins vraisemblable et qui paraît la victoire définitive de la thèse : Phillotson, le vieux mari de Suzanne, et qui aime Suzanne, est persuadé par les arguments de sa femme. […] Heureusement la femme légale de Jude reparaît, et Suzanne accorde à la jalousie ce qu’elle refusait à l’amour. […] Enfin il subordonna la vérité libératrice à une théorie psychologique : « Le temps et les circonstances, qui élargissent les vues de la plupart des hommes, rétrécissent les vues des femmes presque invariablement. » Malheureusement, si l’auteur illustre cette hypothèse par la victoire chaque jour plus complète de Jude sur les préjugés et par la défaite finale de Suzanne, il la contredit par le changement, trop féminin alors, de Phillotson, d’abord intelligent et généreux, qui ensuite obéit aux plus ridicules convenances et se laisse persuader aux chuchotements des plus sordides calculs, Thomas Hardy, intelligence anglaise, riche et complexe, mais perdue et tâtonnante au labyrinthe du détail, ne sait même pas pourquoi « l’expérience » de Suzanne et de Jude a échoué.
Je veux parler des femmes qui ont écrit, et il en est un grand nombre qui remplissent la seconde moitié du xviie siècle et la première partie du xviiie . […] Cousin a pris à cœur de recueillir les moindres opuscules de ces femmes plus ou moins célèbres, leurs petits romans ou nouvelles, leurs lettres publiées ou inédites. […] Accomplirai-je jamais, dit-il, cette idée d’une galerie des femmes illustres du xviie siècle ? […] Je rassemble, sur les rayons de ma bibliothèque, ce qui nous reste de quelques-unes de ces femmes ; je recueille des lambeaux de leurs correspondances inédites ou de mémoires manuscrits qui éclairent à mes yeux et marquent plus distinctement les traits de telle figure qui m’est chère.
Par moments, un grondement de tonnerre sortait du mont Olympe, et dans ces instants-là le voyageur épouvanté voyait se soulever au nord, dans les déchirures des monts Cambuniens, la tête difforme du géant Hadés, dieu des ténèbres intérieures ; à l’orient, au-delà du mont Ossa, il entendait mugir Céto, la femme baleine ; et à l’occident, par-dessus le mont Callidrome, à travers la mer des Alcyons, un vent lointain, venu de la Sicile, lui apportait l’aboiement vivant et terrible du gouffre Scylla. […] Il se dit qu’il fallait que dans ce palais lugubre, inexpugnable, joyeux et tout-puissant, peuplé d’hommes de guerre et d’hommes de plaisir, regorgeant de princes et de soldats, on vît errer, entre les orgies des jeunes gens et les sombres rêveries des vieillards, la grande figure de la servitude ; qu’il fallait que cette figure fut une femme, car la femme seule, flétrie dans sa chair comme dans son âme, peut représenter l’esclavage complet ; et qu’enfin il fallait que cette femme, que cette esclave, vieille, livide, enchaînée, sauvage comme la nature qu’elle contemple sans cesse, farouche comme la vengeance qu’elle médite nuit et jour, ayant dans le cœur la passion des ténèbres, c’est-à-dire la haine, et dans l’esprit la science des ténèbres, c’est-à-dire la magie, personnifiât la fatalité.
On plaisanta sur sa dévotion & sur le goût qu’il conservoit pour les femmes. […] Tout concouroit à faire parler d’elle ; les agrémens de son esprit, la difformité de son visage, l’amour excessif de l’étude dans une femme, la singularité de ses ouvrages, ses liaisons avec un bel-esprit* tout aussi laid qu’elle. […] On peut mettre cette femme illustre au premier rang des romanciers. […] Moi qui fais de belles harangues, Moi qui traduis en toutes langues, A quoi sert mon vaste sçavoir, Puisque partout on me diffame Pour n’avoir pas eu le pouvoir De traduire une fille en femme !
Chacun disait son mot : le percepteur trouvait que c’était bien écrit, mais révoltant ; — le maire, que ce n’était point là « un ouvrage de bibliothèque » ; — le contrôleur, fonctionnaire aux yeux de flamme, trouvait que Fanny était une femme charmante, et avec un enthousiasme qui pourrait bien nuire à son établissement conjugal. […] — Mon Dieu, répondit-elle, la lecture de Fanny a fortifié cette conviction déjà ancienne chez moi : que les Allemands écrivent pour leurs femmes, et les Français pour leurs maîtresses. […] — Cette femme d’une insensibilité proverbiale ? […] Le farniente au travail, — mauvaise habitude ; Un fauteuil moelleux à une chaise de paille, mauvaise habitude ; L’étudiant aime mieux suivre une jolie femme que les cours de l’École, — mauvaise habitude !
Indépendamment de son influence politique, madame Beecher-Stowe est une femme, et il faut émanciper la femme comme le noir ! Odysse Barot, en ceci moins énergique et moins sensé que son chef de file, Proudhon, croit à l’égalité de l’homme et de la femme, et, moins une seule, sans doute (du moins je veux le supposer), à l’identité de leurs fonctions. […] Edgar Poe, d’ailleurs, qui n’a pas l’avantage d’être une femme, doit être le moins sympathique des hommes à Barot.
La femme, si toutefois il y en a une parmi les concubines qu’on puisse appeler la femme légitime, la femme, l’épouse, que le droit romain avait grandie jusqu’à la Matrone et que le Christianisme seul pouvait grandir davantage, n’existe pas pour la Grèce. […] De là, l’inaptitude à élever les enfants pour cette pauvre chose qu’on appelle encore la femme !