/ 2219
1276. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Qu’il soit donc entendu que celles qui sont fausses sont de moi. […] Est-ce par cette idée que le faux Villebouzin et le faux Villangoujar auront une jolie surprise quand ils se retrouveront, le lendemain, nez à nez, dans la prison ? […] Voler, sous un faux nom, la fiancée d’un absent, ou même d’un mort, c’est cela qui est odieux, et voilà pourtant ce que fait votre honnête homme de flibustier. » Eh bien ! […] Et, dès lors, quelque inique que soit le parti pris de l’auteur, son drame ne peut plus être entièrement faux ni entièrement malfaisant. […] Il a jeté dans la rivière sa fausse barbe, son manteau et son bonnet de loutre.

1277. (1876) Romanciers contemporains

Les personnages créés par eux sont surhumains, mais non pas faux. […] Le vrai brutal sonne faux dans ce tableau idéalisé. […] À ce point, il cesse d’être faux à force d’être invraisemblable. […] Par malheur, la situation du principal personnage est fausse. […] Il est peu d’affirmations plus mensongères et plus fausses.

1278. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Et ce fut à cette occasion qu’il fit paraître cet extrême désir qu’il avait de travailler à réfuter les principaux et les plus faux raisonnements des athées. […] En effet, tous les actes authentiques donnent à la femme de Molière la qualité de sœur de Madeleine Béjart ; on voit le parti qui nous reste à prendre, puisqu’ouvrir la discussion sur ce point c’est s’inscrire en faux contre le témoignage des actes authentiques. […] Bazin, — que, pour dissimuler aux yeux de la famille Pocquelin la bâtardise de la jeune femme qu’il épousait, Molière, et sans doute avec lui son honnête homme de père, se soient rendus complices d’un faux en écriture authentique ? […] Loiseleur, — remonterons-nous d’acte en acte jusqu’à un premier faux que tous les autres depuis lors n’auraient eu pour objet que de cacher, et remettrons-nous en scène la mère complaisante des Béjart, cette odieuse vieille femme, qui vit si grassement du déshonneur de ses filles ? […] En tout cas, Picard est l’un des premiers qui aient remis à la scène la satire, non plus d’un ridicule ou d’un défaut, mais d’une condition, de toute une classe sociale, et c’est bien là, si nous ne nous trompons, le propre de la comédie de mœurs : le Demi-monde, les Faux Bonshommes, les Vieux Garçons.

1279. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

. —  En quoi elle fausse les personnages. —  Comparaison de Thackeray et de Balzac. —  Valérie Marneffe, et Rebecca Sharp. […] Amélia Sedley, sa favorite et l’un de ses chefs-d’œuvre, est une pauvre petite femme, pleurnicheuse, incapable de réflexion et de décision, aveugle, adoratrice exaltée d’un mari égoïste et grossier, toujours sacrifiée par sa volonté et par sa faute, dont l’amour se compose de sottise et de faiblesse, souvent injuste, habituée à voir faux, et plus digne de compassion que de respect. […] L’auteur ne manque pas une occasion de lui témoigner la sienne ; pendant trois volumes, il la poursuit de sarcasmes et de mésaventures ; il ne lui prête que des paroles fausses, des actions perfides, des sentiments révoltants. […] Un peu plus loin, Rebecca est grossièrement flatteuse et vile avec la vieille miss Crawley, et ses tirades pompeuses, visiblement fausses, au lieu d’exciter l’admiration, soulèvent le dégoût.

1280. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Le romantisme avec tout ce qu’il contient de faux et d’outré, sévit encore dans nos intelligences. […] Paul Verlaine avait déjà fait faire la cabriole au sonnet, Jules Laforgue avait initié quelques oreilles « au charme certain du vers faux ». […] Et cependant, quoi de plus faux ! […] Si oui il n’y a plus de vers faux ; il n’y a que de bons ou de méchants poèmes.

1281. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Les contes des oreilles de Smerdis, du cheval de Darius, tant d’oracles menteurs, tant de fausses prédictions, tant de miracles qui choquent le sens commun, ont fait appeller Hérodote le pere du mensonge, ainsi que de l’histoire. […] A mesure que le public s’est refroidi, on y a désiré un peu plus de cette sage critique qui discute, qui examine, qui distingue le faux du vrai, l’incroyable du vraisemblable. […] Quoique ce livre renferme des idées fausses, il prévient en faveur de l’étendue & des connoissances de son auteur, qu’on ne peut qu’estimer beaucoup, même en rejettant son systême. […] On y trouve des choses vraies, quelques-unes de fausses, & beaucoup de hazardées ; ils sont écrits dans un style trop familier.

1282. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Elle ne se repose entièrement que si nous écoutons une parole ininterrompue et parfaitement correcte, ou bien un morceau de musique exécuté sans fausse note. […] En effet, dans son principal ouvrage contre les quiétistes20, Bossuet cite un certain nombre de passages des mystiques orthodoxes où il est question, en termes assez énigmatiques, de la suppression des « discours » pendant la « pure contemplation » ou dans l’« oraison de transport », qu’il appelle lui-même « une espèce d’extase » ; cet état d’âme, Bossuet ne le connaît pas par lui-même ; il en cherche dans les textes autorisés une définition précise, qui puisse être opposée aux fausses descriptions des quiétistes ; or voici quelques-unes de ses citations : un confesseur de sainte Thérèse rapporte que l’oraison de cette sainte « était de faire cesser les discours par intervalles pour la présence de Dieu » ; le même Père ajoute que « ce silence de l’âme et cet arrêt attentif en silence ne fait pas cesser de tout point les actes des puissances (de l’âme), parce que cela est impossible » ; la Mère de Chantal « réduisait la suppression des actes de discours… au temps de l’oraison ». […] Elle explique sans doute pourquoi dans le Sophiste, aux alentours du passage cité, Platon admet, non par métaphore, semble-t-il, mais à parler rigoureusement, que le discours peut être vrai ou faux, comme le jugement. […] » Mais, d’abord, le fait est faux [voir plus haut, § 4 et 5] ; ensuite l’expérimentation proposée sur le nom de Socrate (« essayez de le penser sans vous figurer les caractères ») est récusable [ch.

/ 2219