Baudelaire est de la même famille physiologique, avec une prédominance des sensations de l’ouïe, du goût, de l’odorat et du tact. […] Renard a-t-il voulu dire que les écrivains appartenant à une même famille physiologique naissent par séries ? […] C’était d’ailleurs un sot, comme il prit soin de le démontrer longuement, par la suite, avec ses ports creusés par Dieu en vue des bateaux futurs, ses melons côtelés par la Providence pour le bonheur des familles, et toutes les finalités qu’imagine son optimisme pieux et grossier dans les Etudes et dans les Harmonies. […] Pour le peuple, tout est dans le sujet du poème et du tableau ; pour « l’intellectuel », tout est dans la manière dont le sujet est traité Le peuple s’arrête devant l’Heureuse Famille de Greuze (ou quelque niaiserie de cet ordre) ; mais celui qui aime la peinture désire que les Greuze soient retournés contre le mur parce qu’ils gênent son œil amusé & une cruche ou à un chaudron de Chardin . […] L’accord des participes à qui est destiné à n’écrire jamais que de rares lettres de famille, d’une main gauchie par la charrue ou la pioche !
Toutes les autres familles de poètes prendront place — échelonnées à plus ou moins de distance — dans l’un ou l’autre de ces deux genres, sans qu’il soit possible de découvrir un troisième mode de vision artistique. […] Griffin, Régnier, Verhaeren ont également assuré le triomphe du symbolisme, sans qu’il soit facile d’enfermer ces maîtres dans une petite école poétique ; ou plutôt, si école il y a, celle-ci n’englobe pas seulement les poètes mais les « intellectuels » du moment : un air de famille relie les penseurs de chaque époque. […] Cette tendance de notre intelligence conduit à l’injustice envers les auteurs, dont l’activité trop riche se dépense ici et là en des travaux qui, d’ordinaire, sont fournis par des familles d’esprits très différentes. […] S’il fallait à toute force trouver un air de famille à Fumerolles, je ne vois que la poésie de Vielé-Griffin qui puisse se rapprocher de ces notations sentimentales et naturistes, où l’âme de l’artiste s’ébat dans l’exaltation et semble papilloter à travers l’atmosphère lumineuse des choses. […] La vérité est qu’il existe deux familles d’esprits : les visuels et les intuitifs ; ceux-là descriptifs, plastiques, apolliniens si l’on préfère ; ceux-ci dionysiens, plus intériorisés, plus vivants, plus émotifs.
Pourtant l’opposition existe entre les deux familles d’esprits, bien réelle et profonde.
Quand sa fureur l’agite, ceux qui ne le connaissent point et qui l’entendent parler croient qu’il va tout renverser, mais ceux qui le connaissent savent que ses menaces n’ont point de suite, et que l’on n’a à appréhender que les premiers mouvements de cette fureur ; ce n’est pas qu’il ne soit assez méchant pour faire beaucoup de mal de sang-froid, mais c’est qu’il est trop faible et trop timide, et on ne doit craindre que le mal qu’il peut espérer de faire par des voies détournées, et jamais celui qui se fait à force ouverte… Il est avare, injuste, défiant au-dessus de tout ce qu’on peut dire ; sa plus grande dépense a toujours été en espions ; il ne peut pas souffrir que deux personnes parlent bas ensemble, il s’imagine que c’est de lui et contre lui qu’on parle… Dans les affaires qu’il a, il se sert tantôt de discours captieux et tantôt de discours embarrassés pour cacher le but où il veut aller, croyant être bien fin… Jamais il ne va au bien de l’affaire, soit qu’il soit question de l’État, de sa famille ou d’autres gens ; il est toujours conduit par quelque sorte d’intérêt prochain ou éloigné, et, au défaut de l’intérêt, par la haine, par l’envie ou par une basse politique.
c’est trop fort, respectable serait assez. » Et il me raconta alors des particularités singulières, telles qu’on ne les savait bien que dans la famille des Débats, sur cet homme original, timide, fier, ennemi de tout joug, même conjugal, amoureux avant tout de sa liberté, jaloux de la reprendre au moment de la perdre, et qu’une circonstance fatale de jeunesse avait dû rendre plus réservé encore et plus retiré.
Saint-Évremond est, avec un peu plus de naturel et de vivacité, un esprit de l’ordre et de la famille de Fontenelle.
Nous n’avons plus d’exemples de ces républiques qui donnaient à chaque citoyen sa part d’influence sur le sort de la patrie ; nous sommes encore plus loin de cette vie patriarcale qui concentrait tous les sentiments dans l’intérieur de sa famille.