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554. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Trois espèces de natures Maîtrisée par les illusions de l’imagination, faculté d’autant plus forte que le raisonnement est plus faible, la première nature fut poétique ou créatrice.

555. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Mais sous la zone tempérée, où la nature a mis dans les facultés de l’homme un plus heureux équilibre, nous trouvons, en partant des extrémités de l’Orient, l’empire du Japon, dont les mœurs ont quelque analogie avec celles des Romains pendant les guerres puniques ; c’est le même esprit belliqueux, et si l’on en croit quelques savants voyageurs la langue japonaise présente à l’oreille une certaine analogie avec le latin.

556. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Mon sincère respect pour certaines parties de l’œuvre de M. de Lamartine, et la certitude où je suis de ne méconnaître aucune de ses remarquables facultés, me permettraient une franchise entière, même dans l’hypothèse toute gratuite que j’eusse le dessein d’être moins sincère que prudent. […] Si la faculté intuitive est prédominante chez le poète, il ne perçoit, ne compare et ne juge qu’avec plus de promptitude et d’intensité. […] Il faut, enfin, estimer pleine et heureuse la destinée d’un homme riche de facultés exquises, qui a vécu dans une retraite studieuse et volontaire, absorbé par la contemplation des choses impérissables, et qui s’est endormi fidèle à la religion du Beau. […] Le vrai moraliste applique à l’étude des mœurs, dans leur noblesse et dans leur dépravation, des facultés diversement compréhensives, fines, énergiques, profondes. […] Seuls, les Burgraves sont encore écartés de la scène, bien que l’auteur n’ait jamais fait preuve au théâtre de plus puissantes facultés créatives.

557. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Ce qui distingue le génie allemand, c’est la faculté « de tenir à la fois beaucoup d’idées sous le regard ». […] Voici la première : tout homme a droit que la société lui fournisse les moyens de développer ses facultés dans leur plénitude. […] Mais que faut-il entendre par le plein développement des facultés d’un homme ? […] De célèbres soldats ont possédé cette faculté de dédoublement, ainsi Montluc, ainsi Marbot. […] On a ainsi substitué, dans la mesure du possible, des Universités aux Facultés.

558. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Sans soucis politiques désormais, conservant ce qu’ils pensaient être la vérité religieuse pour aliment de leur vie, faisant s’épanouir leurs facultés naturelles au souffle de ce qui leur avait été laissé de liberté, ils laissèrent la paix descendre sur eux et les envelopper. […] Puissante activité dans le monde économique d’une part, énergie spirituelle d’autre part, telles sont les deux facultés dont les Réformés de France étaient supérieurement pourvus. […] Et Bossuet, en bon catholique, était également dépourvu de ces trois facultés, dont la pratique aurait amené la ruine fatale de cette « foi » qui lui commandait de torturer les meilleurs citoyens de France. […] Laquelle de ses facultés ou de ses œuvres pourrait-elle légitimer la survie glorieuse de son nom dans la mémoire humaine ? […] Il possède en lui quelque chose d’énorme, une faculté extraordinaire, développée à son maximum, une puissance qu’il est impossible de lui contester.

559. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ils vont endurer, réclamer, lutter, résister ensemble et avec accord, faire effort aujourd’hui, demain, tous les jours, pour n’être pas tués ou volés, pour ramener leurs anciennes lois, pour obtenir ou extorquer des garanties, et par degrés ils vont acquérir la patience, le jugement, toutes les facultés et toutes les inclinations par lesquelles se maintiennent les libertés et se fondent les États. […] Il n’en est rien, et c’est d’eux seuls que dépendra leur histoire : chacun sera l’ouvrier de sa fortune ; le hasard n’a point de prise sur des événements si vastes, et ce sont les inclinations et les facultés nationales qui, renversant ou suscitant les obstacles, les conduiront fatalement chacun à son terme, les uns jusqu’au fond de la décadence, les autres jusqu’au faîte de la prospérité. […] Lorsqu’il reparut, il y a trois siècles, c’est en Occident, chez des peuples laborieux et à demi libres, au milieu du redressement et de l’invention universelle, quand l’homme, améliorant sa condition, prenait confiance en sa destinée terrestre, et épanouissait largement ses facultés. Rien d’étonnant si le protestantisme nouveau diffère du christianisme antique, s’il recommande l’action au lieu de prêcher l’ascétisme, s’il autorise le bien-être au lieu de prescrire la mortification, s’il honore le mariage, le travail, le patriotisme, l’examen, la science, toutes les affections et toutes les facultés naturelles, au lieu de louer le célibat, la retraite, le dédain du siècle, l’extase, la captivité de l’esprit et la mutilation du cœur.

560. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Le résultat final dépend d’abord de la nature des variations et des avantages qu’elles peuvent offrir aux individus chez lesquels elles se produisent sous leurs conditions de vie particulières, ensuite de la plus ou moins grande faculté de croisement, de la raison progressive de multiplication, du changement lent des conditions physiques de la contrée, et surtout des nombres proportionnels et de la nature des autres habitants de cette même contrée avec lesquels l’espèce variable entre en concurrence. […] Leur diffusion peut quelquefois être très lente, car elle dépend de changements climatériques et géographiques, ou de circonstances extraordinaires, ou enfin de leur faculté d’acclimatation graduelle aux climats divers qu’elles doivent traverser pour s’étendre plus loin encore ; mais, dans le cours prolongé du temps, les formes dominantes ont généralement toutes chances de parvenir à se répandre au loin. […] Nous ne savons pas précisément quelles sont les conditions les plus favorables à la multiplication des espèces nouvelles et dominantes ; mais nous pouvons cependant préjuger avec fondement qu’un grand nombre d’individus, en leur donnant plus de chances de variations favorables, et une sérieuse concurrence déjà soutenue heureusement contre un grand nombre d’autres formes, doivent leur être au moins d’aussi grand avantage que la faculté de se répandre dans de nouveaux territoires. […] En comparant nos Graminées, nos Liliacées, et nos Malvacées aux Bambous, aux Palmiers et aux Baobabs des tropiques, il semble que chez nous le nombre des individus croisse en raison inverse de leur taille, que la force collective remplace la force individuelle, et que la faculté de vivre de peu se soit substituée à la richesse des formes et à la luxuriance des proportions.

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