Si les philosophes du salon de madame Necker reconnaissaient, un soir, « qu’un caractère est toujours simple quand une seule chose l’intéresse », comment un missionnaire, qui n’a que l’idée fixe de sa foi à propager, pourrait-il manquer, quoi qu’il fasse, de cette simplicité qui est la plus haute expression humaine dans l’ordre de l’intelligence ou de la vie ? […] Il devient même une théorie. « Les Chinois — dit Huc — ont une « expression dont ils se servent à tout propos… Au « milieu des difficultés et des embarras, ils se disent « toujours : Siaosin, c’est-à-dire : Rapetisse ton cœur. » Et ils l’ont si bien rapetissé qu’il n’y en a plus. […] on ne peut pas dire que jamais, dans aucun temps, la Chine ait été absolument jolie, mais si l’expression proverbiale a raison en parlant de belles laideurs, il doit y avoir de jolies laideurs aussi.
On croiroit que l’amour fut une passion gaie à oüir les gentillesses que ces galands disent aux personnes qu’ils aiment ; ils ornent leurs discours enjouez de ces traits ingenieux, de ces métaphores brillantes, enfin de toutes les expressions fleuries qui ne sçauroient naître que dans une imagination libre. […] C’est assez parler de ces caprices qui feroient prendre les françois, les espagnols et quelques autres nations pour des peuples de fols par les grecs du tems d’Alexandre et par les romains du tems d’Auguste, si, pour me servir de l’expression tant usitée, les uns et les autres pouvoient revenir au monde.
Lémontey était effarouché de l’expression archéologie, appliquée (page 100) à notre littérature du siècle de Louis XIV. […] Toutefois il est bon qu’il reste quelques expressions de toutes ces terreurs contemporaines.
Quand ils ont eu besoin de moyens d’expression nouveaux, ils ne les ont pas cherchés, comme on l’a fait ailleurs, dans la création d’un vocabulaire spécial (opération qui aboutit souvent à enfermer, dans des termes artificiellement composés, des idées incomplètement digérées), mais plutôt dans un assemblage ingénieux des mots usuels, qui donne à ces mots de nouvelles nuances de sens et leur permet de traduire des idées plus subtiles ou plus profondes. […] Le besoin de résoudre les idées et même les sentiments en éléments clairs et distincts, qui trouvent leurs moyens d’expression dans la langue commune, est caractéristique de la philosophie française depuis ses origines.
Horace, vous le voyez, badine sur sa prédestination poétique ; et il emprunte à Pindare jusqu’au tour et au moindre détail de son expression : Non sine dis animosus infans. […] Le voyant enorgueilli de ses premiers essais et du beau langage qui lui venait sans effort, Corinne lui aurait dit « qu’il manquait aux muses, en ne sachant pas employer les fictions, ce qui est le grand œuvre de la poésie, tandis que les expressions, les figures de style, la mélodie, le rhythme, ne sont qu’un agrément ajouté aux choses mêmes ».
Que faut-il entendre par cette expression un peu vague : mysticisme ? […] Aussi, l’effet du mode d’expression mystique sur les gens qui se laissent ahurir est-il très fort. […] En matière d’art, l’enthousiasme religieux des Anglais dégénérés et hystériques chercha son expression dans le préraphaélisme. […] Ici nous trouvons le mysticisme du fond uni au mode d’expression affectant l’archaïque et l’enfantin du véritable préraphaélisme. […] Cette ferveur revêt du reste, dans maintes autres poésies, une expression beaucoup plus nette.
C’était, dans sa plus mirifique expression, l’apothéose du laid, du vulgaire et du trivial. […] Car si la France compte parmi les poètes contemporains de grands poètes, il n’en est pas un jusqu’ici qui ait jeté dans un moule immortel l’expression et la pensée de ce siècle. […] Baudelaire débute par une sorte de voyage au pays du cœur, selon l’expression de M. […] Baudelaire, cette poésie de charnier et d’abattoir, comme l’expression, même incomplète, des souffrances du temps présent ? […] Mais ceci est l’expression d’un vœu plutôt que d’une espérance Non seulement M.