Les hommes mêmes qui veulent établir les unes, lorsqu’elles n’ont pas en elles la raison de leur existence, ou qui veulent propager encore les autres lorsqu’elles ont perdu ce principe de vie qui est dans l’assentiment général, témoignent, par l’expression indécise de leurs discours, qu’ils ne les comprennent point.
Le style de Shakspeare est un composé d’expressions forcenées. […] Hamlet est à demi fou, dira-t-on ; cela explique ces violences d’expression. […] Aucune de ces phrases ne note des idées, toutes suggèrent des images ; chacune d’elles est l’extrémité et l’aboutissement d’une action mimique complète ; aucune d’elles n’est l’expression et la définition d’une idée partielle et limitée. […] Il avait la faculté prodigieuse d’apercevoir en un clin d’œil tout son personnage, corps, esprit, passé, présent, dans tous les détails et dans toute la profondeur de son être, avec l’attitude précise et l’expression de physionomie que la situation lui imposait. […] Ils ne disent rien en style simple ; ils ne cherchent qu’à entasser des choses subtiles, recherchées, difficiles à inventer et à comprendre ; toutes leurs expressions sont raffinées, imprévues, extraordinaires ; ils outrent leur pensée et la changent en caricature.
N’ayant pu les soumettre à la révision de l’auteur, nous ne saurions les présenter, jusque dans leurs moindres parties, comme l’expression définitive de sa pensée ; mais nous pouvons garantir l’exactitude de la reproduction sténographique dont nous avons corrigé les très rares erreurs, de même que nous avons vérifié sur les textes l’exactitude des citations. […] Ce qui différencie la pièce de Victor Hugo, de celles de Musset et de Lamartine, c’est que, chez Victor Hugo, l’expression du sentiment tient beaucoup moins de place que la peinture du cadre, du décor. […] Vous voyez combien l’expression est belle. […] Mais, quoi qu’il en soit, son œuvre a été efficace : elle a été utile et elle a ramené les écrivains, les poètes, à avoir un souci plus complet de leur métier, à faire attention davantage aux questions de forme, à donner à l’expression un souci sévère qu’ils n’avaient pas jusque-là. […] Ce mouvement qui s’éveille, cette ondulation lente dans les blés mûrs et ces bœufs qui bavent avec lenteur, vous voyez qu’ici l’expression, le terme, est aussi réaliste que possible, et il n’a rien de grossier, il n’a rien de bas ; au contraire, la façon dont se termine la strophe éveille chez nous une belle idée : cette idée que l’animal, lui aussi, est pour nous un frère, un frère, à quelque degré qu’ait voulu la nature.
Amour et culte de la vie présente, sentiment de la force humaine, besoin de sérénité et d’allégresse, voilà ce qui le porte à éviter la peinture de l’infirmité physique et de la maladie morale, à représenter la santé de l’âme et la perfection du corps, à compléter la beauté acquise de l’expression par la beauté foncière du sujet. […] Nous sommes devant eux comme un auditeur ordinaire devant un musicien né et élevé pour la musique ; son jeu a des délicatesses d’exécution, des puretés de sons, des plénitudes d’accords, des finesses d’intention, des réussites d’expression que l’autre, médiocrement doué et mal préparé, ne saisit qu’en gros et de loin en loin. […] C’est qu’il a été obligé de sonder et d’approfondir dix ou douze mille mots et expressions diverses, d’en noter les origines, la filiation, les alliances, et de rebâtir à neuf et sur un plan original toutes ses idées et tout son esprit. […] Concevons dans un climat semblable, sous un ciel encore plus beau, en de petites cités où chacun connaît tous les autres, des hommes aussi Imaginatifs et aussi gesticulateurs, aussi prompts à l’émotion et à l’expression, d’une âme encore plus vive et plus neuve, d’un esprit encore plus inventif, plus ingénieux, plus enclin à embellir toutes les actions et tous les moments de la vie humaine. […] Certainement, en imaginant son expression sereine et sublime, Phidias avait conçu une puissance qui débordait hors de tout cadre humain, une des forces universelles qui mènent le cours des choses, l’intelligence active qui, à Athènes, était l’âme de la patrie.
Nous marchons vers l’amalgame ethnique pleinement égalitaire et partout semblable, dont la démocratie est l’expression politique, et dont la déchéance est le terme. […] Cet humour n’était qu’un procédé d’expression. […] C’est une beauté grave et nue, qui ne se pare point d’ornements romantiques et ne doit rien qu’à la force de l’expression et à la grandeur du sujet. […] Mais on devine qu’il ne veut point parler de ce dilettantisme supérieur, de cette impartiale et objective compréhension des diverses formes de culture et de pensée, qui n’est que l’expression la plus haute et la plus complète de l’esprit critique. […] Expression impropre, car il n’a aucune personnalité, et le problème consiste pour lui, au contraire, à combler son néant.
Les traits se sont creusés, la chevelure a grisonné, mais l’expression du visage est restée la même. […] Les siennes se réduisaient à celles qui se prêtaient le mieux à l’expression poétique. […] Hugo est le représentant du romantisme en son expression la plus éclatante, la plus puissante, la plus magistrale, et ce n’est pas aux pieds du dieu du Verbe que se prosterne le nouveau venu. […] On ne peut voir un de portraits sans être frappé de son expression volontaire et sereine. […] La même préface ajoute qu’en cette seconde édition on a changé au récit « quelques mots et quelques expressions en faveur des lecteurs difficiles auxquels le style simple et souvent grossier d’un marin aurait pu déplaire ».
*** L’expression, chez Rachilde, est souvent évocatrice. […] Mais il est rare que l’expression ne soit pas faible ou incertaine et aucune pièce ne pourrait être citée jusqu’au bout sans attirer le sourire moqueur. […] La femme n’est guère moins portée à ce genre de généralisations hâtives et dans la conversation nous surprenons à chaque instant des expressions de la misandrie. […] La Bruyère, entre deux portraits vigoureux, laisse tomber une pensée banale dans une expression amusante. […] Aux autres, les traductions de Jean Dornis, intelligentes mais timides, n’apprendront pas grand’chose sur des poètes d’expression plus que de pensée.