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180. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

La justice scellant enfin son plus intime accord avec la réalité, ou plutôt, la réalité s’élargissant jusqu’à faire entrer dans le cercle d’universelle beauté, jadis étroit et arbitraire, les plus humbles, les plus journalières fleurs de notre existence et de celle du monde ! […] Camille Chaigneau, va nous l’apporter : « … Pour moi, je sens que ma vitalité éclate du sein de toutes mes existences. […] Dans la vie journalière comme dans la vie politique, partout où nous la trouvons en face de nous, nous la combattons en lui disant ce qu’elle représente désormais pour nous : un hideux cauchemar, une odieuse tromperie de l’existence. […] Il admet l’« autorité » extérieure ayant pour base, pour principe, pour seule raison d’existence, pour âme vivante, l’enrichissement, l’accroissement, le bénéfice, l’amélioration de tous ceux à qui elle s’adresse. […] N’a-t-on pas conscience de cette tare dont toute notre existence est souillée ?

181. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ils avaient adopté la démonstration cartésienne de l’existence de Dieu et de l’âme, et quant à la méthode générale pour la recherche de la vérité et la composition des écrits, tout Port-Royal s’y était rangé38. […] Cette âme dont Descartes a prouvé l’existence, Pascal s’occupera de la conduire. […] Pour parler d’abord de la religion naturelle de Descartes, quel risque fait-il courir aux autres on court-il lui-même, à ne se pas convaincre ou à ne les pas persuader, par la raison naturelle, de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme ? […] Que Descartes démontre avec plus ou moins d’évidence l’existence de Dieu et de l’âme, et celle du moi humain : laquelle de ces vérités va être en péril ? […] Aimerait-on mieux la découverte de quelque loi des corps, ou l’invention de quelque nouvelle preuve métaphysique de l’existence de Dieu, laquelle n’a pas besoin de preuves ?

182. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Chacun de ces faits s’accorde parfaitement avec ma théorie ; car je n’admets l’existence d’aucune loi fixe et nécessaire, obligeant tous les habitants d’une contrée à se transformer à la fois, également et brusquement. […] De même encore, un groupe ne reparaît plus, lorsqu’il a une fois disparu ; c’est-à-dire que son existence, tant qu’elle se perpétue, est rigoureusement continue. […] Aucune loi fixe ne semble donc gouverner la durée de l’existence des espèces et des genres. […] Quelques auteurs ont été jusqu’à supposer que, comme l’individu n’a qu’une existence d’une longueur déterminée, de même les espèces ont une durée limitée. […] Il est certain que la présence d’insectes de plusieurs sortes, et plus encore celle des Vampires, décide, en diverses régions de l’Amérique du Sud, de l’existence des plus grands quadrupèdes naturalisés.

183. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Ils hasardent la fortune qui les fait vivre, ils se précipitent dans les batailles où la mort, ou plus encore les souffrances les menacent, pour retrouver ce mouvement qui les sépare des souvenirs et de la prévoyance, donne à l’existence quelque chose d’instantané, fait vivre et cesser de réfléchir. […] Si l’avare, si l’égoïste sont incapables de ces retours sensibles, il est un malheur particulier à de tels caractères auquel ils ne peuvent jamais échapper ; ils craignent la mort, comme s’ils avaient su jouir de la vie : après avoir sacrifié leurs jours présents à leurs jours avenir, ils éprouvent une sorte de rage, en voyant s’approcher le terme de l’existence ; les affections du cœur augmentent le prix de la vie en diminuant l’amertume de la mort : tout ce qui est aride fait mal vivre et mal mourir : enfin, les passions personnelles sont de l’esclavage autant que celles qui mettent dans la dépendance des autres ; elles rendent également impossible l’empire sur soi-même, et c’est dans le libre et constant exercice de cette puissance qu’est le repos et ce qu’il y a de bonheur.

184. (1903) La pensée et le mouvant

Quand enfin le mot en vient à désigner tout ce qui existe, il ne signifie plus qu’existence. […] Les anciens avaient imaginé une Âme du Monde qui assurerait la continuité d’existence de l’univers matériel. […] L’existence du temps ne prouverait-elle pas qu’il y a de l’indétermination dans les choses ? […] Il leur faut des points « fixes » auxquels attacher la pensée et l’existence. […] Quels sont les éléments impliqués dans la pensée ou dans l’existence ?

185. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Je ne connais rien de plus terrible, dans l’existence intellectuelle, que cette perplexité dans laquelle nous sommes plongés. […] Au seuil de vivre, Zola n’a donc pas connu, comme tant d’adolescents modernes, cette atroce, cette infernale mélancolie qui jette en eux la fièvre et le trouble, pour toute leur existence. […] On ne sait rien de ses origines, on ignore tout des péripéties de son existence et de ses occupations journalières, qui agissent avec tant de force sur notre action intérieure. […] Il se représentait l’individu comme un simple anneau de la chaîne des êtres, et le cours d’une existence humaine paraissait aux yeux de cet évolutionniste ainsi qu’une passagère transition entre un ancêtre et un descendant. […] Et qu’importent au philosophe les crimes de l’histoire ou les iniquités de l’existence, puisque l’humanité est en marche vers un état meilleur de vérité et de justice, puisque chaque aube qui éclot est une victoire sur le chaos.

186. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Mais cela n’a pas changé l’existence matérielle des hommes. […] Et elles sont exclusivement une conséquence des conditions d’existence actuelles de l’humanité civilisée. […] L’aurore de la pensée nouvelle rayonne dans son existence et dans ses œuvres. […] Elle se contente, infiniment plus plate et prosaïque, d’adoucir l’existence terrestre de l’homme. […] Il devient l’un ou l’autre par la voix qui lui donne l’existence.

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