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589. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Léon Dequillebec » pp. 165-167

C’est là qu’il est mort sans bruit, comme il avait vécu, sans une mention dernière dans les feuilles publiques, et le jour même où le convoi entrait sous les voûtes de Notre-Dame du Bon Voyage, l’Académie décernait des couronnes et jetait, comme une suprême ironie, sur le cercueil de ce poète mort pauvre, un bruit inutile de pièces d’or.

590. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 179-181

« Il faut bien se garder encore d’ouvrir les yeux ni trop, ni trop peu, de cligner ni de clignoter, de faire comme quelques Prédicateurs, qui ouvrent la bouche avec tant d’effort, qu’ils semblent vouloir y faire entrer leur Auditoire, & d’en imiter certains qui remuent la mâchoire inférieure avec tant de force, qu’ils paroissent croquer des noix.

591. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Sur les exercices, des. Cadets russes. » pp. 549-546

« Ce que j’aime encore, c’est que sur un corps robuste ils ne porteront pas une tête rétrécie par le préjugé ; ils n’en avaient point lorsqu’ils sont entrés dans le Corps et ils n’y en recevront point.

592. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Après des études rapides, mais qui laissèrent une trace durable dans cette facile et spirituelle intelligence, le jeune Saint-Arnaud entra en 1815, à dix-sept ans, dans les gardes du corps ; sa jeunesse fut vive et orageuse. […] Une patrouille de huit voltigeurs, commandée par un caporal, passe par là et veut entrer. […] frère, si j’avais un régiment et qu’on me fît entrer en Espagne, où les affaires se brouillent, on verrait les officiers d’Afrique à l’œuvre. […] Il a quitté le Maroc et s’est montré en deçà de la frontière : « Cela ne finira jamais ; tant mieux, nous aurons le temps d’entrer dans les constellations », c’est-à-dire dans les étoiles de l’épaulette de général. […] C’est alors qu’on voit avec lui percer et se produire plus fréquemment dans ses lettres cette seconde génération africaine qui remplacera la première déjà revenue en France ; les Pélissier, les Canrobert, les Bosquet, les Morris, sont, avec Saint-Arnaud, les chefs brillants de cette seconde génération qui serre et talonne le plus près qu’elle peut les Changarnier, les Lamoricière, les Bedeau, les Cavaignac, et qui n’attend que son tour d’entrer en scène.

593. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche la crut voir deux jours de suite, au matin, entrer dans sa chambre et lui demander comment il avait passé la nuit : tant était prédominante en son organisation la puissance intérieure, tant elle était indépendante du moment, du lieu, de la réalité actuelle ! Le souvenir représentatif du temps où, si soigneuse de lui, sa mère entrait toujours la première dans sa chambre, suffisait pour créer invinciblement l’illusion. […] Un déluge de maux couvre la terre ; une arche flotte au-dessus des eaux, comme jadis celle qui portait la famille du Juste ; mais cette arche-ci est demeurée vide, nul n’a été jugé digne d’y entrer !  […] Orphée est un singulier poëme où le chant, émané d’une muse antique, a été commenté avec science par un néoplatonicien ou un éclectique alexandrin ; mais le copiste, par mégarde, a fait confusion ; le commentaire est entré dans le texte, Servius a passé dans Virgile et l’interrompt ça et là ; les bordures du cadre sont bigarrées et blasonnées de triangles, de chiffres, de racines en toutes langues, bien que le milieu du tableau se maintienne aimable et pur autant que profond15. […] Ballanche connut de bonne heure à Lyon Fourier, auteur des Quatre Mouvements ; mais il entra peu dans les théories et les promesses de ce singulier ouvrage, publié en 1808 ; aujourd’hui il se contente d’accorder à l’auteur une grande importance critique en économie industrielle, et de penser avec lui en des termes généraux que l’homme a pour mission terrestre d’achever le globe.

594. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Entrez. […] Grandet ; là entraient les fermiers, le curé, le sous-préfet, le garçon meunier. […] Eugénie s’enhardit à entrer à un de ses sanglots ; elle le voit dans son désespoir et se retire plus attendrie que jamais. […] Le chagrin est entré chez moi avec la mort de mon frère, pour lequel je dépense, à Paris, des sommes… les yeux de la tête, enfin ! […] La flatterie n’émane jamais des grandes âmes ; elle est l’apanage des petits esprits, qui réussissent à se rapetisser encore pour mieux entrer dans la sphère vitale de la personne autour de laquelle ils gravitent.

595. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Sans que je l’eusse sollicité, le Pape déclara au cardinal dataire que ce bénéfice étant déjà entré, comme on dit, dans ma maison, il ne voulait point l’en retirer, et qu’en conséquence on devait m’en attribuer la collation. […] « Nous sortîmes, mon frère et moi, de l’Académie au mois d’octobre 1782, avec la pensée d’entrer dans la prélature. […] « Ayant appris alors que j’étais dans l’antichambre, où il avait donné l’ordre qu’on ne me renvoyât pas, selon l’usage, si je venais, — parce qu’il désirait me voir, — il me fit entrer immédiatement. […] Il entrait dans sa nature de chercher à montrer que rien ne lui était impossible, et qu’il réussissait là où le plus habile aurait inévitablement échoué. […] Le secrétaire du conclave, le sacriste et le maître des cérémonies entrèrent alors pour réclamer l’acte d’élection et d’acceptation, comme cela se pratique toujours.

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