Elle n’a peur d’aucun contresens et trouve une formule pour tous les gâchis… Après dix-huit ans de cet impudent concubinage, une république qui se croyait légitime sortit de cet adultère, et elle tomba, comme la première était tombée, sous un second Empire, et comme si la France, démonarchisée par la Révolution, avait pour destinée dans l’avenir de jouer à ce jeu alterné et sans fin des Républiques et des Empires.
La Bible et l’Évangile ont été les deux mamelles auxquelles il a bu longtemps en silence, et qui l’ont fait de force à créer ces trois choses, dont une seule suffît pour l’immortalité d’un homme : — une religion, un peuple, un empire ! […] Mahomet, le guerrier, le général d’armée, mais qui ne le devint qu’à cinquante ans, comme le rude Cromwell, était né doux, et ce qu’il sut du Christianisme ajouta encore à la disposition naturelle de son âme… À la première bataille à laquelle il assista, tout jeune qu’il fût, par conséquent d’autant plus susceptible de sentir l’ivresse du combat, il se contenta de ramasser tranquillement les flèches de ses oncles… C’était un de ces doux, à qui doit échoir l’empire de la terre.
Le Latium dut être d’abord bien resserré, puisqu’en deux siècles et demi, Rome, sous ses rois, soumit à peu près vingt peuples sans étendre son empire à plus de vingt milles. […] Joignez-y le passage curieux où Salluste parle de la fameuse Ara des frères Philènes, qui servait de limites à l’empire carthaginois et à la Cyrénaïque.
Son Histoire de l’Empire du Mogol, & celle du Fanatisme des Religions Protestantes, trouvent encore des Lecteurs, quoiqu’elles soient diffuses & chargées de trop de détails inutiles.
Après avoir soulevé, intimidé, pacifié Rome, il rêva de rétablir l’empire, il provoqua par ses lettres et par ses envoyés tous les États d’Italie à adhérer à sa restauration du monde romain. […] Son patriotisme plus poétique que politique alors, car les empires morts ne ressuscitent pas à l’évocation d’une ode ou d’une harangue, le fit justement accuser de chimère et d’ingratitude. […] Mais déjà le tribun, semblable à Mazaniello de Naples, commençait à délirer et à affecter l’empire du monde, sans autre force que le nom d’une capitale morte et la faveur mobile d’une municipalité romaine. […] Ainsi devait finir cet empire fantastique, s’écria Pétrarque, revenu lui-même de son illusion d’un moment. De ce jour il ne songe plus qu’aux lettres, dont l’empire est éternel, et à l’amour qui ne meurt pas avec la beauté mortelle.
Sous le second Empire, la musiquette d’Offenbach, leste, moqueuse, spirituelle et canaille, mène gaillardement la ronde d’une société affolée de plaisir et fait danser le cancan aux dieux, aux héros, aux grands de la terre. […] A la fin du second Empire, Carpeaux, sur la façade de l’Opéra de Paris, figure la danse par un groupe de bacchantes échevelées, et il n’en faut pas davantage pour évoquer l’image de la haute vie parisienne durant les années qui précédèrent la débâcle de 1870. […] Ne dit-on pas d’une pendule, d’un fauteuil qu’ils sont de style Louis XVI ou de style Empire ? […] Le premier date de l’Empire : il est une survivance de la génération précédente ; il a quelque chose de viril, de cavalier, de hardi, je dirais presque de soldatesque. […] En somme, une toilette voyante, tapageuse, rappelant à la fois la manie de l’antiquité qui avait sévi si fort au temps de la Révolution et l’allure militaire qui fut de règle sous l’Empire.
Mézeray disait donc à Richelieu dans cette dédicace toute légitime et qui n’a point été publiée : Monseigneur, Étant si heureux que de vivre sous l’empire du plus grand des rois et sous l’administration de Votre Éminence, j’ai pensé que c’était une louable témérité de tenter quelque chose de grand et d’entreprendre un ouvrage digne de la gloire que vous avez acquise à la France. […] Cette pièce de terre semble être ainsi taillée pour être le siège du plus heureux et du plus solide empire du monde, si la prudence l’avait pu étendre jusqu’aux limites que la nature lui a posées. […] Parlant de je ne sais quelles superstitions publiques et à grand fracas, venues d’Italie ou d’Avignon, il dira tout courant : « Ces spectacles inconnus aux âmes françaises… » Parlant des amours de la dame de Sauve, un des premiers aides de camp du brillant escadron de Catherine de Médicis, il la montrera « n’employant pas moins ses attraits pour les intentions de la reine que pour sa propre satisfaction ; se jouant de tous ses mourants avec un empire si absolu qu’elle n’en perdait pas un, quoiqu’elle en acquît toujours de nouveaux ».