Pour lui, il songe à réformer la langue comme le reste ; et même c’est par là, selon lui, qu’il faudrait commencer ; car une découverte qu’il croit avoir faite, c’est que « nos langues sont plus savantes que nos idées, c’est-à-dire annoncent des idées, des connaissances qui n’existent pas, et qui cependant fixent tous les jours les efforts d’une quantité prodigieuse de scrutateurs. » Ces scrutateurs se repaissent tant bien que mal de ce qui leur apparaît sous forme d’expressions consacrées. […] Dès cet instant la perfectibilité de l’homme est arrêtée ; et ses efforts détournés, au lieu d’accroître ses connaissances et ses jouissances sur la terre, sont transportés et égarés dans les cieux.
Capefigue, par exemple, fassent un effort, un effort suprême, pour infirmer une condamnation prononcée, voilà ce qui doit étonner !
… La science philosophique, ou ce qu’on appelle de ce nom, n’aboutissant, par tous ses rayons, qu’à un scepticisme inévitable, les philosophes ne sont guère plus que des gymnastes dans un exercice de l’esprit… Leur effort seul et la mesure de leur force, font tout leur mérite et leur gloire. […] On est un héros dès qu’on est très brave… Il y a les héros et les saints du Démon comme il y a les héros et les saints de Dieu, dans ce monde où le mystérieux Surnaturel tient tête, avec une invincible opiniâtreté, aux efforts de ceux qui ne veulent admettre que les vérités à démontrer et qui tombent directement sous la coupe rigoureuse de la raison.
Ce pauvre diable de système, qui n’est même diable que comme cela, n’a pas coûté à la tête légère de Michelet un bien grand effort de génie. […] Les autres éducateurs qui l’ont précédé et dont Michelet nous a donné la liste : Rabelais, Montaigne, Rousseau, Pestalozzi, avaient fait, eux, un effort quelconque de création, un essai de chose organisée ; ils avaient tenté de découvrir un joint, une articulation inconnue dans l’homme, par où pût pénétrer la pointe de l’enseignement.
S’il entre dans un salon, à peine a-t-il passé la porte, que déjà la couleur des objets, leur harmonie ou leurs contrastes, leur arrangement et la subtile personnalité qui s’en dégage se sont révélés à lui, il peut les redire et n’aura besoin, pour cela, d’aucun effort. […] C’est l’énumération des détails, qui procède évidemment d’un effort de l’esprit ; ou bien c’est le rêve qui s’étend et qui ouvre son aile.
Quoi que l’on assure, l’artiste ne sera jamais un instrument passif, semblable à l’appareil du photographe qui, mis une fois en face du monde, en reproduit l’image servile : il a beau vouloir abdiquer son individualité, son intelligence, cette intelligence et cette individualité persistent malgré ses efforts ; aucune impression ne pénètre dans un cerveau humain qui n’y soit aussitôt déviée et transformée par ce cerveau même, et le plus tyrannique de tous les systèmes est peut-être de se persuader qu’on n’obéit à aucun système. […] Il ne faut pas en effet un bien grand effort ni même un travail bien long pour découvrir quelque chose d’inédit sinon de nouveau dans les rayons de la grande ruche ouvrière parisienne, et se figurer que l’on enrichit son siècle de précieux « documents humains ».
Lorsqu’il a de vrais « semblables » à comparer, l’esprit n’a pas besoin d’effort pour user des mêmes poids et mesures. […] L’histoire des lois somptuaires est celle de la lutte de ces deux efforts parallèles et de sens contraire.