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202. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Au lieu de tirer la plûpart de leurs métaphores d’un ruisseau dont l’eau fraîche désaltere le voïageur, ou d’un bouquet de bois qui donne un ombrage délicieux aux bords d’une fontaine, ils les auroient empruntées d’un poële ou des effets du vin et des liqueurs spiritueuses. […] Quel attrait peuvent avoir pour bien des personnes du nord qui ne burent jamais une goute d’eau pure, et qui ne connoissent que par imagination le plaisir décrit par le poëte, les vers de la cinquiéme églogue de Virgile, qui font une image si pleine d’attrait du plaisir que goûte un homme accablé de fatigue à dormir sur un gazon, et le voïageur brulant de soif à se désalterer avec l’eau d’une source vive.

203. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Il y a plus d’eau, par exemple, en Hollande dans un quarré donné, qu’il n’y en a dans la comté de Kent. […] Il est des années durant lesquelles il tombe à Paris vingt-deux pouces d’eau de pluïe.

204. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, et les Récits de la Luçotte, qui exprime, elle, des sentiments vrais comme le sang des veines et l’eau des sources, dans un patois d’une couleur ravissante, plein de fautes de grammaire française, mais exquis ! […] ce sont des contes, — mais des contes de vérité humaine, et d’une réalité toujours touchante, et quelquefois saignante ; car une gouttelette de sang y rose parfois l’eau des larmes… IV Je ne sache rien de plus humain, et de plus humain dans la noblesse de la nature humaine, que ces histoires, qui sont pourtant de la réalité, mais de la réalité choisie, et, sous leur forme fruste, — contraste délicieux ! 

205. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

En même temps, il exige des scènes dramatiques, attendu que là où il n’y a de drame d’aucun ordre, il n’y a rien à raconter : une eau dormante ne nous occupe pas longtemps, et la psychologie des esprits que rien n’émeut est vite faite. […] Deux gouttes d’eau peuvent devenir pour le savant deux mondes remplis d’intérêt, et d’un intérêt presque dramatique, tandis que pour l’ignorant deux mondes, deux étoiles d’Orion ou de Cassiopée, peuvent devenu deux points aussi indiscernables et indifférents que deux gouttes d’eau. […] Les planches sont mal jointes et il vous tombe des gouttes d’eau partout. […] Elle a aussi travaillé au lavoir des Enfants-Rouges, où l’eau arrive par des robinets. […] Mais il y a une buée d’eau chaude qui est terrible et qui vous perd les yeux.

206. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Non, les prêtresses légères ne portent pas à Cérès de l’eau de tout fleuve ; mais celle qui, pure et transparente, coule en petite veine de la source sacrée, celle-là lui est chère101. » — Le poëme des Argonautes ne roule pas cependant beaucoup de limon ; Quintilien l’a loué, tout au contraire, pour un certain courant égal, pour une certaine mesure qui ne s’abaisse jamais : æquali quadam mediocritate. […] Son cœur se précipitait à coups pressés d’au dedans de sa poitrine : comme un rayon de soleil, rejaillissant d’une eau qu’on vient de verser dans une chaudière ou dans un baquet, s’agite à travers la maison et va frapper tantôt ici, tantôt là, avec un tournoiement rapide, ainsi le cœur de la jeune fille se débattait dans son sein. […] Il prenait encore cette belle comparaison de l’âme en peine avec le rayon de soleil réverbéré dans l’eau : Sicut aquæ tremulum labris ubi lumen ahenis Sole repercussum………. […] Mot à mot : celle-là est la fleur ; c’est-à-dire la fleur des eaux, la plus excellente des eaux. […] Qu’on me permette de hasarder une toute petite observation encore : Virgile, dans sa comparaison, dit lumen aquæ, une lumière d’eau répercutée par le soleil… ; c’est une figure, un hypallage, je crois.

207. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

comment va-t-il profiter des mouvements de terrain, des eaux, des bois, des points de vue ? […] Il retourne bien vite à ses abréviations et à sa monotonie : « Le malheureux rat, étouffé par l’eau, était mort et surnageait attaché à la patte de la grenouille. […] Il faut éclaircir et endiguer cette grande eau troublée ; il faut conter, il ne faut pas que la description couvre et cache l’action. […] « Il y avait deux pigeons qui vivaient heureux dans leurs nids, à couvert de toutes les injures du temps, et contents d’un peu d’eau et de grain. […] Il vint une année de sécheresse, de sorte qu’il ne resta point d’eau dans l’étang.

208. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

En d’autres endroits, elle était cachée sous une couche d’eau stagnante ; des deux côtés, un marécage étendait sa nappe verdâtre, couverte de joncs et d’aunes rabougris. […] Mais il n’avait pas de chance ; sa femme était toujours malade, ses enfants mouraient, et, comme tout paysan russe tombé dans la misère, il ne trouvait plus moyen de revenir sur l’eau. […] lui dis-je. — Oui, mais il n’y a plus d’eau. […] « Voici votre eau ; levez-vous et buvez avec Dieu », prononça derrière moi la voix mâle d’Yégor. […] En ce moment, sur d’autres points de la terre, la vie roule en bouillonnant ses flots écumants et tumultueux ; ici, elle s’épanche silencieuse comme une eau dormante.

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