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887. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

En vérité, ils montrent très clairement de quelle manière l’épopée donna naissance au drame dans le développement de l’art grec. […] On aura beau barbouiller un mur de cave, on ne fera jamais comprendre à un homme le mystère des Sibylles de Michel-Ange, et il n’est point nécessaire d’écrire un seul drame en vers blanc pour être en état d’apprécier la beauté d’Hamlet. […] Le dessinateur systématise et accentue, choisit et rejette, et l’œuvre décorative offre le même rapport avec la reproduction naturaliste que le langage du drame imaginatif avec le langage de la vie réelle. […] Le Mariage fatigué a la concentration et la couleur d’un grand drame et la singularité du style y ajoute quelque chose de grotesque. […] Puis vient un merveilleux entretien, qui offre quelque analogie avec celui du Sphinx et de la Chimère dans le curieux drame de Flaubert.

888. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Le reste de la presse assez ergoteuse, déclarant que ma pièce est une œuvre ordinaire, où cependant se rencontrent une certaine délicatesse, et un style sortant de l’écriture courante des drames de tout le monde… En lisant les journaux, je suis frappé par la sénilité des idées et des doctrines chez les critiques dramatiques. […] Mercredi 18 mars Dans la correction des épreuves des Lettres de mon frère, quand je le retrouve au collège, écrivant un drame en vers sur Étienne Marcel, cela me rappelle que, quelques années avant, dans ce même collège, en rhétorique, j’envoyais à Curmer une monographie de « La Cuisinière » pour Les Français peints par eux-mêmes, puis, que je faisais une « Histoire des Châteaux au moyen âge » pour entrer à la Société d’Histoire de France, tandis que mon frère continuait à versifier et à fantaisier. […] Ces drames de la vie, offerts à ses oreilles, avec les paroles de la vie réelle, ça l’étonne, ça change ses habitudes.

889. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Questionné par moi sur les livres et les auteurs européens, en faveur au Japon, il me cite Le Cid de Corneille et les drames de Shakespeare, — ayant au fond une grande parenté avec les drames héroïques du théâtre Japonais. […] Mais non, ce que vous admirez, avec le plus de chaleur d’entrailles, et qui, selon votre expression, ne vous laisse pas un fil de sec sur le dos, c’est le plus gros drame du Boulevard du Crime, ou la jocrisserie, au comique le plus épais.

890. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

159 C’est un drame et une intrigue, et l’on reste enfin suspendu ; attendant le dénoûment. […] Quand Pilpay veut ouvrir son drame d’une façon naturelle, il se perd dans des récits sans fin, et souvent détruit d’avance sa morale.

891. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il imprimait déjà à ses vers ce tour spirituel, original, capricieux, caractère des drames légers de son petit-fils. […] Mais ce n’était ni son chant, ni son geste, ni son drame que j’admirais le plus en elle, c’était sa personne.

892. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Dans la messe grecque dite de saint Jean Chrysostome, la liturgie formait un drame lyrique, où, pendant la prière à demi-voix récitée par le prêtre, la voix du peuple éclatait par cet hymne : « Dieu saint qui reposes dans le sanctuaire199, chanté trois fois par les séraphins, glorifié par les chérubins, et adoré par toute vertu céleste ! […] Toutes ces magnifiques images, ces secousses de la pensée, ces élans de tendresse ou de douleur, ces dialogues de Dieu avec l’âme et de l’âme avec elle-même, toutes ces surprises, toutes ces épouvantes du drame lyrique de David, ne se retrouvent pas sans doute dans les hexamètres d’Apollinaire ; et cependant là même, ces belles hymnes, dont les premiers versets latins sont, pour ainsi dire, le titre vulgaire connu de ceux même qui ne le comprennent pas : Quare fremuerunt gentes ?

893. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Il en a fait ces admirables petits drames, qui vont parfois jusqu’à la grandeur : mais son talent et son génie, ç’a été surtout de s’y être mis lui-même, de n’y avoir vu qu’un cadre à parler de l’amitié, de la campagne, de la solitude, du sommeil, de tous ces charmes qu’il sentait si bien : « Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?

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