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137. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

C’est un drame en trois journées et en prose. […] Quoi qu’il en soit, je n’attente sur les droits d’aucun genre ni sur l’opinion de personne, puisque je ne classe pas mon ouvrage et que je déclare que je trouverai fort bon que ceux qui ont refusé aux pièces de Shakespeare le nom de tragédies, quoiqu’elles inspirent la terreur et la pitié, donnent à mon drame le nom de farce, quoiqu’il n’inspire pas le dégoût. […] C’était l’opinion de Dorat, car Dorat connut le drame de Ramond, et, qui plus est, il l’inséra tout entier dans son Journal des dames (octobre 1777). […] Flatté de l’attention du célèbre petit-maître en poésie, que de loin on se figurait moins frivole qu’il ne l’était, il lui adressait de Paris où il était venu, à la date du 4 février 1778, la lettre suivante, qui accompagnait l’envoi de ses Élégies : Le jeune auteur d’un drame auquel M.  […] Aussi le vit-on bientôt s’y exercer lui-même par un drame intitulé La Guerre d’Alsace (1780), et en tête duquel il invoquait comme autorités et comme précédents les tragédies historiques de Shakespeare, les tragédies politiques de Bodmer, et surtout le Goetz de Berlichingen de Goethe.

138. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

En d’autres temps, en des temps comme les nôtres, où les proportions du drame doivent être si différentes de ce qu’elles étaient alors, qu’aurait-il fait ? […] Or, est-ce davantage vouloir renverser Racine que de déclarer qu’on préfère chez lui la poésie pure au drame, et qu’on est tenté de le rapporter à la famille des génies lyriques, des chantres élégiaques et pieux, dont la mission ici-bas est de célébrer l’amour (en prenant amour dans le même sens que Dante et Platon) ? […] Le jeu de Talma, c’était tout le style dramatique mis en dehors et traduit aux yeux. — Les personnages du drame, vivant de la vie réelle comme tout le monde, doivent en rappeler à chaque instant les détails et les habitudes. […] Le pittoresque épique, le descriptif pompeux sied mal au style du drame ; mais sans se mettre exprès à décrire, sans étaler sa toile pour peindre, il est tel mot de pure causerie qui, jeté comme au hasard, va nous donner la couleur des lieux et préciser d’avance le théâtre où se déploiera la passion. […] Le style de Racine convient à ravir au genre de drame qu’il exprime, et nous offre un composé parfait des mêmes qualités heureuses.

139. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Amy Robsart, drame en prose, et les Jumeaux, drame en vers, inachevé, viennent de paraître. […] Ce drame est de George Sand, écrit tout entier de sa main. […] Elle a déchaîné le drame dans sa maison. » Il y est, au troisième acte, le drame, il y est pleinement. […] Il en sort un drame. […] Et remarquez qu’ici il y a un drame apparent avec une comédie derrière et que la comédie qui a inventé le drame semble se moquer du drame qu’elle a inventé.

140. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

C’était là le fondement de son aversion pour le drame : il l’estimait surtout inutile, et, quand on lui parlait d’un certain Vindicatif que composait un des partisans du nouveau genre, il demandait s’il pouvait y avoir un plus grand « vindicatif » qu’Atrée. […] Il se révolta aussi lorsqu’il vit, sous l’influence combinée du théâtre anglais et du drame, un pathétique grossier et brutal envahir la tragédie. […] Un seul homme est à signaler, c’est Ducis, pour ses adaptations des drames shakespeariens : Hamlet (1769), Roméo et Juliette (1772), le Roi Lear (1783), Macbeth (1784), Jean Sans Terre (1791), Othello (1792). Mais ces drames qui réduisent Shakespeare à l’étroitesse de la technique voltairienne, ces drames sont illisibles, et ridicules aujourd’hui.

141. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

La destinée malheureuse de ce drame n’a pas fléchi la volonté nouvelle de M.  […] Dumas et Hugo ; car il est séparé par un immense intervalle du drame sensuel et du drame splendide. […] Reste le drame. Or, en quoi le drame diffère-t-il de la tragédie et de la comédie ? […] Ne faut-il pas chercher en quoi la tragédie et le drame diffèrent, en quoi la tragédie et le drame se ressemblent ?

142. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Ce n’est pas tout : la terreur et la pitié, qui étaient tout dans le drame grec, ne sont plus le principal objet du théâtre français. […] En France, elles ont un rapport étroit avec la conception même de notre drame. Le principal objet de ce drame étant la lutte morale, cette lutte est d’autant plus intéressante qu’elle est plus concentrée ; de là l’unité d’action. […] Le drame étant tout idéal, peu importe en quel lieu, en quel temps il se passe. […] Au contraire, il est tout dans le système anglais ; de là la réalité du lieu et du temps dans les drames de Shakespeare, et de là, comme conséquence, la diversité des lieux et des temps.

143. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Mais, en outre, que ce récit nous donne bien la morale du drame ! […] Le Drame historique et le Drame passionnel, tel sera le titre du troisième volume. […] ) Oui, c’est bien le drame romantique. […] Et alors, quel drame ! […] » Le drame de M. 

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