/ 1194
117. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Cours de littérature dramatique, par M.  […] Il dirait volontiers avec ce personnage de Montesquieu, dans les Lettres persanes : « Voici les poètes dramatiques, qui, selon moi, sont les poètes par excellence et les maîtres des passions… Voici les lyriques, que je méprise autant que j’estime les autres, et qui font de leur art une harmonieuse extravagance. » Il y a là, certainement, une lacune dans la manière dont M.  […] Le fort de sa spirituelle critique s’est concentré sur le dramatique, et c’est de ce côté qu’il bat les modernes. […] Mais la poésie dramatique, celle qui présente les passions du cœur humain aux prises dans les diverses variétés sociales, celle-là il la recherche et il la goûte ; il aime à en disserter, et il trouve à en dire les choses les plus ingénieuses et les moins prévues, qui n’en sont pas moins justes pour cela.

118. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

L'antique modestie des matrones romaines admirablement peinte en vers simples, fidèles, une grande et vraie connaissance de l’Antiquité ; à tout moment d’heureuses réminiscences ou même des traductions, mais heureusement amenées à l’état de moyens dramatiques. […] Le récit si dramatique de Tite-Live a été très-bien suivi et développé, ainsi qu’un très-beau récit d’Ovide (Fastes, livre Il).

119. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

. — Ce rôle a été senti, applaudi, avec une intelligence morale que l’auditoire semblait retrouver après tant d’excès et de fatuités dramatiques dont on l’a rassasié jusqu’au dégoût. […] L'originalité, à mon sens, serait qu’il fût épique ou dramatique, c’est-à-dire qu’il portàt la main là où on a manqué !

120. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

Le défaut d’une œuvre dramatique ainsi conçue peut-être de manquer de mouvement : quand, dans un drame, on néglige le mouvement extérieur, il faut, nous semble-t-il, montrer, presque à chaque réplique, que croissent ou diminuent les passions des personnages ; ainsi le drame reste vivant, d’un mouvement passionnel. […] Villeroy languit-elle à certains moments ; la gradation des sentiments n’est pas toujours assez marquée ; mais il est des scènes bien animées et vraiment dramatiques : celle, par exemple, qui termine le second acte, où Hérakléa cesse de croire aux Dieux, et, bravant le grand-prêtre Chrysès, décide l’empereur à agir contre la volonté de tous.

121. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Cela était devenu, au xve  siècle, un genre dramatique régnant, débordant, universel ; le xve  siècle, dans toute sa durée, fut l’âge florissant des Mystères. […] Les grands et immortels drames de Polyeucte, d’Esther, d’Athalie, ne sont pas la suite et la continuation de ce premier mouvement et de cette production dramatique religieuse qui a fini sous les risées au xvie  siècle, il y eut interruption totale, et il fallut tout recommencer. […] C’est fâcheux, car ce serait le meilleur exemple à nous offrir de ces sortes de compositions dramatiques, si tant est que les érudits en telle matière ne se trompent pas en nous le déclarant le plus parfait en son genre. […] Il avait un frère également homme d’église, poëte et auteur dramatique. « Les deux Gresban au bien résonnant style », a dit Marot. […] Ici l’on a affaire à une légende du moins un peu plus dramatique : c’est toute une histoire inventée pour rendre ce traître plus horrible.

122. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Il s’est donc attaché à notre grand tragique, et il s’est complu à démontrer en lui une âme et une intelligence essentiellement historique, pleine de prévisions et de divinations : non qu’il ait jamais supposé que le vieux poète, en s’attaquant successivement aux divers points de l’histoire romaine pendant une si longue série de siècles, depuis Horace et la fondation de la République jusqu’à l’Empire d’Orient et aux invasions d’Attila, ait eu l’idée préconçue d’écrire un cours régulier d’histoire ; mais le critique était dans son droit et dans le vrai en faisant remarquer toutefois le singulier enchaînement qu’offre en ce sens l’œuvre dramatique de Corneille, et en relevant dans chacune de ses pièces historiques, même dans celles qu’on relit le moins et qu’on est dans l’habitude de dédaigner le plus, des passages étonnants, des pensées et des tirades dignes d’un esprit politique, véritablement romain. […] Desjardins, Napoléon, s’entretenant de Corneille et au sortir sans doute de quelque belle représentation dramatique, aurait dit : « Si Corneille eût vécu de nos jours, j’en eusse fait mon premier ministre. » Bien d’autres, avant notre auteur, sont allés redisant cette parole. […] L’action, l’arrangement dramatique, les caractères, les mœurs, la langue, tout enfin, les vers même offrent les défauts les plus graves ; et la barbarie d’un art qui commence à peine à se former ne suffit pas, il s’en faut, à les excuser. […] Si nous avions un seul homme, un seul génie dramatique à déléguer dans ce congrès universel, ce ne serait pas Corneille, ce serait Molière qu’il faudrait y députer. […] Corneille, Racine et Molière, deux Cours sur la poésie dramatique française au xviie  siècle, par M. 

123. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

nous sommes au milieu de l’Europe, scène vaste & imposante des évènemens les plus variés & les plus étonnans, & nous n’aurions pas un Art Dramatique à nous ! […] & avec les idées nouvelles & fécondes qui en résultent, nous n’aurions pas un Art Dramatique à nous ! […] Qui a élevé ces barrieres entre les Poètes Dramatiques de deux Nations voisines ? […] L’homme vraiment précieux est donc Molière : c’est l’Auteur Dramatique dont les François peuvent réellement s’enorgueillir. […] La peinture dramatique exige donc qu’avec l’affection dominante, on détermine encore les mœurs de l’homme, sans quoi l’on peindra bien la passion, mais d’une maniere abstraite.

/ 1194