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241. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le théâtre annamite »

J’ai vu les Aïssaouas, pendant des quarts d’heure qui semblaient des heures très longues, secouer leurs têtes comme des loques au-dessus d’un brasier, avec des miaulements lamentables… Mais ces têtes étaient charmantes, mais ces cris étaient doux et berceurs comme le bruissement des feuilles, comparés aux cris et aux têtes des acteurs du théâtre annamite. […] les Zoulous me sont maintenant doux à voir, et je baiserais les Achantis sur la bouche !

242. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Et comme je regardais ce bel endroit, Soudainement je crus respirer une si douce odeur D’églantier, que certainement Il n’y a point, je crois, de cœur au désespoir, Ni si surchargé de pensées chagrines et mauvaises, Qui n’eût eu bientôt consolation S’il eût une fois senti cette douce odeur. […] — Et comme j’étais assise, écoutant de cette façon les oiseaux, Il me sembla que j’entendais soudainement des voix, Les plus douces et les plus délicieuses Que jamais homme, je le crois vraiment, Eût entendues de sa vie ; car leur harmonie Et leur doux accord faisaient une si excellente musique, Que les voix ressemblaient vraiment à celles des anges193. […] Il est homme expert, il écoute la confession d’un air agréable et doux ; son absolution est tout aimable ; pour les pénitences, il est accommodant. […] L’accent mâle et ferme se soutient d’abord ; puis une note grêle et douce vient indiquer que cette croissance n’est pas achevée et que cette force a des défaillances. […] Il ressemble au vieux secrétaire d’une cour d’amour, André le Chapelain ou tout autre, qui passerait le jour à enregistrer solennellement les arrêts des dames, et le soir, appesanti sur son pupitre, verrait dans un demi-songe leur doux sourire et leurs beaux yeux.

243. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

— Mais monsieur, me répondit-elle d’une voix douce, sensible et un peu tremblante, il n’y a que vous qui ne puissiez pas le deviner : nous n’en avons point d’autre que celui que nous accomplissons en ce moment ; vous voir, et ne pas même vous déranger pour vous entretenir de nous. […] Saint-Sorlin, grand village riche, capitale rurale du pays ; l’autre se détourne à gauche et gravit une montée douce qui s’élève sur une crête de vignobles à peu près en face d’ici, puis redescend en pente douce jusqu’à un clocher grisâtre qui marque la paroisse de Bussières. […] XIV Enfin nous nous levâmes à la douce vois d’une femme jeune qui entrait dans l’ombre et qui nous demanda pardon de nous déranger dans notre pèlerinage. […] dit une voit douce en pleurant, que le Seigneur bénisse ce monsieur, mon vieux père, vous, mes sœurs, et madame Valentine qui a bien pensé à moi dans ma misère ; que le bon Dieu leur rende le bien qu’ils vont me faire. […] C’étaient des gens aussi doux que les maîtres.

244. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

« Madame ma bonne amie, on me vient de donner la relation de la pauvre jeune reine Jeanne Cray, décapitée à dix-sept ans, et ne me suis pu retenir de pleurer à ce doux et résigné langage qu’elle leur a tenu à ce dernier supplice. Car jamais ne vit-on si douce et accomplie princesse, et vous voyez qu’est à elles de périr sous les coups des méchants. […] Marie seule le pleura sincèrement, comme un compagnon doux et complaisant de son adolescence plus que comme un époux. […] Ils sont doux, tristes et tièdes, comme une première mélancolie de l’âme, avant l’âge des désespoirs passionnés : Ce qui m’estoit plaisant Ores m’est peine dure ; Le jour le plus luisant M’est nuit noire et obscure, .......... […] Knox aimait cette Thébaïde, cet enclos, ces rives de l’étang. « C’est là qu’il serait doux de se reposer, disait-il ; mais il faut plaire au Christ. » Plaire au Christ, c’était pour Knox, comme pour Philippe II d’Espagne et pour Catherine de Médicis de France, massacrer ses ennemis.

245. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Le vin pur, Acratos, et le vin doux, Edoinos, se sont élancés de leur tonne, une torche au poing, pour rallier la troupe altérée. […] Par une exception assez rare, la vengeance du dieu est cette fois indulgente et douce : des mariniers changés en poissons ne sortent presque pas de leur élément. […] Non content d’avoir détrôné Pluton, Bacchus lui prend sa sombre et douce Perséphone, oubliant qu’il est son fils, d’après le mythe même qui l’a fait roi du Tartare. […] Il mourait, mais ressuscitait sous le ciel doux de l’automne, lorsque son sang grossissant les fleuves avait fertilisé le sol desséché. […] Mais la jeune reine des Enfers s’éprit de ce doux garçon ; lorsque Cypris le réclama, elle ne voulut plus le lui rendre.

246. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

C’est l’hiémale nuit et ses buées et leurs doux comas. […] C’est l’hiémale nuit et ses buées et leurs doux comas. […] Un doux jaillissement de clartés défloque. […] Le sourire sphinxial de doux masques. […] … De rudes odeurs telluriques, de douces aussi.

247. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Il est de tous le plus simple et le plus doux. […] Marlowe lui-même, le terrible peintre de l’agonie d’Édouard II, l’emphatique et puissant poëte qui composa Faust, Tamerlan et le Juif de Malte, quitte ses drames sanglants, son grand vers tonnant, ses furieuses images, et rien n’est plus musical et plus doux que ses chansons. […] Il rencontre un jour une belle paysanne et l’aime ; peu à peu, en lui parlant, il se rappelle Argentile et pleure ; il décrit son doux visage, sa taille ployante, ses fins poignets veinés d’azur, et tout d’un coup voit la paysanne qui défaille. […] Le fin Arioste, l’ironique épicurien, en charme ses yeux et s’en égaye en voluptueux, en sceptique qui jouit deux fois du plaisir, parce que le plaisir est doux et qu’il est défendu. […] Elle l’avait cherché dans les cours, dans les cités, dans les chaumières, promettant de doux baisers à qui dénoncerait sa retraite, et à qui le ramènerait, des choses plus douces encore.

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