Lui, il était franc, sobre et non pas du tout libéral et banal d’éloges envers autrui : on a dérogé à cette réserve qui lui était habituelle et qui tenait à son goût même ; la publication présente semble s’être faite sous l’invocation d’une clémence universelle, et tous les noms du temps (y compris le nôtre) y ont reçu des éloges charmants, bien doux à l’amour-’propre, mais qu’il n’eût certes pas tous également ratifiés. […] Mais, par une raison contraire, elle n’est point offensée de nos monosyllabes français, parce qu’elle y est accoutumée, et que non-seulement il n’y a point de rudesse à en joindre plusieurs ensemble, mais il y a même de la douceur, puisque l’on en fait des vers tout entiers, et que celui de M. de Malherbe qu’on allègue pour cela est un des plus doux et des plus coulants qu’il ait jamais faits.
Ce n’est le tout : chez l’espèce femelle, Il brille encor malgré son poil grison ; Et n’est caillette, en honnête maison, Qui ne se pâme à sa douce faconde. […] Chargé sur ces entrefaites de recevoir à l’Académie Mirabaud, le traducteur du Tasse, et secrétaire du duc d’Orléans, il fit selon ses habitudes et mêla à son compliment une note de cette douce faconde dont on le raillait.
Virgile est un doux nom, cher à l’oreille et au cœur de tous : il est devenu tel à travers les âges ; il s’est francisé sous cette forme, et nul ne peut songer à nous le ravir : mais en latin il est bien certain que le nom est P. […] C’est-à-dire : « Quiconque est assez hardi pour ne pas craindre l’amour, celui-là en fera l’expérience ou douce ou amère. » Quelle que soit la simplicité du bonhomme Palémon, cela me paraît trop ressembler à une vérité de La Palisse.
Dans les premiers moments de sa retraite à Veretz, vers 1658, il avait bien pu borner ses vues à mener une vie innocente, confinée en une solitude exacte et entretenue de pieuses lectures ; mais il n’avait pas tardé, disait-il, à comprendre qu’un état si doux et si paisible ne convenait pas à un homme dont la jeunesse s’était passée dans de tels égarements. […] Ces âmes-là, une fois prises, n’ont que faire d’un doux et faux bonheur, au sein duquel elles se sentiraient éternellement désolées.
De quel doux orgueil a dû sourire, tout indolent Tourangeau qu’il est, le possesseur de La Grenadière ! […] Je me mis à verser un torrent de larmes ; qu’elles étaient douces !
Son christianisme est doux et tempéré, on le voit ; accommodant, mais pur ; c’est un christianisme formel qui ordonne à la fois la pratique de la morale et la croyance des mystères, d’ailleurs nullement farouche, fondé sur la Grâce et sur l’amour, fleuri d’atticisme, ayant passé par le noviciat des jésuites et s’en étant dégagé avec candeur, bien qu’avec un souvenir toujours reconnaissant. […] Lenglet l’avait brutalement accusé de s’être laissé enlever par une belle : Prévost répondit que de tels enlèvements n’allaient qu’aux Médor et aux Renaud, et il exposa en manière de réfutation le portrait suivant, tracé de lui par lui-même : « Ce Médor, si chéri des belles, est un homme de trente-sept à trente-huit ans, qui porte sur son visage et dans son humeur les traces de ses anciens chagrins ; qui passe quelquefois des semaines entières dans son cabinet, et qui emploie tous les jours sept ou huit heures à l’étude ; qui cherche rarement les occasions de se réjouir ; qui résiste même à celles qui lui sont offertes, et qui préfère une heure d’entretien avec un ami de bon sens à tout ce qu’on appelle plaisirs du monde et passe-temps agréables : civil d’ailleurs, par l’effet d’une excellente éducation, mais peu galant ; d’une humeur douce, mais mélancolique ; sobre enfin et réglé dans sa conduite.
Bayle, autrement favorisé et pétri selon un plus doux mélange, se trouva, dès sa première flamme jetée, une nature tout aussitôt réduite et consommée, et à partir de là il ne perdit plus jamais son équilibre. […] Je n’ai jamais pu souffrir le miel, mais pour le sucre je l’ai toujours trouvé agréable : voilà deux choses douces que bien des gens aiment. » Toute la délicatesse, toute la sagacité de Bayle, se peuvent apprécier dans ce trait et dans le précédent.