On leur passe leur âpreté, parce que leur cœur est le premier à saigner des blessures qu’ils font, et que sous l’ironie excessive on sent l’excès de la douleur. […] Quand on a l’esprit de rédiger de ces prospectus-là, la douleur, nous le craignons, n’est qu’un artifice de plus ajouté au prospectus. […] L’esprit peut être sombre, déchirant, plein de douleur. […] Joies, douleurs, déceptions, espérances, il ramasse toute sa vie en ce point culminant. […] Aussi bien ne revint-il en France que pour y subir de nouveaux dégoûts et une grande douleur : la mort du duc d’Orléans.
Il s’arracha avec douleur à la chère colonie qui devait passer un second hiver sur cette terre illustre. […] Nous avions, discuté ensemble le moment où mon voyage à Cannes lui serait le plus agréable et où les anxiétés et les douleurs dans lesquelles j’ai passé l’hiver, étant moins violentes, rendraient mon départ plus facile. […] J’arrivais ainsi lundi de la semaine dernière à Marseille, quand un journal m’a appris que l’avant-veille il avait cessé de vivre. — J’ai d’abord été comme fou de douleur et de stupeur. […] Fidèle à sa mémoire, il continua de vivre, soit en Italie, soit en France, auprès de la famille adoptive dont il avait partagé et contribué à adoucir les douleurs.
Toute sa vie fut semblable à ce moment, comblée et ravagée de douleurs et de haines. […] Ainsi concentré, il comprend mieux et il souffre davantage ; l’emportement ne vient point soulager sa colère ou dissiper son attention ; il sent toutes les pointes et pénètre le fond de l’opinion qu’il déteste ; il multiplie sa douleur et sa connaissance, et ne s’épargne ni blessure, ni réflexion. […] Ni Faust ni Manfred n’ont épuisé la douleur humaine ; ils n’ont bu de la cruelle coupe que le vin généreux, ils ne sont point descendus jusqu’à la lie. […] Au contraire, le cruel esprit positif ne s’attache qu’aux bassesses ; il ne veut voir que l’envers des choses ; armé de douleur et d’audace, il n’épargne aucun détail ignoble, aucun mot cru.
Il n’écrit que par petites phrases saccadées, qui ressemblent à des accès de douleur. […] Ce qu’il chante, c’est son amour, sa douleur, ses joies, ses espérances infinies. […] La sensibilité violente est la moitié du génie ; pour arracher les hommes à leurs affaires, pour leur imposer ses douleurs et ses joies, il faut une surabondance de douleur et de joie. […] Saint-Simon a des fureurs de haine, des ricanements de vengeance, des transports de joie, des folies d’amour, des abattements de douleur, des tressaillements d’horreur que nul, sauf Shakespeare, n’a surpassés. […] « Ce lui était une grande douleur de voir qu’elle n’était plus maîtresse de cacher ses sentiments, et de les avoir laissés paraître au chevalier de Guise.
Nous vivons parmi tant d’incertitude, nous nous débattons parmi tant de douleurs morales que la résignation même doit nous paraître complice. […] Un objet de risée ou de honte et de douleur. Et c’est là, aussi, ce que l’homme doit être pour le Surhomme : un objet de risée, de honte et de douleur. […] Accablé, un moment, de douleurs morales et physiques, il ne fléchit pas. […] Et alors, tu retrouveras chaque douleur et chaque joie, et chaque ami et chaque ennemi, et chaque espoir et chaque erreur, et chaque brin d’herbe et chaque rayon de soleil, et toute l’ordonnance de toutes choses.
Ni l’honneur ni le devoir n’exigent qu’une jeune fille dont on a tué le père aille étaler à la cour son deuil et sa douleur, et demande à grands cris le sang du meurtrier. […] Cependant Voltaire, ce philosophe si humain, qui s’est d’abord montré si tolérant à l’égard de Sabine, finit par insulter à sa douleur ; il assure que Sabine n’est introduite dans la pièce que pour se plaindre . On est las , dit-il, de voir une femme qui a toujours eu une douleur étudiée ; cette douleur ne peut faire aucun effet. […] Demander pourquoi Cinna n’éprouve pas des remords à la minute, et dans l’instant même qu’Auguste lui témoigne de la bonté, c’est demander pourquoi un homme blessé sent à peine le coup dans la chaleur du combat, et n’éprouve les douleurs de la blessure que longtemps après, lorsque le repos a calmé l’agitation du sang. […] Lorsqu’il a découvert la conspiration, son premier sentiment est celui de l’amitié trahie : indifférent sur son propre danger, il ne se montre sensible qu’à la douleur d’être haï ; il semble ne pouvoir ni régner ni vivre, s’il ne peut être aimé.
Pendant ces huit mois, il fut en proie à des douleurs incessantes, qui parfois lui ôtaient la possibilité même de parler ; il resta cependant doux et tendre envers tous ceux qui l’approchaient, les encourageant et se disant heureux. […] Il avait le respect de l’âme humaine ; il en savait la faiblesse et se gardait de porter la main sur ce qui peut la fortifier contre le mal ou la consoler dans la douleur. […] Il nous a laissé dans la préface de l’Histoire de la Révolution le témoignage du culte qu’il portait à son père et de la douleur que lui causa sa mort. […] La première est remplie par l’amitié de Michelet pour Poinsot ; dans la seconde, Michelet cherche dans le travail et l’activité intellectuelle un remède à la douleur poignante causée par la mort de son ami. […] Mais l’instant le plus cruel, où je me sentis étouffé, écrasé d’une douleur sans nom, ce fut celui de la descente dans la fosse.