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579. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Fior d’Aliza (suite) Chapitre V (suite) CXLIII Je ne sais pas combien de temps, monsieur, je restai ainsi évanouie de douleur sur les marches de la petite chapelle, au milieu du pont, devant la niche grillée de la Madone. […] Car ils m’avaient entendue, en s’approchant aux pas lents des bœufs, pendant que je jouais les dernières notes de ma litanie de douleur et d’amour, toute seule devant la niche du pont. […] CXLIX Ces récits du jeune bouvier, qui m’avaient laissée d’abord distraite et froide, me firent tout à coup tressaillir, rougir et pâlir quand il était venu à parler de geôle, de geôlier, de cachots et de prisonniers ; car l’idée me vint tout à coup que la maison où allait se réjouir cette noce de village était peut-être précisément celle où l’on aurait jeté sur la paille le pauvre Hyeronimo, et que la Providence me fournirait peut-être par cet évanouissement de douleur sur la route et par cette fortuite rencontre, une occasion de savoir de ses nouvelles, et, qui sait, peut-être de parvenir jusqu’à lui.

580. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Vous n’ignorez pas ; les chants désespérés… et, résolu à ne rien prendre au tragique, je vous dirai que l’étoffe lyrique se mesure à la douleur : la douleur est son mètre. Mais l’homme malheureux ne se contente pas, fût-il aigri et plein de Heine, de faire de petites chansons avec ses grandes douleurs : il construit, dans ses vers, les pays heureux où il voudrait vivre… et ne point mourir.

581. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Habituellement nous n’y prenons pas garde, parce que notre attention tombe sur ces sensations particulières, plus ou moins intenses, de plaisir et de douleur, qui prédominent sur les objets de ce panorama sensitif. » « La quantité de lumière qui nous vient des étoiles peut être petite, mais elle existe. […] La doctrine des écoles, dit-il, est celle-ci : « Les actions nerveuses mentales, les actes de sensation et de volition, ne peuvent avoir lieu sans cerveau251. » Vous tirez sur la queue d’un chien, il crie. « Et le physiologiste qui vous reprocherait d’avoir fait mal à son chien, vous assurera tranquillement que ses cris ne marquent ni douleur ni sensation, quand son cerveau a été enlevé. « Purement réflexe, mon cher monsieur !  […] Puis l’ayant décapité, il le soumet de nouveau aux mêmes expériences ; les réactions de l’animal sont exactement semblables : il cherche à se dérober à la douleur, à se débarrasser de l’acide qui le brûle.

582. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

. ; enfin un tableau pris dans le Plaisir ou la Douleur, à tous les étages et dans tous les quartiers, mais cela fait rigoureusement d’après nature et non de chic, et pouvant servir de document historique pour plus tard — nous plaignant de ce que les siècles futurs n’auraient pas de renseignements de visu authentiques sur le « Paris moral » de ce temps. […] Ses regards se croisaient sur le bois qu’il dessinait… puis c’étaient des douleurs soudaines, comme si on lui tirait des coups de fusil à travers la tête. […] Ce champ de tombes prêche le dénouement de la volonté… Une mélancolie emportée bientôt par les niaiseries de la douleur bourgeoise.

583. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Bientôt il souffrait des douleurs atroces. […] Et il dit, que cette hantise de la mort, et peut-être une évolution des idées philosophiques, amenée par le décès d’un être cher, il songe à l’introduire dans un roman, auquel il donnerait un titre, comme « La Douleur ». […] Il avait assisté à la séparation d’une mère et de son enfant, et chez cette mère, la douleur s’était témoignée par un affaissement sur elle-même, coupée par un hi hi, sans qu’elle serrât dans ses bras, sans qu’elle embrassât son enfant.

584. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

On trouva sur son cœur son memento : « Seigneur, mon Dieu, dès maintenant, quel qu’en soit le genre et selon qu’il vous plaira, d’un cœur tranquille et soumis, j’accepte de votre main la mort avec ses angoisses, ses peines et ses douleurs ». […] Ses violences contiennent un élément de douleur et de tristesse. […] Ma seule douleur, mon seul regret sera de penser à la peine que vous fera ma mort.

585. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

L’imitation du laid et de la douleur (au moins de la douleur physique, qui n’implique pas une grandeur morale) n’est point essentielle à l’art ; elle est, comme toute imitation et toute fiction, la conséquence même d’une certaine impuissance. […] Que la douleur et la lutte surviennent, que l’hostilité et la colère éclatent, aussitôt les membres se raidissent. […] La profondeur de l’amour, pour Musset, se mesure à la douleur même que l’amour produit et laisse en nous : aimer, c’est souffrir ; mais souffrir, c’est savoir. […] Autant le rythme est l’expression naturelle de l’émotion, autant il semble étrange au premier moment de rimer sa joie ou ses douleurs. […] Voir « La Douleur », par M. 

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