Il n’en a fait ni une poésie, ni une passion fatale, ni une douleur, ni un remords, ni un repentir, ni un dégoût après l’ivresse, ce qui serait une poésie encore.
» Enfin un fragment, douteux encore dans sa tristesse, ferait supposer que Sapho eut la douleur de survivre à sa fille ; et on voudrait qu’il n’y eût pas eu plus grand deuil dans sa vie.
Avec quelle franchise, après avoir amené une situation, il la pousse jusqu’au bout et en tire tout ce qu’elle enferme de douleurs ou de rire ! […] Il y a des scènes dont on pourrait tirer parti : celle de l’interrogatoire pourrait être animée des sentiments les plus vifs d’étonnement, de colère et de douleur. […] Et le père et la fille, et celui qui se désespère et celle qui console, tous deux cherchent à se convaincre par une argumentation en forme, et cette argumentation, si serrée qu’elle soit, n’en est pas moins pleine de tendresse chez l’un, de douleur chez l’autre. […] Rien de plus poignant que sa douleur. — Ne m’importunez plus, lui dit Vénus. […] Elle est restée un instant sans souffle, puis, sa douleur se faisant jour, elle a donné au texte de Molière toute l’intensité de douleur dont elle est capable.
Lorsqu’il entend son arrêt de mort, Brotteaux veut sourire, mais une atroce douleur lui saisit le cœur et les entrailles et il est près de défaillir. […] Loin de notre âme la douleur, vêtement de cendre ! c’est un misérable esclave, celui qui fait de la douleur son vêtement. […] Tout, au contraire, augmente sa douleur et sa haine de son péché. […] Même pour les martyrs chrétiens, la douleur est non pas un bien en soi, mais une épreuve, un moyen de mériter le souverain bien, la vie éternelle.
Le premier jour ou un pâtre arya modula une onomatopée admirative ou joyeuse ou éclata en sanglots, le poème était fondé, et le poème ne servit depuis qu’à développer le cri de joie et le cri de douleur de l’humanité. […] Jean Ajalbert, dans le P’tit, ne témoigne non plus pour les êtres une estime extraordinaire ; mais avec un nonchalant recueillement, il se console en admirant les quais, les bateaux et les soleils couchants ; les douleurs du P’tit, peu graves pour l’évolution mais très sincères chez le P’tit, s’encadrent, comme d’un chœur antique, de propos rythmés sur son passage par les dames de son quartier : les douleurs du P’tit ont lieu dans des paysages de banlieue et de petite ville. […] Cet amour, il l’étudie en ses phases essentielles, soit, comme dans le Corbeau, en son aspect le plus définitif et le plus complet, le regret de la perte définitive d’une femme aimée, soit dans la forme que reprend cette femme dans la pensée de l’amant (Ulalume), soit dans la suggestion émanant d’un paysage, dont les mélancolies s’alliant au souvenir immanent, imposent à l’esprit un regret plus amer de l’être perdu et provoquent une douleur physique, cardiaque. […] D’autre part, bien des intangibles vérités ne sont saisissables que par leurs contrastes qui sont, dans la vie, les douleurs, les misères, les ridicules. […] Aussi, les projets d’amélioration agricole de Lévine nous laissent froids ; mais la beauté du livre réside dans la présentation vive des bonheurs que l’homme peut rencontrer sur la voie rectiligne et ordinaire (Lévine fauchant les foins, — les joies et les douleurs de Lévine pendant l’accouchement de sa femme) el, en face, du bonheur et des douleurs et des catastrophes de la passion (vie de Wronsky et d’Anna).
X Filis s’est amélioré moralement ; il est sérieux, il est fidèle en politique à de certains principes ; il s’est marié et a des vertus domestiques ; il pleure la mort d’un enfant, d’une mère, avec une douleur vraie et des larmes abondantes qui sortent du cœur. […] Flourens, au moment où il se promettait de ne pas me donner sa voix, me disait avec tendresse : « Je vous assure qu’il ne m’est jamais arrivé d’être reçu dans un corps savant, sans éprouver en même temps une véritable peine, une peine très vive, en songeant aux hommes de talent et de mérite qui se trouvaient évincés et ajournés par ma nomination : au milieu de ma satisfaction personnelle, j’en ressentais une sorte de douleur ! […] Il prend sur sa lyre des accents d’une vérité déchirante, ce sentiment qui tient à la douleur par un lien, par tant d’autres à la volupté. On a reconnu la matière des vers célèbres de Musset : Amour, fléau du monde, exécrable folie, Toi qu’un lien si frêle à la volupté lie, Quand par tant d’autres nœuds tu tiens à la douleur !
— Et l’heureuse âme, qui tout à l’heure sera plongée dans des flots de feu, — ou résidera dans des régions frissonnantes barrées d’une triple enceinte de glace, — ou sera emprisonnée dans les vents aveugles, et roulée avec une violence incessante tout autour de ce monde suspendu, — ou, pis que le pire de tout cela, — au-delà de ce que les pensées sans loi ni limite imaginent, hurlantes, — c’est trop horrible27. » Les plus grands parlent avec une résignation morne de la grande obscurité infinie qui enveloppe notre pauvre petite vie vacillante, de cette vie qui n’est qu’une « fièvre anxieuse », de cette triste condition humaine qui n’est que passion, déraison et douleur, de cet être humain qui lui-même n’est peut-être qu’un vain fantôme, un rêvé douloureux de malade. […] Qu’elle souffre du cœur, ces douleurs-là sont pires que celles de la chair. […] Rien que les heures de répit dans une fièvre, un repos qui nous prépare à supporter la douleur. — Quand nous tombons par l’ambition, par le meurtre, par la volupté, — toujours comme les diamants, nous sommes tranchés par notre propre poussière75. » Vous ne trouveriez rien de plus triste et de plus grand de l’Edda à lord Byron. […] Avant d’abandonner mon âme à mes douleurs, Il me faut essayer la force de mes pleurs ; En qualité de fille ou de femme, j’espère Qu’ils vaincront un époux ou fléchiront un père : Que si sur l’un ou l’autre ils manquent de pouvoir, Je ne prendrai conseil que de mon désespoir.