Plus que personne, Stendhal avait besoin qu’une grande et généreuse doctrine ajoutât à ses facultés et les étoffât.
Mais le fait que, consciemment ou non, la théorie de la Relativité substitue au temps des lignes de lumière met en pleine évidence un des principes de la doctrine.
Aux idées pures et spirituelles d’un dieu unique, on proposa les idées platoniciennes sur la divinité ; à un dieu en trois personnes, cette fameuse trinité de Platon ; aux anges et aux démons, la doctrine des génies créés pour remplir l’intervalle entre Dieu et l’homme ; à l’idée d’un dieu médiateur, la médiation des génies célestes ; aux prophéties et aux miracles, la théurgie, qui, à force de sacrifices et de cérémonies secrètes, prétendait dévoiler l’avenir, et opérer aussi des prodiges ; enfin, à la vie austère des chrétiens, des pratiques à peu près semblables, et des préceptes d’abstinence et de jeûnes pour se détacher de la terre, en s’élevant à Dieu.
Parce qu’il a fait son temps, parce que, en art, comme en tout, il n’est qu’action et réaction. « Si les erreurs du naturalisme proviennent plutôt des doctrines que des hommes qui l’ont incarné ? » Mais, pour moi, c’est la même chose… Les doctrines sont le reflet du tempérament des hommes, et, par conséquent, héritent de leurs défauts. […] De ceux que nous apprenons amoureusement, nous n’avons jamais songé à recevoir de doctrine pédagogique. […] — Y a-t-il d’autres écrivains contemporains qui, consciemment ou inconsciemment, se sont trouvés influencés dans leurs œuvres par les doctrines de la kabbale ? […] de milieux et de tournures du moyen âge, et autres détails, ne sauraient constituer une doctrine, l’entité mère d’un art.
Qu’est-ce donc que cette passion qui, devenue doctrine, a fait des adeptes dominateurs, cette institution non écrite qui a formé une caste si hautaine ? […] Je me retirai conquis par tant de noblesse et de douceur, subjugué par cette force spirituelle, à qui la force physique sert, pour ainsi dire, de symbole, comme pour illustrer encore la vraie doctrine et la confirmer par un nouvel argument. […] La fameuse doctrine de l’indissolubilité du Beau, du Vrai et du Bien est une invention de la philosophaillerie moderne (étrange contagion, qui fait qu’en définissant la folie on en parle le jargon !). […] Qu’il serait curieux de raconter dans un livre impartial les sentiments, les doctrines, la vie extérieure, la vie intime, les modes et les mœurs de la jeunesse sous le règne de Louis-Philippe ! […] Il faut revenir aux vraies doctrines, obscurcies un instant par l’infâme Galiléen.
Des travaux nombreux, plusieurs tout récents, lui ont été consacrés, qui lors même qu’ils s’efforcent de la réfuter, n’en ont pas moins pour effet de familiariser les lecteurs avec une doctrine désolante. […] Sa doctrine se résumait dans un livre intitulé : Αποκαρτερων (Apokarterôn), ce qu’on peut traduire ainsi : Le désespéré, ou bien : La mort volontaire. […] La date de cet ouvrage (1796), en nous reportant au souvenir des malheurs de notre patrie, pourrait atténuer dans quelque mesure la gravité de cette erreur, si Mme de Staël n’avait témoigné plus tard encore, dans l’Allemagne, une fâcheuse complaisance pour la doctrine du suicide. […] Mais si Schopenhauer a donné à la doctrine de Leopardi des développements inattendus, il est resté bien au-dessous de lui dans l’expression de la tristesse. Il n’a pas mis dans son œuvre l’accent personnel et convaincu qu’on observe dans celle du grand poète italien, et sa biographie nous apprend qu’il était loin de porter dans la vie les sombres idées auxquelles aboutit sa doctrine.
Voici plus de vingt ans qu’il poursuit sans relâche des études qui tendent à remettre en lumière les doctrines des penseurs musulmans de l’Espagne et à marquer leurs relations intimes avec celles des occidentaux ; puis à expliquer par ces doctrines la première renaissance de la scolastique au xiiie siècle ; enfin, à prouver les origines chrétiennes de la mystique musulmane. […] Or, depuis le ve siècle, l’Église les admettait immédiatement à la vision béatifique et jugeait hérétique la doctrine opposée. […] Dans le premier, ce sont les esprits animaux qui jouissent du bonheur ; dans le second, les âmes raisonnables. » Et au xiiie siècle, les théologiens chrétiens connaissaient un paradis musulman qui s’harmonisait aussi bien que le paradis dantesque à la doctrine chrétienne. […] Mais il est permis de constater que ses doctrines émancipatrices ont eu pour conséquence immédiate d’exiler du Parnasse français nombre de poètes charmants et de rétrécir la conception de la poésie. […] Ces hommes pervers étouffent les sentiments humains, dépravent les consciences, foulent aux pieds les libertés gallicanes, professent des doctrines meurtrières, et attentatoires à la sûreté des souverains.