Après l’amour, il n’y a plus rien dans la vie ; la terre semble ingrate et nue ; le ciel est voilé, parfois il s’entrouvre, et l’on espère y voir un signe de salut, y lire un mot mystérieux ; mais toujours quelque nuage obscurcit l’apparition, toujours quelque lettre manque au nom divin ; et voilà pourquoi l’âme du poète est triste, pourquoi son cœur change de place comme un malade dans son lit, pourquoi son inquiète pensée fuit et revient sans cesse, comme une colombe blessée, comme un oiseau de nuit, comme les hirondelles aux approches des tempêtes. […] qui sait si cette ombre où pâlit ta doctrine Est une décadence ou quelque nuit divine, Quelque nuage faux prêt à se déchirer, Où ta foi va monter et se transfigurer ?
Qui sait, après tout, ce que peut sentir, devant ce mystère de l’amour divin, celle qui a tant et si cruellement joué avec l’amour ? […] Si votre voix, novice encore et mal affermie, trompa votre pieuse ardeur, il fallait accepter cette mésaventure comme une épreuve envoyée par la divine Providence, et n’en pas concevoir un dépit où je crains qu’il n’y ait, hélas !
Les cieux seront pliés et emportés comme la tente d’un berger , que la parole divine subsistera toujours : ils seront réduits à l’état d’un manteau usé , que la parole éternelle sera encore la parole éternelle. […] Le peuple français est le premier des peuples de l’Europe qui ait admis le principe de l’indépendance mutuelle des institutions politiques et des institutions sociales, tout en demeurant dans la même croyance religieuse, tout en restant fidèle au droit divin et à celui de la légitimité, qui en est la suite.
Cela n’est plus de ces espèces de vins joyeux qu’il a si largement versés et sablés toute sa vie, ce sont les gouttes précieuses d’un Lacryma Christi poétique des plus rares, et qui mérite ce nom mélancolique ; car il verse au cœur moins l’ivresse qu’une divine mélancolie. […] Ce soupeur de la Maison-d’Or, qui s’enivrait de son esprit comme on s’enivre de la poudre, et qui le brûlait, comme la poudre, au milieu de toutes les furies et de tous les délires de cet esprit dont il abusait, retrouvait parfois, insensé superbe, même dans l’orgie, tout à coup, ce soupir de flûte que Monselet le viveur a aussi, cette note triste et irrésistible qui est pour moi la note fondamentale du poète… J’ai assisté quelquefois au triomphe de la note divine.
Il est des inspirations presque divines qui ne nous séparent jamais de la vertu, et qui sont entendues de tous les hommes. […] Ce livre, véritablement divin dans son but, plut infiniment aux esprits pieux et droits, qui l’adoptèrent avec une consciencieuse ivresse. […] Il faut l’entendre parler de cette religion, qui « seule a connu que nos passions infinies étaient d’institution divine. […] Cela eut un grand succès auprès de cette partie du public qui voulait croire au Dieu auteur et conservateur des choses, mais attaquait l’abus du nom divin. […] il n’y aurait d’intelligence suprême et de bonté divine précisément que là où nous sommes !
Et pourtant l’art est quelque chose ; la gloire a ses droits ; elle parle aussi à son heure, même aux plus négligentes de ces divines natures. […] C’est à lui, doué plus qu’aucun du don divin, de savoir et de vouloir enclore dans la forme durable ces grandes idées dégagées, de faire qu’elles vivent aux yeux, et qu’elles se terminent par des contours, et qu’elles se composent dans des ensembles qu’avoue l’éternelle Beauté. […] Des critiques ont remarqué qu’il n’est pas dans Homère une seule beauté mémorable que le divin vieillard ne répète, ne varie en trois ou quatre endroits, au risque souvent de l’affaiblir ; je ne sais s’ils ont conclu de là pour ou contre l’existence d’un Homère. […] M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires, a raconté, de son ancienne et pauvre vie en Angleterre, une attendrissante aventure, qui a pour objet une divine Charlotte, fille d’un ministre de campagne, d’un Révérend très-fort aussi en grec, comme ils le sont tous : le presbytère anglais encadré de ses fleurs, et avec toute sa précieuse netteté, y reluit dans une belle page. […] Nous avons Jocelyn aujourd’hui ; nous avons une révélation presque directe sur l’une des plus divines organisations de poëte qui aient été accordées au monde, sur une des plus nobles créatures.
Ses mains jointes sont tellement éloquentes par la pression des doigts contre les doigts et par les veines à travers lesquelles on voit circuler le sang brûlant de se répandre pour l’homme, son frère, que, lors même qu’on ne verrait ni le corps, ni les jambes, ni le buste, ni la tête divine, mais que ces mains seules sortiraient de l’ombre, le tableau aurait suffisamment parlé au cœur ; on aurait pleuré, on aurait compris que ces deux mains tendues par l’enthousiasme de l’agonie triomphante étaient assez fortes pour arracher l’aiguillon à la mort et le salut de l’humanité au ciel. — La passion de ces mains est égale à l’objet. […] Le spectateur ne sait pas ce qu’il éprouve, mais il éprouve quelque chose qu’il n’a jamais éprouvé, — la séparation de lui-même en deux parts : l’une qui s’unit à la prière divine, l’autre qui voudrait souffrir avec son grand prêtre et qui ne peut que l’admirer. […] moi, que deviendrais-je sans la prière, sans la foi, la pensée du ciel, sans cette pitié de la femme qui se tourne en amour, en amour divin ? […] Si on me disait : « Parlez sur l’Imitation », je prendrais ce livre presque divin et le lirais, car rien de ce que je pourrais dire ne vaudrait un de ces versets pleins de suc. — Il en est ainsi des pages de mademoiselle de Guérin ; ôtez quelques superstitions féminines et quelques petitesses enfantines de dévotion qui ne scandalisent pas, mais qui humilient l’intelligence et qui tiennent à l’éducation, à l’habitude, au séjour, à la fréquentation de quelques ecclésiastiques, tels que l’abbé de Lamennais et ses disciples, tout est naïf, sublime, divin sous sa plume ; on ne peut rien dire d’elle qui ne soit mille fois dépassé par les éjaculations solitaires de cette âme.