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1757. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Cela reviendrait à dire que tel discours de Mirabeau ou de Danton, improvisé dans une situation tragique, produisait moins d’effet esthétique sur l’auditeur qu’il n’en produit sur nous. […] Nous touchons ici au fait essentiel : la parole, par suite de l’excitation nerveuse, acquiert une force et un rythme appréciables ; un orateur, en s’échauffant, introduit par degrés dans son discours la mesure et le nombre qui manquaient au début : plus sa pensée devient puissante et riche, plus sa parole devient rythmée et musicale.

1758. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Ce fut le secret de l’intrigue ourdie avec Benjamin Constant et qui aboutit au discours que celui-ci prononça au Tribunat contre Bonaparte. […] De là vient en partie l’effet tout nouveau que nous produit le discours que nous venons d’entendre, si nous en prenons le texte pour le lire à part nous : lecteur isolé, nous le jugeons autrement que nous ne faisions lorsque nous étions mêlé à l’auditoire.

1759. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il raille, chaque fois qu’il en trouve l’occasion, ou qu’il la peut faire naître, « cette religion ratiocinante, toute de compromis entre le dogme et le sens commun, dont la dialectique et l’exégèse sont d’une si lamentable pauvreté, dont le culte glacial n’est qu’un interminable discours… débité d’une voix dolente, avec des gestes faux et des intonations pleurardes, cette religion qui ergote au lieu d’aimer. » Mais si tyranniques sont certaines attaches qu’on se flatte en vain de les avoir complètement brisées : nous restons pour la vie prisonniers de la religion qui a d’abord façonné nos âmes. […] Voici le petit discours que s’adresse un moribond, parlant à sa personne : « Déjà tes cellules sont prises d’assaut, déjà fourmillent les parasites victorieux, déjà tout est renversé au profit des myriades d’infiniment petits.

1760. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Sa voix s’enfla un peu jusqu’au ton du discours et il continua : — Le personnel littéraire aujourd’hui en place ne laissait pas assez vite accès aux jeunes gens qui, sortis de leurs cabinets (où ils sont les plus désintéressés des hommes), retrouvent, à se fréquenter, certaines ambitions (d’ailleurs des plus légitimes). […] Barrès avait débité tout ce discours très sérieusement. […] — J’ai été très surpris, me dit-il, d’avoir « le père Zola » vous tenir ses discours !

1761. (1885) L’Art romantique

De temps en temps retentissait dans l’air un grand vacarme de discours semblables à ceux du Portique, et les échos de la Maison-d’Or se mêlaient aux paradoxes innocents du palais législatif. […] Quand un déplorable académicien s’est avisé d’introduire, il y a quelques années, dans son discours de réception, une appréciation du génie de Shakspeare, qu’il appelait familièrement le vieux Williams, ou le bon Williams, — appréciation digne en vérité d’un concierge de la Comédie-Française, — j’ai senti en frissonnant le dommage que ce pédant sans orthographe allait faire à mon pays.

1762. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Le propre de l’orateur étant de croire invinciblement ce qu’il dit, à la différence des hommes du commun, qui disent ce qu’ils croient ; étant de faire une phrase d’abord et d’y adhérer ensuite, et de faire un discours et d’y attacher ensuite une croyance ; les magnifiques entraînements du tempérament oratoire chez un homme entêté lui donnent des entêtements successifs et des obstinations contradictoires.

1763. (1881) Le naturalisme au théatre

Elle n’agissait pas, elle gardait une majesté froide sur son trône, procédant par des discours et des récits ; lui, prit pour règle l’action, l’action outrée, sautant aux quatre coins de la scène, frappant à droite et à gauche, ne raisonnant et n’analysant plus, étalant sous les yeux du public l’horreur sanglante des dénouements. […] Est-ce que les discours interminables que l’on trouve dans Racine et dans Corneille sont de la synthèse ? […] Au dénoûment, Coq-Hardy fait un discours où il parle des Francs et des Gaulois.

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