Ainsi, dans l’espace de près de cinq cents ans, les lois, les mœurs, les arts, le gouvernement, la religion, le langage même, tout avait changé ; et dans le pays où César et Caton, Cicéron et Auguste avaient parlé aux maîtres du monde, en attestant souvent les dieux de l’empire et près de l’autel de la victoire, un Gaulois, chrétien et évêque, haranguait en langage barbare, un roi goth venu avec sa nation des bords du Pont-Euxin pour régner au Capitole.
Les pères de familles desquels devaient sortir les nations païennes, ayant passé de la vie bestiale à la vie humaine, gardèrent dans l’état de nature, où il n’existait encore d’autre gouvernement que celui des dieux, leur caractère originaire de férocité et de barbarie ; et conservèrent à la formation des premières aristocraties le souverain empire qu’ils avaient eu sur leurs femmes et leurs enfants dans l’état de nature.
Ce dieu n’avait après tout que le second empire ; et Jupiter lançait aussi la foudre sur l’Océan. […] Libre de ce troupeau de dieux ridicules, qui les bornaient de toutes parts, les bois se sont remplis d’une Divinité immense. […] Quelquefois il lui donnait le nom de Pan, et l’on sait que Pan était le dieu universel. […] Il me semble que les dieux ne doivent pas se montrer si clairement aux hommes : Homère met une barrière de nuages aux portes de l’Olympe. […] Que les dieux conjurés redoublent nos misères !
Des divinités plus timides contemplent à l’écart ce combat des dieux et des éléments. […] répondait-il ; mais c’est le dieu Pan qui fait la révolution. […] Non, le dieu Pan n’est pas mort ! […] Il parlait du dieu Pan comme du prisonnier de Sainte-Hélène. […] Ils en élèveront au dieu Crepitus.
Le paysan romain qui priait Jupiter, de faire pleuvoir, si le vent tourne dans le même moment et s’il pleut, a exercé sur la nature et sur les dieux une autorité prodigieuse. […] Bons ou mauvais, les dieux sont des animaux ou des hommes : des femmes, dans la religion civilisée. La notion d’un dieu qui n’est pas de forme et d’âme humaines est absurde, car un tel dieu serait inutile, puisque, hommes, nous ne pouvons converser qu’avec des hommes. […] A la veille de la Réforme, les dieux étaient à la veille de redevenir tout-puissants : Luther a fait triompher l’idée juive. […] Circumfusa super ; Lucrèce songeait à la mer, pourtant douce, de son Italie quand il décrivait le geste impérieux et câlin de la mère des dieux et des hommes.
ces rochers, ces monts, ces mers, ces cités, les dieux, les hommes, voilà mon poëme ! […] tout ce qui, aux yeux de Pline, accuse l’imprévoyance des dieux devient, sous la plume de son rival, une preuve irrévocable de leur sagesse ! […] Il est comme ce sauvage qui, voyant du feu pour la première fois, réjoui de sa chaleur et de sa lumière, s’en approcha pour le baiser ; mais en ayant été brûlé, il le maudissait, le priait, l’adorait, ne sachant si c’était un démon ou un dieu. […] Elle ignorait la nature du sentiment qu’elle avait pour lui ; était-ce un dieu qui lui apparaissait sur la terre dans une forme qui n’avait point d’âge et dont la chevelure blonde semblait parer l’immortalité ? […] Il avait adoré Paul et Virginie dans sa jeunesse, l’auteur lui paraissait comme un dieu de l’Inde inspiré par la nature, une voix des mers et des bois.
Si vous montez l’escalier sans marches du Vatican, comme une colline aplanie pour laisser les vieux pontifes monter sans perdre haleine au sanctuaire de leurs oracles ; si vous entrez dans la chapelle Sixtine pour contempler sur ses murs et sur ses voûtes le tableau du Jugement dernier, ce poëme dantesque du pinceau, peint par un géant, où l’imagination, le mouvement, l’expression, la forme, la couleur semblent défier la création par son image, et si vous demandez quelle main de Prométhée moderne a jeté derrière lui ces gouttes d’huile pour en faire des hommes, des anges, des démons, des dieux ? […] C’est que Michel-Ange lui-même était le prophète de la pierre ; dans un autre âge, cet homme aurait taillé des dieux. […] Ses débris, comme ceux des pyramides, de Thèbes, de Palmyre ou de Balbek, feront encore la stupeur de l’homme qui ose incarner ainsi ses dieux.