On voit qu’il était pour eux un de ces hommes qui, semblables aux dieux cachés, font peu d’œuvres, mais rendent beaucoup d’oracles. […] Enfin Goethe abjure, dans son omnipotence, toutes les crédulités du vulgaire, et cherche sa divinité universelle dans la divinité individuelle de tout ce qui vit dans la nature ; son dieu, c’est la vie ; la vie, c’est son dieu. […] Mais Goethe accomplit toutes ces phases de sa poésie et de sa philosophie indienne avec la majesté d’un dieu de l’Inde, Schiller avec la faiblesse et l’embarras d’un homme qui marche sur les pas d’un dieu. […] Privé d’espoir, l’homme cède à la force des dieux, et regarde, frappé de stupeur, son œuvre s’abîmer. […] Les dieux s’en vont, mais les moqueurs restent ; la littérature du sarcasme remplace la littérature du génie.
demande le dieu d’Amour. […] Le dieu ordonne l’attaque du château. […] L’armée du dieu d’Amour donne alors l’assaut. […] Mais les assiégés sont les plus forts, et le dieu d’Amour envoie demander du secours à sa mère. […] Le dieu, non sans s’être fait prier longtemps, le tire d’un écrin et le lui rend.
Homère, pour les grecs, était dieu ; il avait des prêtres, les Homérides. […] Et une voix dit : « Les rois « et les juges ont dans l’âme des dieux de fiente. […] Il fait son cheval pontife, comme plus tard Néron fera son singe dieu. […] Le ventre dieu, c’est Silène ; le ventre empereur, c’est Vitellius ; le ventre animal, c’est le porc. […] Il arrive comme le Silène de Plaute, et lui aussi peut dire : Je suis le dieu monté sur un âne.
Sarpédon, voulant entraîner son ami Glaucus avec lui, et l’exhortant à faire tête en avant, lui tient un langage aussi naturel qu’élevé : « Nous sommes honorés dans la Lycie, lui dit-il, comme des rois, comme des dieux ; nous y avons, à ce titre, de riches domaines ; nous tenons la première place aux festins et ailleurs. […] Sur les sommets sublimes, ils se sentent trop près du ciel pour être écrasés par sa grandeur ; baignés dans l’éther calme, nourris de la fraîche rosée des montagnes, entourés de nuages d’or, ils vivent avec les Dieux. […] Les problèmes en art, en science, en industrie, en tout ce qui est de la guerre ou de la paix, se posent pour nous tout autrement : nous avons l’étendue, la multitude, l’océan, tous les océans devant nous, des nations vastes, le genre humain tout entier : nous sondons l’infini du ciel ; nous avons la clef des choses, nous avons Descartes, et Newton, et Laplace ; nous avons nos calculs et nos méthodes, nos instruments en tout genre, poudre à canon, lunettes, vapeur, analyse chimique, électricité : Prométhée n’a cessé de marcher et de dérober les dieux. […] Par exemple, dans une odelette galante intitulée les Parisiennes : Jupin croyait, quand il nous eut pétris, Donner aux dieux leurs plus belles étrennes ; Il dut rougir quand l’Amour et les Ris Eurent formé les Parisiennes. […] Psyché parut, plus brillante et plus belle ; L’Amour la vit, l’Amour brûla pour elle : L’Amour, bientôt, la mit au rang des dieux… C’est ce même rimailleur soi-disant classique qui, dans une pièce critique et satirique de 1825, qu’il s’est bien gardé de perdre et qu’il a tenu à conserver, débutait par ces mots : Et j’ai dit dans mon cœur : « Notre ami Lamartine Définitivement a le timbre fêlé… » Et ce sont les auteurs de pareilles inepties et platitudes qui se mêlent de juger à première vue les plus délicats d’entre les poètes de l’Éolie et de l’Ionie !
Vous ne concevez pas comment on peut s’ennuyer entre les bras d’une déesse ; c’est que vous n’êtes pas un dieu. […] Le dieu regarde et sourit. […] Que la poitrine du dieu est chaude et vigoureuse !
« — Mais les dieux ne sont-ils pas justes aussi ? […] « — L’homme injuste sera donc l’ennemi des dieux, et le juste en sera l’ami. […] Platon flétrit ensuite Homère, pour avoir donné aux dieux des passions humaines. […] Il n’admet dans sa République que des hymnes en l’honneur des dieux ; toutes les œuvres d’agrément sont proscrites. […] La question pour le vrai Socrate, c’étaient les dieux, ce n’étaient pas les lois.
Dans l’un des chœurs, au moment où Hémon sort désespéré et furieux contre son père, et va rejoindre sa fiancée Antigone, déjà condamnée, la troupe des Thébains entonne naturellement un hymne à l’Amour, à l’invincible Amour qui règne sur toutes choses et à l’abri duquel n’est aucun des dieux ni des mortels ; et celui qui l’a au cœur est insensé. […] , Qui prends, qu’on rie ou bien qu’on pleure, Lançant tes traits sans savoir où, Les dieux à jamais, l’homme une heure ! […] Cette démence sacrée, cette sainte fureur qui saisit les hommes ou les dieux et qu’exprime le mot μέμηνεν, se change en ce terme burlesque de fou qui tombe à la fin du vers, comme dans cette ballade du fou de Tolède, de Victor Hugo, où du moins l’effet est à sa place.