Cette erreur est devenue scandaleuse par la vanité des Égyptiens et des Grecs, qui, à les en croire, ont répandu la civilisation dans le monde. […] Plus les secondes s’élèvent aux généralités, plus elles approchent du vrai ; les premières au contraire deviennent plus certaines (c’est-à-dire qu’elles peignent plus fidèlement), à proportion qu’elles descendent dans les particularités. […] Étendez à tous les Gentils, le passage suivant où Eusèbe parle des seuls Égyptiens, il devient précieux : Originairement la théologie des Égyptiens ne fut autre chose qu’une histoire mêlée de fables ; les âges suivants qui rougissaient de ces fables, leur supposèrent peu à peu une signification mystique. […] Les hommes aiment d’abord à sortir de sujétion et désirent l’égalité ; voilà les plébéiens dans les républiques aristocratiques, qui finissent par devenir des gouvernements populaires. […] Ensuite les plébéiens étant devenus nombreux et aguerris, les nobles se soumirent, comme les plébéiens, aux lois et aux charges publiques ; voilà les nobles dans les démocraties.
Vous êtes ceux-là mêmes qui, dès demain, aurez pour office et ministère spécial de veiller à la tradition, à la transmission des belles-lettres classiques et humaines, de les interpréter continuellement à chaque génération nouvelle de la jeunesse ; je me vois chargé, pour ma part, — avec une bienveillance qui m’honore et dont je rends grâce à qui de droit, — sous les yeux d’un directeur ami70, — à côté de tant d’excellents maîtres dont on voudrait avoir été, ou dont on aimerait à devenir le disciple, — je me vois, dis-je, chargé de vous préparer à ces dignes et sérieuses fonctions. […] Il s’est vu des classiques qui se sont amollis à la seconde génération, qui sont devenus sédentaires et casaniers : ils ont fait comme le fils de Charles Quint, l’empereur qui avait le plus voyagé, comme ce Philippe II qui ne bougeait plus de son Escurial. […] Les papiers Conrart et autres papiers plus ou moins lisiblement écrits (et ces papiers Conrart sont d’une très belle écriture), sont devenus une mine de gloire. […] Loin de moi, encore une fois, de vouloir diminuer l’estime due à un mouvement d’investigation qui est devenue général, et qui, sous l’apparence un peu confuse et poudreuse d’un grand inventaire, tend à renouveler, à rafraîchir peut-être, dans un temps futur, la surface de l’histoire littéraire (quoique la littérature ait moins, je crois, à y gagner que l’histoire) ! […] Mais soyez tranquilles sur le résultat : toutes celles de ces admirations qui sont bien fondées, et si lui-même, lecteur, en son âme secrète, n’est pas devenu, dans l’intervalle, moins digne d’admirer le Beau, toutes ou presque toutes gagneront et s’accroîtront à cette revue sincère : les vraiment belles choses paraissent de plus en plus telles en avançant dans la vie et à proportion qu’on a plus comparé.
M. de Balzac n’est ainsi devenu célèbre que depuis quatre années. […] quels furent ses débuts littéraires, et les tâtonnements multipliés et infructueux dont ses anciens amis nous parlent tant depuis qu’il est devenu célèbre ? […] L’auteur y rajeunit à la moderne un sujet usé ; il n’échappe pourtant pas toujours à des plaisanteries devenues vulgaires. […] La plupart de ses commencements sont à ravir ; mais ses fins d’histoire107 dégénèrent ou deviennent excessives. […] M. de Balzac semble croire qu’il n’y a qu’un pas entre le goût de l’alchimie et les leçons de Lavoisier, tandis qu’il y a un abîme ; c’est comme si l’on devenait astrologue après avoir été disciple de Laplace.
Bayle alla continuer ses études à Genève en 1670, et il y devint précepteur, d’abord chez M. de Normandie, syndic de la république, et ensuite chez le comte de Dhona, seigneur de Coppet. […] Aussi pressens-je que, quand même je pourrois rencontrer dans la suite quelque emploi à grand loisir, je ne deviendrais jamais profond. […] Il ne devint véritablement auteur que par sa Lettre sur les Comètes (1682). […] Or, comme on sait, Rarement à courir le monde On devient plus homme de bien ; rarement du moins, on devient plus croyant, plus occupé du but invisible. […] On n’était pourtant pas loin du temps où certains grands offraient au spirituel railleur Guy Patin un louis d’or sous son assiette, chaque fois qu’il voudrait venir dîner chez eux ; On se serait arraché Bayle s’il avait voulu, car il était devenu, du fond de son cabinet, une espèce de roi des beaux esprits.
Comme le sentiment de la résistance est invariablement accompagné de sensations tactiles, du contact de notre peau avec quelque objet, il en résulte, en vertu de la loi d’association inséparable, que les sensations de contact et de résistance deviennent indissolublement liées. […] Par l’association, nos sensations de toucher sont devenues représentatives des sensations de résistance, avec lesquelles elles coexistent habituellement ; comme les diverses nuances de couleurs et les sensations musculaires, qui accompagnent les divers mouvements de l’œil, deviennent représentatifs des sensations de toucher et de locomotion. […] C’est parce que nous ne concevons pas que rien devienne quelque chose, que nous demandons toujours la cause de tout effet, c’est-à-dire ce dont l’effet tire son existence et n’est qu’une transformation. […] En vertu de la loi d’association, c’est-à-dire d’une loi d’habitude mentale, les actions de la première espèce étant associées constamment dans l’expérience et dans la pensée, avec ce qui produit le bonheur, deviennent elles-mêmes un objet d’approbation : les actions contraires étant associées constamment, dans l’expérience et dans la pensée, avec ce qui détruit le bonheur, deviennent un objet de condamnation. » Par suite le sens moral serait un sentiment acquis, non primitif, dont un exemple grossier, disent les Utilitaires, peut suffisamment expliquer le mode de formation. […] Il y a eu, ajoute Herbert Spencer (et ceci s’expliquera plus tard par sa doctrine générale), et il y a encore dans la race certaines intuitions fondamentales, qui sont le résultat d’expériences graduellement organisées et héritées, mais qui sont devenues inconscientes.
Les Ecrits philosophiques se sont si fort multipliés de nos jours, la Philosophie ou l'Incrédulité est tellement devenue à la mode parmi nous, que la seule maniere aujourd'hui d'écrire avec fruit pour la Religion, est de chercher à diminuer, à détruire, s'il est possible, l'autorité que les prétendus Philosophes ont acquise sur l'opinion publique. […] Seroit-ce enfin cette supériorité d’intelligence, qui ne veut rien voir au dessus d’elle, qui soumet tout à ses recherches, qui dégrade ce qu’elle ne peut concevoir, & qui finit par ne rien admettre, parce que tout devient problématique à son tribunal ? […] Et peut-on appeler un frein avilissant, ce qui devient le préservatif de ses chutes & le principe de sa solide élévation ? […] L’onction de son langage a d’abord commencé par amollir les cœurs féroces, & ces êtres auparavant dépourvus d’humanité, ont d’abord commencé par devenir Hommes avant d’être Chrétiens. […] Qu’ils cessent enfin d’être ce qu’ils sont, & la Religion qu’ils déchirent, deviendra le préservatif de leurs doutes, le spécifique de leurs erreurs, le frein de leurs passions, la matiere de leur culte, l’objet de leur amour, & la source de leur bonheur.
Mais savez-vous que ce Breton perverti devient presque odieux, lorsqu’il se pose en victime de la capitale ? […] Devenu riche, il veut jouir : le voilà pris du goût des scandales et des plaisirs de haut vol. […] Bernard deviendra l’associé commanditaire de la maison Fourchambault, il va mettre la main à son gouvernail affolé, la redresser, la remettre à flot. […] Elle suffirait à l’éloigner d’un mariage devenu suspect. […] Madame Bernard peut se rassurer, celle qui va devenir sa fille a assez souffert, elle l’aimera comme lui.