/ 2081
315. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

« L’estomac, — dit-elle, précédant Broussais, qui tout à l’heure va naître, — l’estomac est le centre de l’univers et le siège de la destinée. » Elle avait trouvé dans le sien cette doctrine. […] Son incurable ennui ne venait pas non plus des pauvretés de sa destinée.

316. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Son visage fut le meilleur de sa destinée. […] Tout, et non pas seulement dans son âme, mais dans sa destinée.

317. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Il n’a aucune conclusion arrêtée et ferme dans l’esprit sur les grands problèmes de la destinée spirituelle. […] Comparez cela à la destinée de Vauvenargues, pauvre, malade, défiguré, presque aveugle, mourant à trente-et-un ans, criblé de petites dettes, grandes comme des trous de crible ; espèce de Job qui manquait jusque de fumier !

318. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Il n’y a que la Philosophie, la victime habituelle des idées fausses, qui puisse être victime à ce point des sentiments faux et qui soit destinée à confondre l’affection et la mauvaise rhétorique avec l’expression des cœurs vrais ! […] un autre aurait été plus doux pour mon cœur, celui de votre CONCUBINE et de votre fille de joie, espérant que bornée à ce rôle, j’entraverais moins vos glorieuses destinées. » On a vu dans ce dernier mot une abnégation à la sainte Térèse, quelque chose qui, déplacé de l’ordre divin dans le désordre humain, rappelait le cri sublime de la religieuse espagnole : « Quand vous me damneriez, Seigneur, je vous aimerais encore, même en enfer ! 

319. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

L’écrivain de l’Internelle Consolacion, qui a partagé la destinée de l’auteur de l’Imitation (l’anonyme convenant comme le silence de leur règle à ces hommes humbles qui ne vivaient, comme disent les saintes Chroniques, que sur la montagne de l’éternité, in monte æternitatis), l’écrivain ignoré de l’Internelle Consolation ne s’est point attaché à la glèbe du mot à mot de son auteur. […] Malgré le succès qui s’est attaché à l’entreprise de M. de Lamennais comme s’il était de la destinée de l’Imitation, ce livre heureux, de créer des succès à ces traducteurs eux-mêmes, combien n’avons-nous pas souffert de voir le génie éclatant et sombre de l’auteur de l’Indifférence se débattre dans un genre de travail si antipathique à sa nature !

320. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

« Prenez acte de ceci, — a-t-il dit à ses amis, — que je meurs en libre penseur », c’est-à-dire sans souci de Dieu, de l’âme et de sa destinée. […] Ces facultés, en effet, ont le double caractère qui atteste la médiocrité foncière d’un esprit destiné à périr ; elles manquent de sincérité, et elles ont produit des choses trop vite populaires.

321. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

L’honnêteté de son origine, un vote au lieu d’un attentat, une loi au lieu d’une épée au 18 brumaire, et toute la destinée de l’Europe, de la France et de l’homme, était changée. […] C’est évidemment un poème populaire destiné à faire des Alpes franchies sans obstacles un piédestal dans les nuages à son héros. […] Thiers trouve dans la coïncidence de destinée l’occasion d’un de ces parallèles de Plutarque qui sont le reflet d’un caractère sur l’autre et qui les expliquent tous les deux. […] Pitt avait eu la plus brillante destinée de son siècle, après celle du grand Frédéric. […] Pitt essuyait à cette époque, Napoléon devait l’essuyer plus tard, et avec une grandeur d’injustice et de passion proportionnée à la grandeur de son génie et de sa destinée.

/ 2081