Cependant les passions étaient surexcitées au dernier degré, et les haines religieuses, dès qu’on les attise, sont promptes. […] On tira parti à Turin de leur division ; on était aux dernières limites de l’atermoiement en face de Louis XIV ; on supposa, pour couper court, que l’émigration était chose décidée, et un édit fut rendu en conséquence le 9 avril. […] Les ambassadeurs suisses firent alors un dernier et suprême effort de médiation ; dans une lettre des plus pressantes qui fut lue en chaire par toutes les paroisses vaudoises, ils disaient81 : « Nous avons vu que vous avez beaucoup de peine à vous résoudre de quitter votre patrie, qui vous est d’autant plus chère que vos ancêtres l’ont possédée par plusieurs siècles et défendue valeureusement avec la perte de leur sang ; que vous vous confiez que Dieu, qui les a soutenus plusieurs fois, vous assistera aussi et que vous appréhendez même qu’une déclaration pour la sortie ne soit qu’un piège pour vous surprendre et accabler : nous vous dirons pour réponse que nous convenons avec vous que la loi qui oblige à quitter une chère patrie est fort dure ; vous avouerez que celle qui oblige à quitter l’Éternel et son culte est encore plus rude, et que de pouvoir faire le choix de l’un avec l’autre est un bonheur qui, en France, est refusé à des personnes de haute naissance et d’un éminent mérite, et qui s’estimeraient heureuses si elles pouvaient préférer une retraite à l’idolâtrie. » Quelle tache et quelle honte pour la France de Louis le Grand qu’une atroce injustice comme celle-ci trouve presque à se glorifier et à s’absoudre par l’exemple d’une injustice plus abominable encore, dont elle offrait alors au monde l’odieux et parfait modèle ! […] Par égard pour les conseillers amis, et comme concession dernière, il fut demandé qu’on n’imposât pas du moins un temps déterminé pour la vente des maisons et des terres ; cette idée d’un répit qu’on ne proposait, du reste, que pour la forme, et sans aucune espérance, ne fut pas même discutée à Turin. […] » La guerre était décidée ; Catinat, qui n’a que son objet en vue, qui n’a d’yeux que par Louis XIV et par Louvois, s’en réjouit ; il écrivait, dès le 14 avril : « Toutes les allées et venues des ambassadeurs suisses n’ont point eu de succès ; le prince ne les écoute plus que pour leur dire que sa volonté paraît par son dernier édit.
Ce goût n’est pas chose absolument nouvelle en littérature ; il s’est déjà rencontré dans des sociétés d’une culture raffinée, au temps de Théocrite, au temps de Virgile, chez nous au siècle dernier ; mais il est certainement plus fort et plus profond aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été. […] Cette idée est mieux entrée en nous, que l’homme n’est que l’effort dernier, l’épanouissement de la Vie totale. […] L’humanité finirait ainsi à peu près comme elle a commencé : les derniers hommes seraient, comme les premiers, des hommes des bois, mais plus instruits et plus subtils que les membres de l’Institut d’aujourd’hui, et aussi beaucoup plus philosophes. […] Les lettrés élégants du siècle dernier aimaient les paysans à la façon de citadins : ils en faisaient des peintures enjolivées et convenues, goûtaient surtout la « naïveté » des « villageois » à cause du contraste qu’elle fait avec la « corruption des villes ». […] Je laisse même de côté des figures vivantes, mais d’une invention facile, telles que la fermière Rose Chandoux, la terrible mère qui veut faire un notaire de son fils, et Geneviève Bourgeois, la vieille fille héroïque, gardienne jalouse de la terre familiale, dont la vie n’est qu’un amer et silencieux sacrifice aux derniers du nom, et qui meurt sur ce cri : « Il n’y a plus de Cassoire !
Littré vous en préférez une autre, qui, vous le supposez, aurait ici « un dernier refuge ». […] Souvent, nous aimons à être l’asile des vaincus ; la cause qui aurait chez nous son dernier refuge pourrait donc être assez malade. […] Dans ses dernières années, il vit la forme de gouvernement pour laquelle il avait toujours combattu devenir une réalité. […] Les dernières années de notre éminent confrère furent remplies par de cruelles souffrances. […] Le premier, c’est le progrès continu de la laïcité, c’est-à-dire de l’État neutre entre les religions, tolérant pour tous les cultes et forçant l’Église à lui obéir en ce point capital ; le second, c’est la confirmation incessante que le ciel scientifique reçoit de toutes les découvertes, sans que le ciel théologique obtienne rien qui en étaye la structure chancelante. » « Je me résigne, ajoute-t-il, aux lois inexorables de la nature… La philosophie positive, qui m’a tant secouru depuis trente ans, et qui, me donnant un idéal, la soif du meilleur, la vue de l’histoire et le souci de l’humanité, m’a préservé d’être un simple négateur, m’accompagne fidèlement en ces dernières épreuves.
Cependant, les faits pris ensemble tendent à montrer que les organismes les plus hétérogènes se sont produits les derniers. […] 3° Tandis que les derniers éléments vivants du corps individuel sont le plus souvent fixés dans leur position relative, ceux de l’organisme social peuvent changer de place ; les citoyens peuvent aller et venir à leur gré pour gérer leurs affaires. […] « De là ce fait que toute science exacte est réductible, en dernière analyse, à des résultats mesurés en unités égales d’étendue linéaire. » Quant à cette idée de mesure par juxtaposition, elle nous est suggérée par l’expérience. […] Avec quelque succès que nous puissions réduire l’équation à ses derniers termes, nous ne serons pas pour cela en état de déterminer l’inconnue : au contraire, il n’en devient que plus évident que cette inconnue ne pourra jamais être trouvée. […] Il découvre ainsi que les choses internes et externes sont également insondables dans leur genèse et leur nature dernière.
On y voit Napoléon hésiter jusqu’au dernier moment, changer d’avis, ne s’ouvrir tout entier à personne, ne découvrir que des coins de vérité à ses plus intimes agents, vouloir être éclairé et sembler en même temps le craindre. […] Génie si positif pourtant dans le détail, son idéal, pour dernier terme, sortait hors du possible. Son dernier mot, quand il l’articulait, tenait peut-être autant et plus du poète que du politique. […] En histoire, sa méthode rappellerait plutôt, chez les anciens, celle de Polybe ; guerre, administration, finances, il embrasse tout, il expose tout, comme il l’a étudié, avec précision, continuité, et sans lâcher prise jusqu’au dernier détail. […] Mais, pour l’ordre civil, pour l’administration, pour la guerre, il a poussé l’exposition au dernier degré d’éclaircissement et d’évidence où elle peut aller.
S’il fallait nommer à distance, parmi les membres de cette grande Assemblée, l’orateur qui la représenterait le plus fidèlement depuis le premier jusqu’au dernier jour, dans sa continuité et sa tenue d’esprit, dans sa capacité, dans son éclat, dans ses fautes, dans son intégrité aussi et dans l’œuvre de sa majorité saine, ce ne serait ni Mirabeau, trop grand, trop corrompu, enlevé trop tôt, qu’on devrait choisir, ni Maury, le Mirabeau de la minorité, ni La Fayette, trop peu éloquent, ni d’autres ; ce serait, pour l’ensemble de qualités qui expriment le mieux la physionomie de l’Assemblée constituante, ce jeune député du Dauphiné, Barnave. […] Le vent du midi soufflait ; toute la journée il agita les arbres sous les fenêtres et abattit les dernières feuilles de l’année. Comme ce vent du midi, qui souffle et abat les dernières feuilles, est amené ici par une harmonie délicate et sensible ! […] Ses jugements sur les derniers actes de l’Assemblée constituante sont d’une grande sagesse. […] En finissant, il n’a pas l’air de croire avec bien de la certitude à la persistance de la pensée au-delà de cette vie : Mes bonnes amies, l’espoir que vous parviendrez à une existence heureuse embellira mes derniers moments, il remplira mon cœur.
Je n’ai pas eu cette bonne fortune, quoique j’aie tout fait pour la rencontrer à son heure et à sa place ; mais Dieu, le maître du premier jour, est le maître aussi du dernier. […] Il savait qu’aucun homme n’est au-dessus de la nature et que la raison elle-même veut qu’on s’attriste et qu’on gémisse quand on s’approche du dernier mystère et qu’on est près d’entrer dans le grand inconnu d’une autre vie. […] Ce livre est le commentaire des premiers livres sacrés, écrit dans les dernières années de sa vie par Confucius. […] Le glaive qu’il a à la main le blesse dès qu’il le porte à faux, et tout l’éclat de sa couronne ne doit pas coûter un soupir au dernier de ses sujets. […] Qu’on nous permette de transcrire ici un de ces entretiens du souverain avec la nation, qui précéda l’abdication d’un des derniers et des plus vertueux empereurs qui aient illustré l’histoire de la Chine.