/ 2448
369. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

J’ai omis plus d’un détail odieux de la vie du Cid, détails que l’on doit surtout, il est vrai, aux historiens arabes, mais que la chronique espagnole a enregistrés. […] Trois cents chevaliers, emmenez-les tous avec vous ; et à l’entrée de Zamora, seigneur, donnez-les-moi. » Un bien menu détail et assez curieux : ces trois cents amis de don Diègue et de Rodrigue se retrouvent en mainte autre circonstance dans les poèmes du Cid, et le chiffre a traversé la légende. […] Damas-Hinard une édition critique et une traduction française, est tout autre chose que la Chronique : c’est une œuvre de talent, une œuvre suivie et soutenue, naïve et forte, souvent admirable de détail ; on sent un poète dans le jongleur et le chanteur.

370. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Détails biographiques. […] Détails biographiques. […] Mais ce premier principe demeure comme le fond de la réforme religieuse ; et quand on y regarde de près, on reconnaît dans toutes les institutions de détail du protestantisme cette mise en suspicion des œuvres. […] Il faut comprendre dans ce mot la science des rapports de l’homme avec Dieu dans la religion, de l’homme avec son semblable dans la société chrétienne ; l’étude des sources mêmes de cette science, les livres saints, pénétrés par le plus subtil des docteurs, et interprétés par le plus clair des écrivains ; tant d’explications si hautes de la parole de Dieu, de ses prophètes, de la doctrine des Pères ; toute l’antiquité chrétienne rendue familière à tout le monde, dans son histoire que Calvin raconte avec un détail plein d’intérêt, dans sa morale dont il sonde la profondeur ; enfin, la suite de l’histoire de l’Église, d’après les autorités, toujours bien connues, lors même qu’elles sont interprétées faussement ; et toutes ces critiques, souvent éloquentes, toujours vives et précises, des abus de l’Église d’alors, que Calvin étale sans charité, mais qu’il sait exagérer sans déclamation.

371. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Personne ne nous instruit plus à fond ni avec plus d’agrément que Montesquieu du détail des institutions et des maximes qui donnèrent à Rome l’empire du monde. […] Pour connaître le détail d’exécution de la grandeur romaine, il faut lire Montesquieu ; pour en connaître l’âme, il faut lire Bossuet. […] Le même d’Alembert, au dire de qui les obscurités de ce livre sont « des vérités importantes voilées pour ceux qu’elles auraient pu blesser, mais claires pour les sages », estime que le désordre n’y est qu’apparent, et qu’aux yeux de ces mêmes sages, l’ordre « qui se fait apercevoir dans les grandes parties de l’Esprit des lois ne règne pas moins dans les détails. Au risque de n’être pas compté parmi les sages, je confesse n’avoir vu l’ordre ni dans les détails ni dans les grandes parties.

372. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

L’épisode des amours avec Sophie, qui ont été le grand éclat et le grand scandale de la jeunesse de Mirabeau, est traité dans ces Mémoires avec des détails nouveaux et une extrême précision. […] Il lui demandait à elle-même de lui envoyer là-dessus des notes, des mémoires, dont il ferait ses délices : « Écris-les avec détail, tendresse et naïveté, disait-il ; fais pour mon usage une petite récapitulation des dates, des principaux événements de nos amours (à la fois si heureux et si infortunés), depuis que je te connais. » Il rédigea et ordonna ensuite tout cela en quelques Dialogues qu’on a jusqu’au sixième, lequel est resté interrompu. […] Les détails de ce qui me reste à vous dire pourraient m’entraîner loin. […] Le marquis n’eut pas l’ombre d’un soupçon : il le plaignit, il discuta tous les détails de son récit, et me laissa dans l’admiration, etc., etc., etc.

373. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Ce qui fait la grâce et la naïveté en ces sortes de fables, c’est quand, tout en représentant quelque vice humain, les animaux restent un peu eux-mêmes, c’est quand il y a, de la part du poète, des instants de confusion et d’oubli, et que d’heureux détails, d’une vraisemblance naturelle, viennent ôter à l’ensemble ce qu’une allégorie trop constante y introduirait de minutieux et de tendu. […] … » Nos fabulistes épiques du Moyen Âge, dont quelques-uns sans doute allaient en récitant, comme les rapsodes, par les villages et les bourgs, n’ont jamais de ces mouvements touchants ou élevés ; mais ils entendent la fable en elle-même et la développent souvent avec une grâce, une invention et une fertilité de détail, avec un riant d’expression qui serait encore aujourd’hui d’un vif agrément s’ils ne tombaient pas tout aussitôt dans la prolixité. En ce sens seulement, et pour le détail heureux, ils n’ont pas à craindre la comparaison avec La Fontaine.

374. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Quoi qu’il en soit, ce dilettante brillant et incrédule dut à quelque chose de fier et de hardi qu’il avait dans l’imagination, et qui tenait sans doute à ses origines méridionales, d’être le premier chez nous à parler dignement de Dante, et même de le juger très finement sur des beautés de détail et d’exécution qui semblaient être du ressort des seuls Italiens : Il faut surtout varier ses inversions, disait-il en pensant au travail imposé aux traducteurs ; le Dante dessine quelquefois l’attitude de ses personnages par la coupe de ses phrases ; il a des brusqueries de style qui produisent de grands effets ; et souvent, dans la peinture de ses supplices, il emploie une fatigue de mots qui rend merveilleusement celle des tourmentés. — Quand il est beau, disait-il encore, rien ne lui est comparable. […] Aujourd’hui en France, l’étude critique de La Divine Comédie, inépuisable dans le détail, est fixée quant à l’ensemble et a comme donné son dernier mot. […] Mesnard aurait désiré, sur sa traduction, un plus grand nombre de ces remarques de détail : c’est la convenance seule, et je dirai, la politesse qui m’a empêché de les multiplier de peur de paraître déprécier un travail dont l’ensemble est satisfaisant et dont l’intention avant tout est recommandable.

375. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Gandar, qui arrive aux mêmes conclusions, n’y est conduit en quelque sorte qu’à regret ; il s’applique à excuser Ronsard de son illusion, tournée si vite en défaillance, et il cherche çà et là dans cette Franciade trop insignifiante, que le poète n’a pas même osé écrire en vers alexandrins, quelques passages heureux, quelques détails pittoresques. […] Dans le détail je le trouve plus approchant de Virgile, ou, pour mieux dire, d’Homère, que pas un des poètes que nous connaissons ; et je ne doute point que, s’il fût né dans un temps où la langue eût été plus achevée et plus réglée, il n’eût pour ce détail emporté l’avantage sur tous ceux qui font ou feront jamais des vers en notre langue.

/ 2448