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176. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Marmontel, qui juge quelquefois sainement des grands Maîtres, dit, en parlant de Lafontaine, que nous n’avons pas de Poëte plus riant, plus fécond, plus varié, plus gracieux, & plus SUBLIME ; il recommande la lecture de ses Fables aux jeunes Poëtes, pour en étudier la versification & le style ; où les Pédans, ajoute-t-il, n’ont su relever que des négligences, & dont les beautés ravissent les hommes de l’Art les plus exercés & les hommes de goût les plus délicats * . […] Quelles qu’aient été leurs idées, les Fables de ce Poëte si délicat & si naïf seront toujours des chef-d’œuvres.

177. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

D’un art autrement délicat et difficile, est la notation, des paysages, des musiques et des états d’âmes un peu subtils. […] En effet, je peux répéter exactement — de l’assonance interne — ce que j’ai dit de l’assonance finale, savoir : qu’au moyen des combinaisons d’assonances il n’est pas une sensation, pas un sentiment, pas une idée qu’on ne puisse rendre dans ses nuances les plus délicates.

178. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont, nous déplorions le travail funeste que les philosophies modernes ou les idées politiques du jour pratiquaient jusque sur les airains les plus solides en fait de génie, et nous en montrions le ravage ; mais quelle ne doit pas être cette influence quand elle s’exerce sur des esprits plus délicats que forts, comme celui de M.  […] Hégésippe Moreau, le Villon solitaire de cette époque impie, ce truand qui est quelquefois délicat comme une jouvencelle, ne serait point compté dans l’histoire littéraire, s’il ne s’était pas affranchi de la politique et de l’imitation de Béranger, qui furent sa double balbutie, par quelques pièces, éternelles et humaines, d’un accent profond comme la misère, la convoitise et la faim !

179. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Sans compter les deux illustres que nous venons de nommer, vous pourrez encore y apprécier de nobles ouvrages de Guérin et de Girodet, ces maîtres hautains et délicats, ces fiers continuateurs de David, le fier Cimabué du genre dit classique, et de ravissants morceaux de Prud’hon, ce frère en romantisme d’André Chénier. […] C’est un charmant tableau qui a l’air, comme Hélène et Pâris, de vouloir jalouser les peintures délicates et rêveuses de Guérin.

180. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Étranger aux couleurs et à leur emploi, Fauriel ne l’était pas à un certain dessin correct, délicat et patient. […] l’imagination avec lui retrouvera son jour ; âme non moins ardente que délicate, elle ne le laissa jamais. […] On peut conjecturer seulement qu’il y eut là pour l’amitié une épreuve assez délicate à traverser. […] On se retrempa dans des entretiens à fond sur tous les sujets sérieux et délicats qui occupaient alors l’élite des esprits. […] L’homme de goût, l’homme délicat et sensible se retrouvait jusque dans l’érudit en quête du fond et dans l’investigateur des mœurs simples.

181. (1925) Portraits et souvenirs

Quant à Mallarmé, qui était d’esprit plus délicat et plus retenu que Verlaine, il n’avait point pour esquiver le métier qu’il exerçait de pareilles ressources. […] Non, le délicat médaillon que Lucien Muhlfed s’est sculpté dans les mémoires n’a jamais cessé d’être, par des mains chères et pieuses et par de vigilantes amitiés, paré de fraîches guirlandes. […] Elle y a pris une part adroite et délicate. […] Elle y est dessinée avec des nuances de psychologie très subtile et très délicate, avec tendresse, si l’on peut dire, dans les phases successives de son existence de femme. […] Rien n’est plus délicat à sentir et à définir que la valeur exacte d’une œuvre dramatique.

182. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Bientôt de savants chanteurs en formèrent-ils des poèmes plus parfaits pour de plus délicates oreilles ? […] Que de fastueux chefs-d’œuvre, çà et là, que de délicats chefs-d’œuvre presque partout ! […] Mais pas un de ces poètes, charmants, délicats, subtils, magnifiques aussi, ne fut en effet un poète véritablement français. […] le délicat génie a polissonné sur un trop célèbre Sopha. […] Mais à l’élégance, à l’esprit, à l’intimité délicate du charme, Alfred de Vigny ajoute un bel air de hauteur et la gravité de la pensée.

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