La plupart de ces Ouvrages péchent par le choix du sujet, les autres par le plan ou l’exécution, tous par le défaut de naturel & de simplicité. […] Il est encore fâcheux que cette Muse pétillante & légere paroisse gâtée par le commerce des Actrices : trop de complaisance à parler d’elles, à en affecter le langage, est un défaut qui la dépare aux yeux de la bonne compagnie, & est très-propre à lui enlever bien des approbateurs.
Seroit-il permis d’ajouter, que peu de Littérateurs ont eu le coup-d’œil plus juste pour découvrir les défauts d’un Livre, le tact plus fin pour en sentir les négligences & les beautés, qu’il a été long-temps le seul des Journalistes qui relevoit les fautes de langage aujourd’hui si communes, & qui, en matiere de style, ait su plus finement distinguer le simple du bas, le naturel du recherché, le sublime de l’enflure, le vrai du faux ? […] Il a eu beau dire que le goût & la gloire des Lettres étoient intéressés à cette sévérité ; que les défauts des Auteurs célebres sont beaucoup plus dangereux que ceux des Auteurs médiocres, qu’on n’est jamais tenté de prendre pour modeles ; qu’il est essentiel d’arrêter les usurpations des Tyrans littéraires, qui abusent de leur réputation pour renverser les Loix & faire respecter jusqu’à leurs écarts : de pareilles raisons ne sauroient justifier ces attentats toujours impardonnables, si on fait attention aux génies qu’ils attaquent.
Pour tenir tête à Villon, Charles d’Orléans a un premier défaut : il est trop clair, et il n’y a pas moyen de lui prêter plus qu’il n’a. […] Les guerres civiles survenant avaient coupé encore une fois le train des choses et mis la tradition en défaut. […] Par je ne sais quel secret défaut de l’imagination ou du cœur, il nous laisse froids, même là où il a le mieux réussi. […] Chez Voltaire, les œuvres font défaut souvent ; mais tant que la personne est là, là aussi est le poète. […] La tradition, même si courte, a déjà fait défaut.
Le dix-huitième siècle, dans sa critique littéraire, a ce défaut, abominable à mes yeux, de vouloir que l’on soit toujours guindé. […] Je vous ai dit que ce livre a contribué infiniment à remettre La Fontaine dans les préoccupations littéraires, dans les préoccupations intellectuelles de tout son temps, et à cause de cela, et parce qu’il contient beaucoup de vérités, il faut s’incliner très bas devant ce grand livre de la jeunesse de Taine, malgré le défaut que j’ai indiqué et qui consiste en ce qu’il considère trop exclusivement La Fontaine comme un moraliste satirique. […] L’homme qui est doué comme un grand romantique, et qui est doué, d’autre part, comme un grand réaliste, s’il a le sentiment de la vérité, c’est-à-dire de la mesure, s’il n’est pas exagéreur, s’il a toutes les qualités du romantique sans en avoir les défauts, s’il a toutes les qualités du réaliste sans en avoir les imperfections, sera un classique. […] Le défaut de la réalité, si le réel peut avoir un défaut, le défaut de la réalité, c’est de ne pas se présenter par grandes masses, au gré de notre goût et de notre esprit, c’est de se présenter toujours d’une façon fragmentaire, toujours dans un détail minutieux et qui paraît dispersé et dissipé. Si ce défaut de la réalité, le poète, l’écrivain l’exagère encore, il est exagéreur dans un sens, comme le romantique l’est dans un autre Le classique sera donc l’homme qui, doué de toutes les qualités littéraires, aussi bien de celles qu’on a appelées romantiques que de celles qu’on a appelées réalistes, a, de plus, le sentiment de la vérité, le sentiment de la mesure ; et le sentiment de la vérité, c’est-à-dire de la mesure, c’est ce que l’on a appelé le goût.
Défauts de notre civilisation bourgeoise, nécessaires et justifiés. […] Défauts de l’enseignement supérieur en France. […] Défaut de la critique du XVIIe siècle.
Ce lynx de texte, qui déchiquetait si bien en détail les livres de ce temps, se fît myope, plus que myope pour les défauts et les débilités de l’auteur ! […] Le grand défaut, le seul défaut capital peut-être de l’ouvrage de M. l’abbé Gorini, qui l’empêchera d’être lu et goûté du public, nous l’avons signalé au commencement de ce chapitre, c’est de n’être pas un livre ayant son commencement, son milieu, sa fin, son organisme et son art.
Un critique d’art, dont le défaut n’est pas l’enthousiasme, a nommé dernièrement Doré un monstre de génie, dans le sens de prodige. […] Les qualités de sa manière y brillent autant que jamais, et les défauts aussi, disent les connaisseurs, c’est-à-dire l’incorrection dans le dessin à force de vouloir sortir du convenu et conquérir l’effet à tout prix, le sacrifice de la personne ou du groupe à la masse ; car Doré est bien plus le dessinateur de la masse et le peintre des foules que le peintre de la personnalité. […] Ainsi la Jézabel jetée aux chiens et culbutée par la fenêtre, la Chute d’Antiochus, les Machabées, etc., etc. ; et surtout, ce qui est plus que tout cela dans le propre génie de Doré, les grandes mêlées, les foules écrasées ou défaites : le Passage de la mer Rouge, par exemple ; l’armée des Amorrhêens détruite par une grêle de pierres, quoique (grand défaut !)