C’est un défaut pour l’histoire, laquelle, dans sa simplicité et sa force, ne comporte guère ce genre de malice couverte et d’épigramme. […] Un autre défaut chez M. Bazin historien ou biographe, un défaut qui ne laisse pas d’impatienter les lecteurs francs qui n’entendent rien à toutes ces ruses, c’est qu’il ne cite jamais ses sources ni ses auteurs, lui qui en fait un usage si scrupuleux pourtant, si exact et si fait pour défier la confrontation. […] Je résumerai le défaut littéraire de la manière historique de M. […] Malgré ces défauts que je ne cherche pas à dissimuler, et quoiqu’elle reste assez difficile à lire dans toute sa continuité pour les esprits qui ne sont pas très sérieux et attentifs, l’Histoire de M.
Le grand moraliste La Rochefoucauld a défini la gravité de certaines gens, « un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l’esprit ». Et, en effet, la plupart des personnages qui ont cette gravité apparente redoutent à bon droit la familiarité ; ils craignent, en se laissant approcher de trop près, qu’on ne les tâte, pour ainsi dire, au défaut de la cuirasse, et qu’on ne sente par où ils fléchissent. […] Sa seule prétention, en ce qu’il écrit, c’est que, somme toute, la vérité surnagera même à la passion, et que, sauf tel ou tel endroit où la nature en lui est en défaut, le tissu même de ses Mémoires rendra témoignage de sincérité et de franchise dans son ensemble. […] Il n’a pas la discrétion de la ligne, et en cela l’artiste en lui fait défaut. […] On ne s’aperçoit déjà que trop, et, si je poussais plus loin les citations dans la suite et le développement des scènes, on s’apercevrait de plus en plus que l’auteur ne se contient pas ; il déborde : c’est là son défaut.
La variabilité des formes spécifiques est gouvernée par un certain nombre de lois très complexes : c’est d’abord la corrélation de croissance ; c’est l’usage ou le défaut d’exercice des organes ; c’est aussi l’action directe des conditions physiques de la vie. […] À l’égard des variétés, comme à l’égard des espèces, l’usage ou le défaut d’exercice des organes semble avoir eu quelque influence. […] Le défaut d’exercice, quelquefois aidé par la sélection naturelle, tend souvent à réduire les proportions d’un organe que le changement des habitudes ou des conditions de vie a peu à peu rendu inutile. […] Mais le défaut d’exercice des organes, de même que la sélection, n’agit sur les individus que lorsqu’ils sont parvenus à maturité, c’est-à-dire à l’époque où ils sont appelés à jouer tout leur rôle dans la concurrence vitale, et n’a au contraire que peu d’action sur les organes des jeunes sujets. […] Un champ d’observation immense et à peine foulé nous sera ouvert dans les causes et les lois de variabilité et de corrélation de croissance, dans les effets de l’usage ou du défaut d’exercice des organes, dans l’action directe des conditions extérieures et ainsi de suite.
Il y a quelques lacunes, sans doute, dans ces volumes : au nombre des correspondants les plus habituels et les plus intimes de Mme Récamier, Mme de Staël fait défaut ; elle brille par son absence. […] Mon grand défaut, c’est de n’être enivré de rien ; je serais meilleur, si je pouvais prendre à quelque chose. […] Au fond, trop poète toujours pour la politique, il est désormais trop homme d’État et trop politique pour la retraite, pour l’innocent et studieux loisir du poète : il porte en lui l’inconciliable. — Lorsqu’il est renvoyé du ministère, en cette crise violente et décisive qui déchira en deux sa vie de royaliste, ses lettres à Mme Récamier manquent et font défaut ; elles n’ont pas été retrouvées, nous dit-on, avec les autres papiers ; elles devaient renfermer trop d’éclats de colère et de haine vengeresse, ce qui sans doute les aura fait dès longtemps supprimer. […] Il est fâcheux que les défauts de sa manière se marquent trop avec les années, et je regrette qu’on nous ait donné, dans la dernière moitié du second volume, un trop grand nombre de ces pages qui sont des certificats de décadence.
En général, la légèreté de touche fait défaut en plus d’un endroit. […] Avec les avantages et les richesses de l’école moderne, les défauts s’y marquent. […] Ces vers qui, en somme, rendent plusieurs des qualités éminentes de la poésie moderne et n’en ont que les défauts modérés ; ces vers qui, bien que venus tard, se rattachent au beau moment de l’école, à son berceau même, et nous reportent à bien des années en deçà, nous sont une occasion peut-être assez naturelle d’en repasser d’un coup d’œil toute la carrière. […] Le côté par où ces deux derniers avaient fait défaut est précisément celui où l’on a repris l’avantage.
Cependant, peut-être parce qu’il est pessimiste et par une réaction inconsciente de ce qu’il sent vivre en lui, M. de Régnier prête parfois à ses poèmes l’héroïque splendeur qui faisait défaut aux choses aperçues. […] L’image le tente moins exclusivement ; chez lui elle est souvent inattendue et même nouvelle, mais elle a quelquefois le défaut de ne pas grandir le vers. […] Sa gloire est de l’avoir apportée, — ou presque — dans nos lettres ; son défaut fut qu’elle l’admit quasi exclusivement et faillit ainsi lier la Poésie à une seule forme de l’art. […] Les autres, épris du geste, vont plus « de l’avant », même un peu trop, et, si l’on devait à l’instar des anciens considérer la génération contemporaine comme une École, ce schisme très réel en serait le défaut.
Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire. […] Dans le livre il en est tout autrement ; de telles pages, et il n’en manque pas, rachètent certainement bien des défauts, et elles trahissent un talent avec lequel on peut être sévère.