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258. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

J’étais en train d’écrire, que je craignais la réponse de la censure, quand on m’apporte une dépêche d’Ajalbert, m’annonçant que La Fille Élisa était interdite : « Vraiment dans la vie, je ne suis pas l’homme des choses qui réussissent !  […] Je trouvais Daudet triste, très triste, et il me disait que tant qu’il a eu des jambes, tant qu’il pouvait aller, marcher, quoi qu’il pût craindre, il y avait chez lui une tranquillité d’esprit, parce qu’il tenait si peu à sa peau… mais que maintenant, il se sentait mal à l’aise moralement, inquiet, tourmenté par l’idée de ne plus se sentir le défenseur de sa maison, le protecteur des siens. […] Il a craint l’effet de certains chapitres qui ne paraîtraient pas assez patriotiques, il a craint l’ennui d’une description de bataille ayant deux cents pages, il a craint la diminution de la vente du volume par la publicité du feuilleton, et il a traité avec la Vie populaire. […] Les amours des chats étant extérieurs ne leur tombent pas sous la vue, tandis qu’on craint que la grossesse, la mise bas, la maternité des chattes, puissent éveiller la curiosité de l’amour chez ces femmes. […] Auscultation des plus complètes, où il me dit qu’il y a dans le dos, bien des petites choses à droite, bien des petites choses à gauche, pas tout à fait satisfaisantes, mais que les poumons sont en bon état, et qu’il n’y a pas à craindre une fluxion de poitrine.

259. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Rigal nous parle des « préoccupations artistiques » de Hardy, je crains qu’à son tour il n’exagère. Je crains surtout qu’il ne confonde les temps. […] Je crains en effet qu’ils ne se moquent également de nous, de Pascal, et de la religion. […] « Je ne vous reproche pas de craindre les juges, disait-il ; mais de ne craindre que les juges, et non pas le juge des juges. […] C’est ce lien que je ne vois pas dans l’Esprit des lois ; et je crains qu’il n’y soit point.

260. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 283-284

Il n’a pas craint, dans ses Considérations sur les Révolutions des Arts, de donner la préférence au Siecle de Louis XV, sur celui de Louis XIV.

261. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mon petit village va se réformer sur ce point, parce qu’il craint de me faire de la peine. […] Son dernier silence était un pressentiment qu’elle voulait ne communiquer à personne, tant elle craignait d’être la cause d’une affliction.

262. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Pour nous, qui ne connoissons que ces deux intérêts en matiere de Littérature, nous ne craignons pas d’assurer que cet Ouvrage est non seulement un Poëme, mais encore un des plus beaux Poëmes épiques qui aient été faits. […] Rousseau n’est qu’un Poëte de sons & de beaux mots2 ; que Bossuet n’est qu’un déclamateur3 ; quand on ne craint pas de désigner mal-adroitement son siecle par les noms de Diderot, de d’Alembert, de Marmontel, de Delisle & de S.

263. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Ainsi Desfontaines avoit à craindre de voir son travail de plusieurs années perdu, si les idées du président Bouhier avoient lieu. […] « Ce qui me fait le plus craindre, écrivoit le président Bouhier à son adversaire, c’est le parallèle de votre excellence traduction de Virgile, dont vous venez de nous donner quelques échantillons, avec ma foible poësie. » Celui-ci répondit à ces choses obligeantes par d’autres aussi flatteuses pour le président.

264. (1757) Réflexions sur le goût

Mais l’envie de se distinguer fronde les opinions dans la théorie, et l’amour-propre qui craint d’échouer les ménage dans la pratique. […] Ajoutons qu’il n’est point à craindre que la discussion et l’analyse émoussent le sentiment ou refroidissent le génie dans ceux qui posséderont d’ailleurs ces précieux dons de la nature.

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