La cour enfonce dans les esprits l’idée qu’un dévot est un habile homme : sinon, il ne serait qu’un niais. […] La royauté, capricieuse et faible avec Louis XV, bonasse et inintelligente avec Louis XVI, adorée à de courts moments, et trompant toujours les espérances d’où jaillissait l’adoration, rejetant les esprits tour à tour dans la haine et dans le mépris, apparaissant comme égoïste ou confisquée par les égoïsmes de cour, cesse d’être une force dans la nation.
… Tout cela est incontesté aujourd’hui et demain sera incontestable, et nous le laisserons à qui fait la cour à la gloire en lui faisant écho, pour prendre seulement un détail de ces lettres, un détail entre mille, parce que ce détail donne à leur publication une spécialité de saveur morale et une nuance de beauté littéraire que nous n’avons jamais trouvées à un égal degré dans les autres Correspondances de Joseph de Maistre, et sur lequel, pour cette raison même, nous demandons la permission d’insister. […] Que dire de cette véritable déportation de Joseph de Maistre, dans une cour où ce supplicié de par son maître ne se débattait pas, ne criait pas, mais restait digne et doux, — un de ces doux à qui, disent les livres saints, la terre appartient, — et qui, en attendant la terre qu’il n’eut jamais, du reste, eut au moins l’estime et la faveur d’Alexandre, d’Alexandre qui avait pénétré quel homme c’était que ce Joseph de Maistre, et qui, par des procédés de grande âme, le vengea souvent des sécheresses et des ingratitudes de son roi !
Ami des philosophes pythagoriciens et des arts de la Sicile, attiré par un despote corrompu à cette cour de Syracuse où, un siècle auparavant, Pindare avait été l’hôte favori d’un roi généreux, Platon aimait les hautes pensées et la majesté religieuse du grand lyrique thébain. […] Dans les fêtes de sa cour, il affectait de proposer des prix aux poëtes, aux maîtres du luth ou de la lyre ; mais rarement il admit d’autres jeux ; et, parmi les cruautés de son règne, il fit mourir un athlète, dont le seul crime était d’avoir terrassé en public, par son agile vigueur et sans armes, un Macédonien tout armé.
LAMBERT, [Anne-Thérese de Marguenat de Courcelles, Marquise de] né en 1647, mort à Paris en 1733 ; une des Femmes qui a fait le plus d’honneur, par son esprit & ses connoissances, à la Cour de Madame la Duchesse du Maine.
Nostradamus vient, paroît à la Cour ; il y est comblé d’honneurs & de bienfaits ; ensuite il s’en retourne jouir, dans sa solitude, des fruits de la crédulité publique, dont il dut souvent rire en lui-même.
Pour le morceau où l’on voit l’intérieur d’une cour de village ; cela est si faible, si uni, si léché, qu’on croirait que c’est une copie.
Il y avait les classes distinctes, les gens de cour, les gens de guerre, les gens d’Église, les savants d’Université, et les lettrés ou poètes en langue vulgaire : on ne se mêlait pas encore en un seul public. […] Malherbe, ni plus ni moins, a rempli sa mission à son heure : « Grammairien-poète, ai-je dit moi-même autrefois, sa tâche, avant tout, était de réparer et de monter, en artiste habile, l’instrument dont Corneille devait tirer des accords sublimes, et Racine des accords mélodieux. » Il ne vint à Paris et à la Cour qu’en 1605. […] Jusqu’à la mort de ce roi économe il n’aurait eu à la Cour qu’une existence assez précaire, une pension de mille livres du duc de Bellegarde (le Grand-Écuyer), avec la table, si la mort de son père ne l’eût mis en possession de son héritage. […] Ce docteur en langue vulgaire avait accoutumé de dire que, depuis tant d’années, il travaillait à dégasconner la Cour, et qu’il n’en pouvait venir à bout. […] Il était en cour l’arbitre juré du langage ; on ne consultait que lui.