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447. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Ainsi la plus faible circonstance influe sur le sort de tous les illustres navigateurs, et le mystère du cœur humain se dévoile, en quelques vers, au chagrin passager qui surmonte la force d’Alcide, dont l’âme soutint les plus redoutables coups de la fortune. […] « Et de quel feu divin cette prose animée « S’échappe en vers nombreux tout à coup transformée ? […] Ils ne se distingueront plus de la phrase du prosateur dont ils n’auront pas la facile éloquence, et dès lors l’égalité de leur scandaison syllabique fera le supplice de l’oreille, à tout coup heurtée de leur chute dissonante. […] Et ce coup de pinceau, fremit ore cruento . […] Dans un autre combat, l’auteur compare la rapidité des coups d’escrime entre deux adversaires à un brillant effet physique.

448. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Rythme pour rythme : on sent les coups, on les entend. […] Et le malheureux poète redouble les coups d’encensoir. […] C’est le coup de griffe du lion. […] Comme le coup de hache de Vulcain, selon la Fable, fit sortir du cerveau de Jupiter Pallas armée, étincelante, ainsi les grands poètes, à coups de style, font sortir de la tête du Peuple sa pensée revêtue d’une armure immortelle. […] Quelle série de coups surprenants !

449. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

La chute de l’Empire fut tout à coup une renaissance des lettres, de l’éloquence, de la poésie, des tribunes, du journalisme. […] Il éclata tout à coup sur les hauteurs de Thonon et d’Évian : il souleva en quelques minutes sur le lac des lames plus courtes, mais aussi creuses et aussi écumantes que celles de l’Océan. […] Les grèves d’Écosse, terre d’Ossian, n’ont pas plus de mélodies dans leurs vagues que ses vers ; et son Moïse a des coups de ciseau du Moïse de Michel-Ange. […] Il ne frappait pas les grands coups, mais il en frappait une multitude de petits avec lesquels il brisait les ministères, les majorités et les trônes. […] … qu’il soit mutilé à coups de croc !

450. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

C’est le vice du genre, et c’est en même temps sa trop grande facilité ; le refrain remplace le coup de massue que doit frapper l’ode à la fin de la strophe. […] Certes les saccades de gouvernail données par Charles X à sa politique et le coup d’État des ordonnances contre la Charte furent l’occasion trop légitime offerte aux oppositions pour renverser ce trône dans le sang ; mais on a dit avec raison que les chansons de Béranger ont été les cartouches du peuple pendant le combat des trois journées de Juillet. […] Cette lettre de Béranger sur les Girondins me rappela tout à coup une lettre de M. de Talleyrand sur les Méditations poétiques, lettre plus étonnante encore et plus littérairement prophétique. […] Elle n’était ni tout à fait sincère, ni tout à fait complaisante ; elle n’était qu’une boutade philosophique à travers l’infini des idées, un coup de plume qui cherche aventure dans l’inconnu. […] … Béranger, pour ces ouvriers, pour ces soldats, pour cette bourgeoisie française, n’était réellement plus un homme ; c’était un ménétrier national dont chaque coup d’archet avait pour cordes les cœurs de trente millions d’hommes exaltés ou attendris.

451. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Mais, encore un coup, il n’avait pas vingt-neuf ans, et si mourir jeune est beau pour un poëte, s’il y a dans les premiers chants nés du cœur quelque chose d’une fois trouvé et comme d’irrésistible qui suffit par aventure à forcer les temps et à perpétuer la mémoire, il n’en est pas de même du prosateur et de l’érudit. […] pour le coup, il y a le témoignage universel, la tradition consacrée. […] Des fonctions si nouvelles le rejetèrent à l’instant dans l’étude de l’antiquité ; et comme il ne faisait rien à demi, comme il portait en toute veine son insatiable besoin de recherches et de lectures complètes, il devint en très-peu de temps un érudit classique des plus distingués ; mais s’étonnera-t-on que la vie se consume à cette succession rapide de coups de collier imprévus, à ces entrées en campagne avant l’heure et à ces marches forcées de l’intelligence ? […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi. […] Celle-ci par exemple : «  Il avait fallu répondre à la Ligue par de gros livres, comme le De Regno de Barclay ; il suffit au contraire, pour désarçonner la Fronde, des plaisanteries érudites de Naudé dans le Mascurat . » Le gros pamphlet de Naudé put être utile à Mazarin auprès de quelques hommes de cabinet et de quelques esprits réfléchis ; mais si la Fronde n’avait jamais reçu d’autre coup de lance, elle aurait tenu longtemps la campagne. — La plume de l’auteur, en ce passage et dans quelques autres, a couru plus vite que la pensée 229.

452. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Cet esprit poétique s’était embarrassé, de gaieté de cœur et jusqu’à épuisement, dans une forme artificielle, dans un labyrinthe de subtilités d’où il avait toutes les peines du monde à se tirer, et d’où il ne se tirait même pas, s’il n’avait reçu un heurt violent et un vigoureux coup de coude venu d’ailleurs. […] Pour remettre les choses de l’esprit, dans notre idiome vulgaire, en digne et haute posture, il était besoin d’un sursaut, d’un assaut, d’un coup de main vaillant dont Marot et ses amis n’étaient pas capables, d’un coup de collier vigoureux ; car c’est ainsi que j’envisage, c’est par ces termes expressifs que j’aime à caractériser la Poétique de Du Bellay et de Ronsard, Poétique toute de circonstance, mais qui fut d’une extrême utilité. […] Je crois qu’un Malherbe était nécessaire, quoique Régnier s’en soit très-bien passé ; je crois qu’il était urgent qu’un nouveau chef d’école redonnât un coup d’archet décisif, et marquât sévèrement la mesure. […] des vers charmants), de bonnes tirades, une veine riche, une sève courante, mais aussi bien des solutions de continuité, bien des inégalités, bien des troubles de diction ; après quelque chose de neuf et de vif, il rentre tout à coup dans le lieu commun, dans la copie des Anciens ; il divague. […] Tout coup porte ; ce sont à tout moment des vers nés proverbes, et qui, s’ils ne l’étaient déjà, le sont aussitôt devenus ; le texte en est semé.

453. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

— Mon brave frère Hilario, m’a-t-il répliqué très sérieusement alors, c’est qu’on ne se sert de ce drôle de Nicolas del Calamayo que quand on a un mauvais coup de justice à faire ou une mauvaise cause à justifier par de mauvais moyens. […] il craignait sans doute de nous informer trop tôt de la condamnation sans remède de Hyeronimo ; mais chaque heure de silence nous paraissait le coup de la mort pour tous les quatre ! […] ce fut un beau moment, ma tante, que celui où, du haut de ma chambre, dans ma tour, j’entendis le bargello conduire lui-même le forgeron au cachot, et où les coups de marteau qui descellaient les fers du prisonnier retentirent dans le cloître et jusqu’à ma fenêtre. […] N’est-ce pas pour l’amour de moi que tu as saisi le tromblon à la muraille et tiré ce mauvais coup pour venger mon sang sur ces brigands ? […] Dès demain, il faut achever de scier un barreau de fer de la lucarne derrière l’autel de la chapelle des prisonniers, de manière à ce qu’il ne tienne plus en place que par un fil, et laisser la lime à côté, pour qu’un coup ou deux de lime lui permette de le faire tomber en dehors dans le verger de la prison, et qu’à l’aide de l’égout qui ouvre dans ce verger, au pied de la lucarne, et qui traverse les fortifications de la ville, Hyeronimo se trouve hors des murs, libre dans la campagne… Et toi, pourquoi ne le suivrais-tu pas ?

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