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436. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Le maintien ne serait quelque chose de nouveau que si l’intensité qui le produit sortait tout d’un coup du néant. […] Renouvier et avec Lotze ; une représentation ou une passion qui devient tout d’un coup plus intense ou moins intense, sans que la raison s’en trouve dans une relation antérieure avec les autres représentations et passions ou avec l’état de notre moi. […] Si je me persuade qu’il dépend de moi de réaliser un idéal que je conçois, j’acquiers du même coup un commencement de force pour le réaliser. […] Du même coup, elle enlève de leur force à toutes les idées adverses, elle produit un effet d’arrêt sur les mouvements contraires à sa direction propre. […] Tout ce qui est ou subconscient ou inconscient est en dehors de la liberté vraie : tout ce qui n’est pas d’une transparence absolue pour soi retombe du coup dans les impulsions aveugles, qui sont le contraire de la liberté.

437. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Quand les hommes forts de notre race ont paru dans la foule, quand Victor Hugo, Lamartine, Auguste Barbier, Alfred de Vigny, Balzac ont parlé, il s’est fait tout à coup un grand silence autour d’eux ; on a recueilli religieusement chacune de leurs paroles, on a battu des mains, et, d’un seul élan, on les a placés si haut que nul encore de nos jours n’a pu les atteindre. […] On n’entend rien que la roue qui chante en battant la rivière, que les coups profonds du marteau et le sifflement aigu de sa chute. […] Tout cela vaut bien les forges de Vulcain, les cyclopes difformes avec leur œil au milieu du front ; cela vaut bien les fers de lance, les casques, les boucliers, les foudres et autres vieilleries inutiles qu’on tapait à coups de merlin chez l’époux chagrin de la blonde Vénus. […] Resterons-nous comme d’impassibles spectateurs, commodément assis derrière la barrière et jugeant les coups, sans nous jeter, en gens de cœur, à travers la bataille ? Imiterons-nous cet ex-philosophe qui eut de la célébrité sous la restauration et un ministère sous le roi Louis-Philippe, et qui, comme Panurge, n’aimant pas les coups, lesquels il craint naturellement, se tient prudemment à l’écart sans oser se mêler au combat ?

438. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

(Fragments extraits à coups de ciseaux de la Revue de Paris, etc.) […] Le réalisme est une pesante charrette dont l’automédon cherche en vain à sortir, à coups de fouet, de la pénible ornière où il est embourbé. […] Champfleury, non moins hardi, appelle son premier coup de canon. […] L’Enterrement à Ornans, ce premier coup de canon tiré par M.  […] L’Atelier du peintre est le dernier coup de canon de M. 

439. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

que va-t-il m’arriver à ce dernier coup ? […] quels coups Vincent lui assène ! […] C’est pour le coup qu’il fallait relire Homère. […] Tout à coup il se précipite sur un cavalier qui le blesse et fuit rapidement à l’autre bout. […] Tout à coup les rues se vident, — et l’on ne voit plus que des pieds levés.

440. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Quelquefois, le paisseau était remplacé par un fusil, jeté sur l’épaule, et sans carnassière et sans chien, je le voyais tout à coup mettre en joue quelque chose, que ma vue de myope m’empêchait de distinguer : c’était un lièvre, que son coup de fusil roulait, et qu’il me donnait à porter. […] Il était à cheval, aux côtés de l’empereur, sur une éminence, au moment, où la canonnade était effroyable, quand tout à coup, l’empereur lui dit : « Larrey, votre cheval est tué. » Il descendait, et voyait à son cheval, un grand trou au poitrail, d’où jaillissait une fontaine de sang. […] Le directeur s’éprenait de lui, et l’invitait quelquefois à dîner, et le retenait à causer, à regarder des images et des bibelots, si bien que tout à coup, ses yeux regardant la pendule, il s’écriait : « Ah vraiment, je vous ai fait rester trop tard, vous ne trouverez plus d’omnibus !  […] Le silence montant avec l’ombre dans le parc, qui n’a plus de lumières rasantes qu’en haut de la feuillée, et rien au loin dans les champs, que le coup de fouet lointain d’un paysan, rentrant avec sa charrette. […] Une salle, où l’on doit jouer samedi, et qui semble demander encore un mois de travail, une salle, où il y a partout des brasero allumés, pour sécher la salle, où l’on commence à poser les rideaux des loges, où Porel, pour qu’on entende les acteurs, est obligé de crier : « Deux minutes sans coups de marteau ! 

441. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Tel est l’effet magique de ces petits chefs-d’œuvre venus à leur moment : ils sont comme un miroir où chacun se reconnaît et apprend, pour ainsi dire, à se nommer ; on se fût cherché sans cela vaguement, bien longtemps encore, sans se bien comprendre ; mais voilà qu’on se regarde à l’improviste dans un autre, dans le grand artiste de la génération dont on est, et l’on s’écrie tout à coup : C’est moi, c’est bien moi ! […] Le petit livre de René garde l’honneur d’avoir, le premier, et du premier coup, trouvé une expression nette et précise à ce qui semblait indéfinissable ; il a même donné cette expression tellement noble, flatteuse et séduisante, qu’il a pu sembler dangereux à son heure.

442. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

Exemple : « Plus j’acquiers l’expérience de la nature humaine, plus je pénètre ses profondeurs, plus je suis convaincu… » (vous vous attendez à recevoir un coup ?) […] Et tout à coup il ajoute : « Cependant, quelque féroce que soit le caractère des naturels, rétive leur disposition et bestiale leur façon de vivre, il n’en est pas qui ne décèlent des germes de progrès (vous n’aviez pas prévu cette conclusion !)

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